Y’a pas si longtemps, on nous disait que Qualcomm explorait la possibilité de mettre la main sur certaines propriétés d’Intel, notamment de la division PC. Puis, peu avant le weekend, la rumeur est passée au niveau supérieur et l’on nous rapporte désormais que Qualcomm songerait maintenant à une acquisition potentielle du fondeur en crise ! Tant qu’à faire, pourquoi pas acheter tout le lot, non ? Le PDG de Qualcomm en personne, Cristiano Amon, serait impliqué dans ces négociations, qui consisteraient aussi à examiner plusieurs options possibles pour un accord avec un Intel. Ça parait très gros, néanmoins, il y a rarement de la fumée sans feu. Certes, les hypothèses de simples spéculations plus ou moins informées ou d’une p’tite manipulation du marché des familles ne sont pas à écarter non plus. Après tout, l’action de Qualcomm a baissé, tandis que celle d’Intel a repris quelques couleurs. Sinon, il pourrait aussi tout simplement s’agir de la même rumeur du début du mois, mais interprétée différemment...
Mais pour quoi faire ?
Reprendre en main Intel pourrait avoir de l’intérêt pour Qualcomm qui tente de s’implanter durablement dans le marché du PC. Mais ce jeu en vaudrait-il vraiment la dépense ? Une acquisition de cette taille pourrait s’avérer désastreuse pour les finances de Qualcomm, notamment si le constructeur récupère le gouffre à thunes qu’est Intel Foundry. Justement, il se dit d’ailleurs que Qualcomm ne serait en réalité pas particulièrement motivé pour une telle fusion et ne prendrait certainement aucune décision hâtive.
Mais, ce qui pourrait réellement pousser l’entreprise à le faire, outre de pouvoir s’en prendre plus sérieusement au marché du PC, serait une volonté de se diversifier pour compenser entre autres la perte de son affaire de vente de modems à Apple, ce dernier étant parti pour fabriquer les siens, alors que ce commerce représentait une portion relativement non négligeable du chiffre d’affaires de Qualcomm. Avec Intel, Qualcomm aurait peut-être aussi une meilleure chance avec l’IA, marché qui lui échappe assez pour l’instant, mais à Intel aussi malgré les tentatives... D’un autre côté, il se raconte que certaines "entités" pourraient chercher à encourager une telle opération dans l’objectif de "forcer" une séparation définitive d’Intel et d’Intel Foundry, ce que Pat Gelsinger, le PDG actuel, se refuse pour l’instant à faire et préfère contourner comme ceci. En résumé, Qualcomm aurait commencé à explorer avec grande prudence les possibilités vis-à-vis d’Intel, mais potentiellement sous l’effet de pressions externes parfois hors de son contrôle.
Une affaire complexe...
Bon, c’est visiblement très compliqué et ça semble aussi partir un peu dans tous les sens. Un rapprochement d’Intel et de Qualcomm serait assurément un gros choc pour cette industrie, qui s’en retrouverait assez transformée, sans oublier le marché de la puce x86. Mais, que ferait Qualcomm, un constructeur fabless sans expérience dans le domaine de la fabrication, des usines d’Intel ? Et de l’architecture et des licences x86 ? Et des autres activités qui ne l’intéresseraient pas ? Cependant, une telle acquisition serait une pilule assez gigantesque à faire passer, autant pour Qualcomm même, que pour le reste des acteurs et surtout les autorités de régulation à travers le monde.
À ce jour, Qualcomm, qui vaut 188 milliards de dollars en bourse, n’a que 13 milliards de dollars de liquidité, ce qui est loin d’être assez pour s’offrir Intel d’une valeur de 93 milliards de dollars (au cours du jour), ou 122 milliards si l’on inclut tout y compris les dettes. Qui pourrait bien financer une opération dont le montant serait assurément historique et supérieur aux 142 milliards de dollars que Broadcom avait proposés pour Qualcomm en 2018. Mais alors cette dernière avait été mise en échec par Trump, et l’acquisition d’Arm par NVIDIA bloquée par la Chine, nous avons bien du mal à imaginer le rachat d’Intel par Qualcomm passer comme une lettre à la poste. Il faudrait probablement montrer plus que patte blanche et potentiellement, complètement déconstruire Intel (et qui sait, c'est peut-être l'ambition de certains).
Finalement, il va de soi que rien de tout ça n’a de caractère officiel et que les incertitudes sont légion. Gardons en tête que ce sont des spéculations et avec lesquelles quelqu’un à potentiellement quelque chose à y gagner. De toute façon, les pourparlers n’en seraient qu’à leurs débuts et compte tenu des implications, il y a de très grandes chances qu’elles n’aboutissent à rien, ou du moins, pas au rachat intégral d’Intel par Qualcomm. Cependant, la situation n’en reste sûrement pas moins "insultante" pour une entreprise cinquantenaire qui pendant longtemps a dominé le marché du semiconducteur, mais traverse désormais un tel moment de faiblesse qu’elle pourrait être en proie à une acquisition, surtout après avoir perdu 60 % de sa valeur depuis le début de 2024... Intel et Qualcomm se sont refusés à tout commentaire, assez naturellement. Affaire à suivre. (Source : Reuters, WSJ, Medium)
Je pense que financièrement qualcomm pourrait y arriver mais qu'il y aurait le même levé de bouclier que pour arm/nvidia
Je ne sais pas comment qualcomm rationnaliserait son catalogue si ca se produit
Elite x serait en concurrence avec un produit de intel qui lui appartient par exemple
«Qualcomm pour bouffer Intel…»
Faut pas exagérer, Qualcomm entrerai au capital d'Intel, delà à «bouffer» il y a un certain nombre de pas……
C'est une façon de parler et pas se formaliser pour tout pour rien, le texte va dans ton sens d'ailleurs :)
Il me semble qu'on a déjà vu plus petit bouffer plus gros, par exemple, si je ne me trompe pas, quand Drahi a racheté SFR. Il "suffit" de mettre une banque dans l'équation. On devient propriétaire du plus gros, et on est endetté auprès de la banque. Un peu comme un achat immobilier pour les particuliers. Certaines synergies peuvent valoir le coup.
Après il faut trouver la banque qui veut bien aligner des montants pareils, parce que même avec des échanges d'actions, il doit rester des dizaines des milliars à financer, voire plus de 100 milliards. Car les actionnaires d'Intel ne voudront pas nécessairement vendre leurs parts au prix du marché, s'ils estiment que c'est sous-évalué (et il est très probable que ce le soit).
Je me serais plutôt attendu à Broadcom qu'à Qualcomm. Le timing est parfait en tous cas : Intel a priori au fond du trou, avec peut-être de bons produits à très court terme. IFS a investi dans le top du top des scanners et pourrait bientôt être récompensé. Bref, je pense que Patou avait la bonne stratégie, ce serait dommage de vendre au moment où la fin du tunnel semble approcher.