Verdict
Dire que ce test n'a pas été un long fleuve tranquille est un doux euphémisme. Nous sommes malheureusement en partie responsables de ce fait et nous aurions dû nous rappeler du proverbe "le mieux est l'ennemi du bien". En effet, nous avions bouclé l'évolution logicielle pour mener à bien nos tests début octobre et allions attaquer les longues heures de benchmarks nécessaires en amont de la réception des samples de test des nouveaux CPU. Puis, Microsoft lança la version 24H2 de Windows 11 et compte tenu de tout ce qui a pu être annoncé sur les apports de cette révision et la promesse d'un meilleur ordonnanceur tirant partie des spécificités des Ryzen 9000, nous avons franchi le pas et migré le protocole à la suite de la publication de la preview du premier récapitulatif des mises à jour pour ce dernier. Si nous étions frileux au départ, échaudés par des années de tests, le fait d'enchaîner les références sans souci majeur nous a conforté dans ce choix.
Nous n'avons finalement eu a déplorer qu'un 7950X3D capricieux, du fait justement d'un problème d'ordonnanceur qui ne parquait pas correctement les cœurs en jeu, finalement résolu en suivant pas à pas la procédure fourni par AMD. Et puis, Arrow Lake arriva enfin sur notre table de benchs et avec lui les comportements chaotiques décrits tout au long de ce dossier. Malheureusement, piégés par le fait que nous avions déjà testés tous les processeurs sous 24H2 et que le temps nécessaire à la reprise de ces derniers étaient insuffisant (sans compter l'absence de certaines références en cours de rotation chez d'autres rédactions), nous avons du mener tant bien que mal les tests jusqu'au bout. Cette longue tirade n'a pas pour but de générer en vous une quelconque empathie (enfin vous pouvez si vous le souhaitez !) , mais bien vous alerter quant aux risques liés à des adoptions précoces et parfois les mauvaises surprises qui les accompagnent !
Alors que penser de ces processeurs Intel Core Ultra 200S ? Il y a deux façon d'aborder la question, soit voir le verre à moitié vide, à savoir une gamme qui se montre un peu moins performante que la précédente en jeu et qui ne transcende pas non plus les performances en production, sans compter les soucis liés à Windows 11 24H2 (qui devraient être résolus rapidement, tout du moins nous l'espérons). Mais il y a aussi le côté positif derrière ce lancement : une efficience en progrès notable, des puces y compris les plus haut de gamme, bien plus "domesticables" avec un refroidisseur à air (certes de très bonne facture). Des performances productives en progrès et des performances ludiques certes moindres dans les conditions de limitation CPU que nous mesurons, mais loin d'être ridicules dans l'absolu pour autant.
Surtout, Intel a été capable de délivrer une solution multi-die, stratégique pour la rentabilité à terme de la société, et ce sans la surconsommation au repos qui touche l'alternative concurrente. Alors tout n'est pas parfait, puisque la latence d'accès à la mémoire est mesurée moins bonne que sur les Ryzen 9000. Ce point couplé à des fréquences en berne lors d'une utilisation intermédiaire des cœurs, expliquant probablement le léger recul ludique. La carte graphique sera probablement limitante bien avant votre processeur, ce qui permet de relativiser ce point, qui ne changera rien à l'expérience de jeu pour la plupart. Néanmoins, pour un usage majoritairement ludique, il est difficile de considérer les nouveaux venus comme réussis et donc préférables à d'autres options. On notera aussi que malgré l'usage d'un nœud de gravure plus performant (3 nm de TSMC), Intel peine à revenir au niveau des Ryzen 9000 pour ce qui concerne la consommation du processeur en pleine charge.
Il se rattrape par contre côté chipset, puisque le Z890, s'il ne change pas vraiment de son prédécesseur (juste des arbitrages différents au niveau de l'allocation de la bande passante), reste supérieur à l'offre concurrente (non renouvelée non plus malgré le renommage), puisque disposant d'un débit doublé avec le CPU, sans même prendre en compte le raccordement en guirlande des 2 puces de la solution concurrente et les inconvénients inhérents à un tel design (surconsommation, complexité d'implémentation sur la carte mère, coûts supérieurs). On aurait souhaité une liaison en DMI x8 en Gen 5 permettant d'allouer des lignes PCIe à cette norme au chipset, mais ce sera pour plus tard et on se contentera bien volontiers des 4 lignes PCIe 5.0 supplémentaires au niveau du SOC, permettant de raccorder un SSD (en plus des 4 lignes Gen 4) à cette norme sans empiéter sur les lignes normalement dévolues au GPU.
Il reste également à évaluer le GPU intégré, car nos problèmes lors des tests ont oblitérés toute possibilité de le faire dans les délais impartis pour ce dossier. Nous dédierons donc un dossier spécifique à ce point, car il semble plutôt intéressant. Sans aller jusqu'à atteindre le niveau des derniers APU AMD, il devrait délivrer toutefois des performances en hausse sensible par rapport au vieillissant modèle équipant Raptor Lake. Si on peut douter de l'utilité d'un GPU aussi puissant sur des puces haut de gamme généralement couplées à des cartes graphiques dédiées, il ne faut pas oublier que la gamme est vaste et une telle tuile pourrait prendre tout son sens avec un Ultra 3 ou 5 (non K) dans le futur. La présence d'un NPU est aussi intéressante, même si sa capacité limitée à 13 TOPS est loin des minima requis selon Microsoft pour Copilot+ (40 TOPS), il pourrait toutefois s'avérer utile pour certains usages peu gourmands.
Vous l'aurez compris en parcourant ce dossier, ces nouveaux CPU apportent de réels changements de fond à la gamme Intel. Ils sont surtout le moyen de lever rapidement le doute quant à la fiabilité des processeurs du fondeur, parce que justement la gravure est pour bonne part sous traitée à TSMC, les bleus se chargeant uniquement de la tuile de base (interposer) et du packaging. De quoi restaurer la confiance auprès de clients potentiels échaudés par les déboires ayant touchés partiellement les séries 13 & 14 ? Du côté des prestations, Intel revient au niveau de son concurrent de toujours en production grâce à des cœurs efficients en progrès notable, permettant de largement compenser la disparition de l'hyperthreading. Par contre, ils ne sont d'aucune aide pour le jeu vidéo et les effets combinés d'autres facteurs (fréquences et latence), conduisent à un niveau de prestations moindre que celui atteint par la précédente génération de processeurs pour PC de bureau Intel.
Dans ce domaine ludique, la série 7000X3D du concurrent dominait déjà les débats ludiques et les déclinaisons avec 3D V-Cache des Ryzen 9000 sont officiellement annoncées, pour un lancement tout proche. Si la victoire d'AMD est indiscutable, il faut la nuancer toutefois puisque nous cherchons par notre protocole à mesurer des conditions de limitation CPU en jeu, alors que bien souvent c'est la carte graphique qui sera l'élément limitant et donc lissera les prestations des différents processeurs. Le lancement de cartes encore plus rapides l'année prochaine pourrait toutefois augmenter l'occurrence des situations de limitation CPU. Finissons par le gros point fort de cette génération par rapport à la précédente : une consommation électrique baissant substantiellement, rendant cette nouvelle gamme beaucoup plus gérable thermiquement. Un très bon point, même si dans ce domaine AMD fait mieux là aussi, hormis au repos. Ce n'est pas négligeable non plus, vu le temps généralement passé par les processeurs dans cet état.
Que penser spécifiquement du Core Ultra 5 245K ? Son MSRP de 309 $ est en baisse de 10 $ par rapport à celui du Core i5-14600K à son lancement. De quoi le placer originellement 30 $ plus cher que le Ryzen 5 9600X, mais 50 € moins onéreux que le Ryzen 7 9700X. AMD a toutefois récemment consenti à accorder une promotion pour sa nouvelle gamme, ramenant le premier cité à 249 $ et le second à 329 $. Une fois la conversion et les taxes appliquées, le prix public TTC du Core Ultra 5 245K serait en France de 345 €, soit très proche de celui du Ryzen 7 9700X. Y a-t-il match entre les deux ? Oui et non, car autant le bleu domine en production, autant c'est l'inverse qui se produit en jeu. Selon la priorité de chacun, le choix devrait donc être évident pour l'acquéreur potentiel, d'autant que l'efficience entre ces deux puces est similaire. Attention toutefois, l'un comme l'autre peuvent souffrir des tarifs souvent bien plus compétitifs de la génération précédente selon les offres, qui n'est pas si éloignée que ça côté performances.
Quid du Core Ultra 7 265K ? Son MSRP de 394 $ le positionne officiellement 15 $ moins cher que son prédécesseur (Core i7-14700K), de quoi théoriquement le positionner sous les 440 € une fois l'effet nouveauté dissipé. Est-ce une bonne affaire à ce prix ? Commençons par le face à face avec celui qu'il remplace : légèrement plus rapide en production mais sensiblement moins en jeu. Il a pour lui une baisse de la consommation électrique de 90 W, ce qui est pour le coup significatif. Face au Ryzen 9 9900X, c'est un peu la même situation (léger avantage en production, retard en jeu) mais la puce d'AMD consomme pour le coup une cinquantaine de watts en moins. Le tarif devait être en faveur de la puce d'Intel (394 $ vs 469 $), mais l'écart au moment d'écrire ces lignes n'est que d'une dizaine d'Euros. Si l'achat est dans une optique jeu, c'est encore pire puisqu'à ce budget on trouve le 7800X3D, soit le champion absolu. Vous l'aurez compris, le placement de cette référence nous paraît pour le moins compliqué aux prix respectifs relevés en France (pour le moment).
Terminons par le Core Ultra 9 285K dont le prix officiel est de 589 $. Identique à celui de son prédécesseur, il était plus intéressant que celui du Ryzen 9 9950X à son lancement, soit 649 $. AMD a toutefois rebattu les cartes avec sa promotion, le ramenant à un tarifaire similaire de 599 $. Lequel choisir entre ces deux mastodontes ? Si on se base sur les chiffres, le R9 9950X est le choix le plus logique, puisqu'il se montre tout aussi performant en production, meilleur en jeu et consommant moins d'énergie en charge. Cela fait beaucoup d'arguments ! Opter pour la puce d'Intel n'est pas un choix totalement dénué de raison non plus, puisque l'écart ludique sera probablement imperceptible pour beaucoup et le surcroît de consommation en charge est loin d'être abyssal, sans compter qu'au repos c'est la solution d'Intel qui se montre la plus vertueuse. Reste qu'au même tarif, on a mieux du côté AMD assorti d'une longévité du socket garantie jusqu'en 2027, alors qu'on ne sait toujours pas si une seconde génération verra le jour sur LGA 1851 ! Un atout de taille à l'heure du choix.
Nous remercions naturellement nos partenaires pour la mise à disposition des éléments ayant permis la réalisation de ce dossier.
Très bon test comme toujours
Petite question pas d oc ? ( curieux de voir d'où vient le choix de 5.7 ghz )
Pour le test ram pourquoi "que" 8200 mhz ? Il faut passer en gear 4 ensuite ?
Possible de savoir combien il consomme en jeux ?
Quel est le prix des nouveaux kit cudimm ?
Merci d'avance
Pas le temps de faire plus avec les soucis que j'ai rencontrés, on verra ce que je peux ajouter par la suite.
Ok je comprends
Je trouve bizarre qu'avec architecture et gravure différente amd et intel se retrouve avec la même fréquence max
Quand Intel avait la maîtrise du procédé et un design monolithique, aller monter en conso pour gagner en fréquence était plus facile. Avec TSMC, les contraintes doivent être différentes (et c'est souvent qu'une nouvelle finesse de gravure monte moins haut que l'ancienne), et comme l'IPC n'est pas toujours exploitable dans toutes les tâches, on observe sur certains bench une stagnation.
Cedt certainement un mélange de tout ça
Excellent test : en plus de prendre le temps de décrire chaque strate qui compose le CPU, il couvre tout le spectre des métriques qu'on attend, et les remarques sont de qualité.
Déçu par le CPU of course, mais ça n'entache en rien la qualité du test :)
🙏 Il y a encore quelques fautes en cours de correction, on a fini un peu à l'arrache avec Nicolas.
Miam la lecture ! Merci Riton, Nico & Co pour ce test. ❤️
Top le test merci
Le 245 est vraiment intéressant, j'ai pas de regret sur mon choix d'une plate-forme AMD en AM5 après plus de 20 ans chez Intel , mais si je devais faire une machine aujourd'hui il y aurait des doutes sur mon choix! Le tarifs aurait été seul juge au final.
Attention le socket 1851 n'est pas évolutif une seul gen dessus apparemment ça compte aussi