Il s'est passé plusieurs choses ces derniers jours. C’est le moment parfait pour faire le point sur la situation chez Intel. Il ne sera pas que question du plan d’action en cours d’élaboration par la direction d’Intel pour ramener l’entreprise dans le droit chemin, mais aussi d’autres nouvelles potentiellement importantes pour les affaires.
"America First" !
La semaine dernière, la secrétaire d’État à l’économie, Gina Raimondo (dont nous avions déjà un peu parlé dans le cadre de certains faits d’armes dans le monde de la technologie), a rencontré en privé Pat Gelsinger. Il en aurait profité pour exprimer une fois de plus sa frustration vis-à-vis de la dépendance des entreprises américaines à l’égard des fabricants de puces étrangers, TSMC en particulier (forcément). Par la suite, visiblement convaincue des arguments du PDG d’Intel, elle a fait une petite sortie pour rencontrer les gros investisseurs/actionnaires d’entreprises américaines majeures (telles que NVIDIA, Apple, etc.). Il s’agissait d’essayer de leur faire comprendre l’importance économique (et géopolitique) d’une production de semiconducteur américaine sur le sol américain (préférablement par Intel, donc ?) et de les inviter à prendre des décisions en ce sens. Autrement dit, "soyez sympas et allez faire fabriquer de la puce chez Intel Foundry, votre pauvre artisan local malmené par l’étranger", quoi.
Pour l’anecdote, c’est dans ce même contexte que Jensen Huang, interrogé au sujet de produire ailleurs que chez TSMC dans une conversation avec le PDG de Goldman Sachs, a affirmé la chose suivante :
Au cas où nous devrions passer d’une usine à une autre, nous avons la possibilité de le faire. Nous ne pourrons pas obtenir le même niveau de performance ou de coût, mais nous serons en mesure de fournir l’approvisionnement.
Pas un "non" catégorique, mais pas un "oui" non plus. On en déduit que pour NVIDIA, produire chez Intel, voire chez Samsung Foundry (et ses propres peines), se ferait probablement uniquement en derniers recours. L’entreprise de Jensen Huang ne doit pas être la seule à penser ainsi. À moins que le gouvernement américain finisse par les y "encourager" d’une manière ou d’une autre. Mais ils n’en sont a priori pas encore là.
Cependant, cette sortie de Patou Gelsinger et de Gina Raimondo a été miraculeusement suivie de deux annonces positives pour Intel et Intel Foundry :
- Un nouveau contrat pluriannuel de plusieurs milliards avec AWS pour la conception de puces personnalisées pour l’IA basée sur le procédé 18A d’Intel, ainsi que la fourniture de Xeon 6 personnalisés basés sur le procédé Intel 3 dans le cadre de leur relation existante. Les deux entreprises vont également étudier la possibilité de produire à l’avenir d’autres puces avec le 18A, mais aussi sa variante 18AP et la future évolution 14A. À noter qu’Intel et AWS sont déjà des partenaires/collaborateurs de longue date. La valeur du nouvel accord n’a pas été annoncée, mais on espère pour Intel qu’il sera suffisamment lucratif.
- Un
cadeauperfusionfinancement direct de 3 milliards de dollars dans le cadre du CHIPS and Science Act pour le programme Secure Enclave, destiné à promouvoir une fabrication fiable (c’est-à-dire américaine) de semiconducteurs de pointe pour le gouvernement américain et spécifiquement, le Département de la Défense. À considérer comme une suite des programmes RAMP-C (Rapid Assured Microelectronics Prototypes - Commercial) et SHIP (State-of-the-Art Heterogeneous Integration Prototype) précédents entre Intel et le ministère de la Défense, et à distinguer des autres accords conclus cette année avec l’administration américaine. Étant toujours la seule entreprise américaine à concevoir et à fabriquer de la puce de pointe, Intel continuera donc à assurer l’approvisionnement en semiconducteur avancé pour le gouvernement. A priori, c’est le procédé 18A qui aura la primauté.
"Build Back Better" ?
Pat Gelsinger a également dévoilé le plan pour la suite de la transformation d’Intel. Tout d’abord, l’entreprise maintient son objectif d’économiser 10 milliards de dollars et de réduire son personnel de 15 000 employés (ce qui aurait déjà été fait à moitié) cette année. Ensuite, Intel Foundry et l’activité de production seront encore davantage "coupé" d’Intel et de l’activité de conception. Sans aller jusqu’à devenir un électron vraiment libre, Intel Foundry va néanmoins se transformer en une filiale indépendante au sein d’Intel, avec une séparation effective se voulant très claire (d’après le PDG). La division fonderie aura son propre conseil d’administration et publiera ses rapports financiers séparément de ceux d’Intel. En somme, c’est la continuation du processus que l’américain avait lancé l’année dernière. À première vue, c’est aussi une structure pour le moins très semblable à celle mise en place par Samsung, pour bien distinguer et isoler Samsung Electronics de Samsung Foundry.
En marge, Intel va poursuivre sa réorganisation interne pour tenter de recentrer les efforts et l’attention de l’entreprise sur ses activités principales et l’architecture x86 en particulier. Ainsi, l’activité "Edge and Automotive" va être intégrée au Client Computing Group (CCG). Le Network and Edge Group (NEX) va à l’avenir se concentrer uniquement sur le réseau et la télécommunication, et perdre sa division "Integrated Photonics Solutions" au profit du Data Center and AI Group (DCAI). Enfin, les employés de la division "Software and Incubation" vont être dispatchés et intégrés dans les différents groupes selon les projets en cours. Bref, un nouvel arrangement avec une redistribution des cartes. À voir si cela se traduira véritablement par une efficacité accrue et plus de flexibilité sur le plan opérationnel et de l’exécution, deux points qui ont jusqu’à présent apparemment fait cruellement défaut à l’organisation interne du fondeur. C’est bien l’objectif annoncé de l’opération, mais espérons tout de même que ce ne soit pas juste de l’agitation pour tenter de rassurer les actionnaires.
Le cas Altera n’a pas été mentionné dans la lettre de Pat Gelsinger aux employés (restants). Mais l’intention serait toujours de vendre une partie de sa participation au capital d’Altera, qui est une entité virtuellement indépendante depuis le printemps, avec Intel pour unique actionnaire, pour l’instant.
Finalement, pour enrober tout ça, Intel compte également réduire de deux tiers son empreinte immobilière mondiale. Et au cas où vous l'auriez oublié, le fondeur a également déjà laissé tombé le 20A en faveur du 18A, qui endosse à son tour tous les espoirs de "come-back" de l'entreprise.
Mais au ralenti ?
Nous en arrivons à la dernière étape du plan : une nouvelle approche pour le déroulement de l’expansion industrielle avec Intel Foundry ! En bref, un gros coup de frein sur les investissements et le passage à une cadence plus normalisé, plus flexible, plus efficace... Dans l’immédiat, ceci va se traduire par :
- La mise en pause pour environ deux ans des projets en Pologne (alors que la Commission européenne vient de donner son feu vert à la Pologne pour 1,91 milliard de dollars de subventions, mais la législation doit encore être approuvée dans le pays) et en Allemagne, et une reprise des travaux selon les conditions du marché. L’Irlande restera donc encore un bon moment le cœur de l’activité d’Intel en Europe. Rappelons que les projets français et italien ont déjà été mis de côté.
- L’achèvement de la nouvelle usine de packaging avancé en Malaisie, mais un démarrage des opérations selon les conditions du marché et l’usage de la capacité existante d’Intel en matière de conditionnement des puces. .
- Pas de changement pour les investissements aux USA, pour les projets de construction/d'expansion en Arizona, au Nouveau-Mexique et dans l’Ohio.
La décision de reporter de deux ans le projet en Allemagne est une décision qui comprend également l’intention de s’y tenir. Il est important pour nous de saisir cette occasion, dans le contexte très volatile de l’industrie des semi-conducteurs, pour contribuer à garantir une nouvelle expansion des capacités déjà importantes de l’Allemagne.
Le chancelier, Olaf Scholz.
Il s’agit maintenant d’une décision purement commerciale qui a trait à la politique de l’entreprise. [...] Il appartient désormais à Intel de se remettre rapidement sur une voie permettant l’investissement.
Le ministre allemand de l’Économie, Robert Habeck.
Concernant l’Europe, cette décision n’a évidemment pas manqué de faire réagir, notamment en Allemagne, la première concernée. D’un côté, certains pensent que ce n’est que partie remise et que la décision d’Intel comprend également l’intention de s’en tenir à son engagement initial, dès lors que sa situation le permettra. De l’autre, l’hypothèse que cette "pause" n’est qu’une étape intermédiaire en chemin vers l’abandon définitif du projet ne devrait pas être écartée pour autant. Quoi qu’il en soit, l’Allemagne se retrouve désormais aussi avec un supplément de budget sur les bras et les débats ont d’ores et déjà commencé entre les différents partis pour décider de quelle manière seront utilisés les fonds libérés.
Une image qui a bien mal vieilli. Il reste vraiment plus grand-chose de tout ça...
Et voilà où nous en sommes aujourd’hui. Enfin, où en est Intel. Terminons-en avec le p’tit mot plein d’espoir (ou d’illusion ?) de Pat Gelsinger, le PDG :
Comme je l’ai déjà dit, il s’agit de la transformation la plus importante d’Intel depuis plus de quarante ans. Depuis le passage de la mémoire au microprocesseur, nous n’avons pas tenté quelque chose d’aussi essentiel. Nous avons réussi à l’époque - et nous saurons faire face à ce moment et construire une société Intel plus forte pour les décennies à venir.
On sent clairement que le gouvernement américain essaie de faire pression aux entreprises américaines pour qu'elles fassent produire chez intel pour le sauver
Ça se comprend déjà pour l'image et aussi pour les subventions l'état à beaucoup donné récemment ça serait dommage que les usines ferme et du coup tout ça pour ça
ça j'en doute car ils s'en foutent d'intel en tant que telle. Par contre, intel en tant qu'entreprise américaine et fleuron du semiconducteur ça ils ne s'en foutent pas.
C'est surtout que le gouvernement américain veut assurer une auto suffisance et à l'heure actuelle, il y a qu'intel comme fondeur américain aux usa.
Faut arrêter avec intel au bord de la faillite, ils en sont très loin. Même quand AMd était au bord du gouffre dans une situation 45 fois pire qu'inte (intel est côté à 90 milliards alors qu'amd est decendu à 2 milliards soit digne d'une entreprise en plein faillite pour ce milieul à l'heure actuelle, ils ont été loin de sombrer donc Intel devrait faire encore des années de conneries avant de sentir ne serait-ce qu'une petite brise de faillite.
on dit un peu la meme chose oui le gouvernement ne vaut pas sauver "intel" c'est pas la marque qui les préoccupe mais les capacité de productions surtout après leurs derniers investissement
Intel oui ne va pas mourir bien sur mais ça va mal et il ne faut pas que ça s'aggrave déjà que ils ont en train de puis 3 ans environ de mettre en place un plan de 5 nouvelle gravure en 4 ans assez ambitieux ( bon maintenant 4 gravure vu que le 20a est annulé ) mais on se rend compte que se plan pas encore terminé ne marche apriori pas donc faut adapter du coup il faut trouver autre chose
Petite aparté personnellement je pense que ce n'est pas si ambitieux il y a réellement que 2 gravure le intel 7 c'est juste un nouveau non de la dernière amélioration du 10 nm et le intel 3 et intel 18a c'est une version tout transistor du intel 4 et intel 20a qui se limite a un type de transistor pour tester la gravure
Les CPU Intel sont bons, mais Intel a fait une enorme erreur :
Vouloir pousser la puissance TDP cible a des valeurs trop hautes pour augmenter artificiellement les perfs
Tout ca parce qu'ils n'ont pas supporte de se faire passer devant par AMD au niveau des performances
Je pense que les erreurs sont multiples, ou plutôt les mauvais choix/compromis, et ont été commis bien en amont de ce que tu présentes qui n'en est qu'une conséquence qui n'est pas entièrement à mettre sur le dos d'Intel, même si Intel a laissé faire.
je suis d'accord avec toi sauf la fin si c'est pas intel qui fait les erreurs c'est qui ? les ingénieurs ? c'est ceux d'intel
ils ont fais de mauvais choix depuis haswell pour moi
A la fin, je parle de la conséquence qu'il cite et non pas des erreurs qui ont été commises avant.
intel ne pousse pas la consommation par plaisir ils ont juste pas le choix
ils ont déjà du mal a concurrencer amd ( un excellent exemple est le 7800x3d ) alors avec une fréquence moins grande avec certes moins de consommation et de chauffe ça serait pire
l'architecture d'intel est bonne c'est en grande partie la gravure qui pose problème le 10 nm raté