[MàJ : to split, or not to split...] "Sauvez Intel" : le nouveau plan d'action se dessine...

Mise à jour du 06/09/2024 - Lors d’une conférence avec les investisseurs, David Zinsner, le Chief Financial Officer a déclaré que son entreprise prévoit de continuer à mettre en place plusieurs formes de séparations entre l’activité de conception et celle de production, précisant qu’il est important qu’Intel et Intel Foundry fonctionnement séparément. Selon lui, tout sera fait en interne pour assurer cette indépendance. On se doute bien qu’Intel cherche ici toujours à rassurer les clients potentiels quant à l’impartialité d’Intel Foundry et la sécurité de leurs secrets. 

Nous allons créer une plus grande séparation entre ces deux activités. Il est important pour les clients de voir cette séparation et cela améliore l’ensemble du système.

En parallèle, cuisiné par les actionnaires, le CFO n’a pas catégoriquement écarté la possibilité que cela puisse un jour mener à la création de deux entreprises distinctes. Ce qui était longtemps impensable pour le fondeur le semble désormais beaucoup moins. Il faut dire que la situation a bien évoluée ces dernières années, pas pour le meilleur. Néanmoins, Zinsner ne s’est pas vraiment prononcé sur la probabilité d’une telle opération, insistant sur le fait qu’il n’est pas en mesure de prédire ce genre de chose. 

Il est difficile de dire ce qu’il adviendra à partir de là. Notre objectif est de maximiser la valeur pour les actionnaires. [...] Ce que je ne peux pas prédire, c’est beaucoup de ces choses. 

En tout cas, tous les analystes ne sont pas convaincus de la pertinence d’une scission, arguant parfois que cela reviendrait au vu des prestations actuelles à créer deux entreprises peu florissantes et peu attractives pour les investisseurs. Concrètement, une séparation n’aurait de l’intérêt que si les deux branches arrivent à répliquer le succès des rivaux respectifs... Et ça, ce n’est clairement pas encore gagné. (Source : oregonlive)

Texte du 02/09/2024 - Des mots propres mot du PDG, Pat Gelsinger, Intel est bel et bien en train de passer une sale période, assurément l’une des pires de son histoire, et il semble plus qu’évident que de nouvelles décisions difficiles interviendront dans les prochains temps. En marge de l’annonce de ses résultats, Intel a annoncé une réduction de ses effectifs de 15 % et des initiatives pour réduire les couts - nous supputons que c’est par exemple ce qui a entrainé l’annulation du salon Intel Innovation de septembre. Il faudra aussi réduire d’environ 17 % les dépenses en capital pour l’année 2025 par rapport à 2024. Hélas, les forces des marchés ont déjà fait comprendre au fondeur que ces mesures sont insatisfaisantes et seront insuffisantes. Le message parait être passé. En tout cas, le PDG a dit prendre vraiment au sérieux les réactions des investisseurs. 

Derrière les rideaux...

Officieusement, des sources proches de l’affaire rapportent que Pat Gelsinger et les principaux dirigeants d’Intel se sont maintenant attelés à l’élaboration de plusieurs nouvelles propositions pour réduire la taille de leur entreprise et donc ses couts de fonctionnement. C’est le PDG lui-même qui devrait dévoiler ces pistes fraiches au conseil d’administration de la boite d’ici à la mi-septembre.

En parallèle, Intel s’est également tourné vers Morgan Stanley et Goldman Sachs pour obtenir conseil et mieux déterminer les actifs à vendre et ceux à garder. Pour la première fois, des détails sur ce fameux nouveau plan de Pat Gelsinger ont commencé à circuler. Attention, il faut garder à l’esprit que c’est officieux et a priori pas encore finalisé. Autrement dit, les choses peuvent encore changer d’ici là. Évidemment, Intel s’est refusé à tout commentaire.

Bye Altera, Auf Wiedersehen Deutschland ?

Grosso modo, le plan consisterait à réduire les couts de l’entreprise en supprimant de nouvelles activités et en réorganisant les dépenses d’investissements. Pour ce faire, une option mise en avant serait la vente d’Altera, l’activité de solutions programmables d’Intel et à l’origine une compagnie que le fondeur avait achetée pour 16,7 milliards de $ en 2015. Notez qu’Altera est récemment redevenue une compagnie distincte d’Intel, mais qui est toujours contrôlée à 100 % par ce dernier, avec toutefois la possibilité déjà annoncée d’une introduction en bourse par la suite. Cependant, l’américain aurait désormais discrètement commencé à sonder le terrain pour une vente. Au profit de qui ? Une des hypothèses serait Marvell.

Enfin, la proposition devrait aussi inclure de nouvelles réductions des dépenses d’investissements dans l’expansion et la construction des usines. Dans ce cadre, la mise en pause ou l’arrêt complet de la construction du gigafab en Allemagne ne serait pas impossible. Ce projet aurait par ailleurs déjà nouvellement été retardé entre-temps... Enfin, le fondeur pourrait également vendre l’une ou l’autre de ses usines existantes. 

Et Intel Foundry alors ?

Notez que pour l’instant, la proposition de scinder Intel de son activité de fonderie, à savoir la division Intel Foundry, d’en faire une entité indépendante ou de la vendre potentiellement à un tiers ne serait pas encore sur la table. Mais, comme nous vous en parlions la semaine dernière, l’option devrait malgré tout occuper les esprits et notamment être discutée lors la réunion à venir du conseil d’administration. Rappelons qu'Intel a déjà pris des mesures pour séparer au maximum ses activités de conception de fabrication des puces, ce afin de rassurer les clients potentiels - potentiellement des concurrents - quant au respect de leurs secrets et propriétés industrielles. Pour certains, c’est insuffisant et il ne fait aucun doute qu’il y en a qui préféraient une vraie scission. Difficile toutefois d’imaginer Intel sans ses usines, relégué à devoir lutter avec tous les autres constructeurs fabless pour une place sur les lignes de productions d’un fondeur tiers... 

Voilà où en seraient les choses pour l’instant. Bon, eh bien, rendez-vous mi-septembre pour la suite et du concret ! (Source : Reuters)

Kaboum ?