Test • Nvidia GeForce RTX 4060 Ti : la carte idéale pour le 1080P ?

Verdict

Nous voici parvenus au terme de ce dossier, et cette RTX 4060 Ti nous laisse une impression plutôt étrange, mêlant le positif et le franchement mitigé. Comme souvent avec cette génération Ada, il est difficile de trouver à redire aux prestations dans l'absolu, surtout si on prend en considération les restrictions appliquées à la puce par Nvidia. Le souci est lié au placement tarifaire et à la stagnation du ratio performances/prix, notamment en se concentrant sur les performances en rastérisation. Ces dernières ne progressent "que" de 15 % entre générations. En réalité, cela s'explique par une puce bien moins ambitieuse pour la gamme retenue, que ne l'était celle de sa devancière. On peut alors choisir de regarder le verre à moitié plein : avec une puce de gamme inférieure et de taille réduite, Nvidia parvient à placer sa 4060 Ti 15 % devant la RTX 3060 Ti tout en consommant nettement moins et pour un prix inchangé. Ou le verre à moitié vide : le gain entre générations n'est que 15 % malgré un procédé de gravure retenu bien plus performant. La vérité est comme toujours entre les deux, détaillons tout cela en commençant par le GPU.

• AD106

Quatrième puce à étrenner l'architecture Ada Lovelace, AD106 est un GPU que l'on peut classer parmi les "petits", puisque nécessitant moins de 188 mm² sur chaque Wafer. Toutefois, la densité du procédé de gravure 4N de TSMC permet d'y loger près de 23 milliards de transistors. À titre de comparaison, TU102, soit le vaisseau amiral de la gamme Turing, n'en intégrait "que" 18,6 milliards, au sein d'une puce 4 fois plus grande (754 mm²), mais gravée en 12 nm ! Alors où sont passés tous ces transistors, sachant que les 2 puces complètes contiennent le même nombre d'unités FP32 et que la nouvelle venue utilise 3 fois moins de contrôleurs mémoire et un nombre de ROP divisé par deux ?

En partie dans le cache L2, qui est multiplié par 6 entre les 2 puces. Cela permet de compenser partiellement la perte de bande passante, sans compter un impact très favorable sur la puissance électrique, puisque les accès mémoire sont parmi les opérations les plus énergivores. Ensuite, les RT Cores sont beaucoup plus performants dans cette troisième itération, du fait de l'ajout de nombreuses fonctionnalités et d'un débit brut plus élevé. Cela ne s'obtient pas par magie, mais via leur complexification. Les encodeurs/décodeurs sont aussi plus complets/ performants et donc plus complexes. Ajoutons à cela les unités OFA plus nombreuses et des Tensor Cores qui progressent également, et vous obtenez une part de plus en plus importante des transistors allouée à ce que l'on pourrait identifier comme du neural rendering, au détriment d'unités plus traditionnelles. On peut trouver ces arbitrages dommageables, après tout pourquoi ne pas privilégier des unités classiques et multiplier leur nombre au lieu de se tourner vers ces "nouvelles" unités ?

En pratique ce n'est pas si simple, puisqu’un GPU ne sert pas qu'à jouer, et vu les coûts des masques de gravures et du design des puces, il est difficile d'imaginer créer autant de modèles que d'usages possibles. Le second problème est lié à la puissance allouable à la puce. En effet, l'option de multiplier le nombre d'unités de calcul va se trouver rapidement confrontée à la dure réalité physique de la dissipation thermique. La solution jusqu'à présent était de profiter des gains issus des progrès au niveau de la finesse de gravure, pour "absorber" le surplus de consommation lié à la multiplication des transistors. Il en était de même pour les coûts, ce qui a permis les progrès fulgurants des semi-conducteurs. Seulement, les progrès côté gravure s'espacent et surtout sont de plus en plus coûteux. Tenter de trouver une nouvelle approche parait donc à la fois légitime et logique. L'avenir nous dira si la direction prise par Nvidia est la bonne, si c'est le cas, ils ont pris un avantage significatif sur la concurrence.

• GEFORCE RTX 4060 Ti

Que penser de la GeForce RTX 4060 Ti ? À 439 €, c'est 20 € plus cher que la 3060 Ti à son lancement. En pratique, Nvidia n'est pas à blâmer pour cette inflation, mais la dépréciation de l'Euro face au Dollar, puisque le tarif officiel dans cette monnaie est inchangé entre les deux références. Les performances en rastérisation progressent de 15 %, ce qui est toujours bon à prendre, mais ne change pas significativement le niveau de prestations à attendre pour ce budget avec la nouvelle venue. Une nouvelle variable s'ajoute à présent, la quantité de mémoire embarquée. Par défaut, les 8 Go s'avéreront suffisants dans la plupart des jeux en 1080P et ce sans aucun compromis. Il existe toutefois des exceptions, qui augmentent avec l'activation du RT ou la montée en définition, nécessitant de revoir à la baisse la taille des textures. Est-ce dramatique ? Pas vraiment, d'autant que les compromis à effectuer ne dégradent généralement que très légèrement la qualité visuelle. C'est toutefois dommage, car l'augmentation de la taille des textures est un point qui permet d'améliorer régulièrement le rendu des jeux, et se retrouver d'ores et déjà limité sur certains titres n'aide pas à rassurer quant à la pérennité d'une nouvelle acquisition. Ou pas, puisqu'il faudra attendre les détails et la mise en pratique du Neural Texture Compression du caméléon, pour juger pleinement de ce potentiel souci. Quoi qu'il en soit, le surcoût demandé pour passer au modèle 16 Go nous parait excessif, d'autant que l'absence de Founders Edition pour aiguillonner les AIB pourrait conduire ces derniers à réserver cette capacité aux modèles les plus huppés et donc encore plus onéreux. De quoi les rapprocher encore davantage des RTX 4070 premiers prix et donc réduire davantage leur pertinence. Reste l'usage semi pro ou une telle quantité peut s'avérer utile et éventuellement justifier le surcoût.

Et dans le marché actuel, comment se positionne la nouvelle venue ? Comme toujours lors du chassé-croisé entre générations, il y aura probablement de bonnes affaires à saisir. Ainsi, des 3070 / 3060 Ti / 6700 XT / 6750 XT sous les 400 € sont des options pertinentes à considérer. Les cartes d'AMD pourront mettre en avant leur capacité mémoire de 12 Go, apportant une sérénité supérieure à ce niveau. Pour autant, la RTX 4060 Ti ne manque pas d'atouts : en sus de performances très solides en 1080P, sa consommation électrique réduite, son encodeur de dernière génération et la prise en charge du DLSS 3 ne sont pas à négliger, comme nous avons pu le mesurer dans ce dossier. En fait le principal reproche que l'on peut faire à cette RTX 4060 Ti, c'est sa dénomination ou plutôt son créneau tarifaire : à 329 € en tant que RTX 4060, c'eut été une carte bien plus enthousiasmante et en phase avec les prestations que l'on est en droit d'attendre d'une carte de cette gamme. Il y avait probablement moyen de baser cette RTX 4060 Ti sur un AD104 davantage castré (avec un bus limité à 160-bit par exemple, pour lui attribuer 10 Go de VRAM et un peu plus de bande passante mémoire) et réserver cet AD106 à la RTX 4060. L'option aurait été bien plus intéressante au tarif demandé, plus besoin de variante à la capacité mémoire doublée, sans pour autant coûter un rein à produire. Nvidia en a manifestement décidé autrement, privilégiant sa rentabilité à la pertinence de la carte. Il reste aussi une dernière inconnue quant à la pertinence de la nouvelle née des verts, quid de la concurrence de nouvelle génération d'AMD ? Il faudra patienter encore un peu pour avoir un début de réponse.

Nous remercions naturellement nos partenaires pour la mise à disposition du matériel ayant permis la réalisation de ce dossier.