La voilà, la nouvelle claque pour Intel que "tout le monde" attendait : un troisième trimestre de 2024 marqué d’une perte historique sensationnelle de 16,6 milliards ! Le fondeur explique que celle-ci est en très grande partie liée aux charges massives de dépréciation et de restructuration (voir image ci-dessous) et aux pertes substantielles d’Intel Foundry (5,8 milliards de $ !), tandis que ses autres divisions continuent à présenter des résultats assez mitigés. La marge brute a pris un sacré coup pendant cette période, puisqu’elle est passée à 15 %, soit là encore un niveau historiquement bas. Le chiffre d’affaires a été de 13,3 milliards de dollars, un peu mieux que projetés (bon, il faut dire que la fourchette était très large, de 12,5 à 13,5) et en légère hausse par rapport au trimestre précédent. Rappelons par ailleurs que durant Q2/T2 2024, la perte avait été de 1,6 milliard et la marge brute de 15,3 %.
Intel avait annoncé plusieurs mesures de restructurations et de réduction des couts cet été. Il y a quelques jours, le Comité d'audit et de finance du Conseil d'administration, en relation avec l'équipe de direction de la société, a d'ailleurs approuvé une série de mesures, qui incluent :
- la réduction des effectifs de 16 500 personnes (le total des départs volontaires et contraints devraient s'élever à 19 000).
- la consolidation et la réduction de l'empreinte immobilière mondiale de la société.
- l'examen du portefeuille des activités de la société dans l'optique de remettre tout à plat.
- la rationalisation des investissements et de leurs déploiements en fonction de la demande et des exigences en matière de capacité.
- la réduction des dépenses d'exploitation globales de la société (par exemple, en annulant des salons).
Bref, la dégringolade se poursuit et la ceinture continue à se faire serrer ! Ça n’a toutefois pas empêché l’action d’Intel de grimper dans le sillage de l’annonce de ces résultats, tandis que celle d'AMD, qui se porte pourtant mieux, a baissé. Un comportement potentiellement étrange aux yeux du profane. Néanmoins, on peut en conclure que ce trimestre a été aussi décevant qu’attendu par la bourse, voire un peu moins, que cette attente était déjà "prise en compte" dans le cours de l’action et qu’il y a un certain optimisme pour la suite des opérations, quelle qu’elle soit... Après tout, comme expliqué ci-dessus, la perte a en grande partie été causée par la dépréciation et les efforts de restructuration de l’entreprise. Selon le point de vue, les perspectives peuvent maintenant paraitre relativement positives, car l'on pourrait considérer qu'Intel a touché le fond et que le pire est passé... Pour finir l’année, Intel s’attend un rebond très modeste avec un chiffre d’affaires de 13,3 à 14,3 milliards et une marge brute de 36,5 %.
Au passage, la rumeur d’un rachat d’Intel par un tiers est revenue à la charge. Moore’s Law Is Dead y est allé de sa boule de cristal et a ajouté Apple et Samsung à la liste des candidats - qui comportait uniquement Qualcomm jusqu’à présent - pour une reprise partielle ou totale d’Intel. Est-ce crédible ? La rumeur est spectaculaire, mais elle est tendancieuse. Malgré ses difficultés, Intel n’en resterait pas moins un très gros morceau à avaler et à faire passer pour diverses raisons, quand même, en période de crise, tout devient possible. Le fondeur est assurément dans une phase de transformation et qui sait ce que ça va encore apporter comme évolutions dans les temps à venir. Peut-être une alliance avec Samsung Foundry ? Des contrats salutaires "encouragés" par le gouvernement avec Apple et Qualcomm pour une production en 18A ? En attendant, il y a déjà eu un rapprochement avec AMD pour promouvoir le x86 et un contrat pluriannuel important avec AWS incluant du 18A. En tout cas, Pat Gelsinger a encore rappelé qu’il n’est toujours pas question de céder Intel Foundry (un sujet qui fait parler). Le comité de direction de l’entreprise soutient le projet actuel et la stratégie de maintien du groupe Intel dans sa forme actuelle.
Bien sûr, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour assurer le succès d'Intel. Mais mon message à toutes ces entreprises, qu'il s'agisse d'Apple, d'AMD, de Nvidia, d'Amazon ou de toutes les autres, est le suivant : nous avons besoin de votre demande de puces fabriquées aux États-Unis. [...] Nous allons y parvenir et cela ne dépend pas d'une seule entreprise,
Gina Raimondo, secrétaire au commerce des États-Unis... et commerciale officieuse pour Intel. Seul Amazon a confirmé ce genre de conversations avec le gouvernement.
Passons maintenant rapidement en revue les résultats des différentes divisions d’Intel. À commencer par Intel Foundry. En matière de chiffre d’affaires, la division stagne, mais la perte s’est fortement creusée. Tous les espoirs de réussite reposent toujours sur le procédé 18A, qui, selon le PDG, progresse très bien et intéresse du monde. Y’a plutôt intérêt... 2025, l’année de vérité ? Le Client Computing Group (CCG) reste de loin la division avec les meilleures prestations financières. Le chiffre d’affaires a un peu baissé, mais le bénéfice et la marge ont gagné quelques points. Intel souligne les bonnes performances de Lunar Lake et les bonnes perspectives avec les ventes de PC "IA". Par ailleurs, le prochain grand lancement pour ce groupe sera Panther Lake durant la seconde moitié de 2025, une génération qui sera très importante, car en principe produite majoritairement par Intel, chez Intel Foundry avec le 18A. Ni Arrow Lake-S ni Lunar Lake n’auraient toutefois encore eu d’impact notable sur les ventes du fondeur. Dans le cas d’Arrow Lake-S, on dirait que c’est quand même assez mal parti et le 9800X3D ne va pas aider du tout !
Une évolution positive négligeable aussi pour le Data Center and AI Group (DCAI). Etant arrivé trop tard à la fête et avec une offre peu compétitive, il ne fait aucun doute que la lutte avec les redoutables produits EPYC et Instinct d’AMD, et Grace, Hopper et Blackwell de NVIDIA reste très compliquée. Les Xeon 6 Granite Rapids et les accélérateurs Gaudi 3 vont-ils pouvoir changer un peu la donne ? C’est encore trop tôt pour le dire, les nouveaux Xeon sont à peine arrivés et Gaudi 3 ne va être lancé que prochainement. Mais la vraie clé du futur, ce serait plutôt Clearwater Forest ! Enfin, les divisions NEX, Altera et Mobileye présentent collectivement des résultats relativement mitigés et sans impacts conséquents sur la santé financière générale du fondeur. (Source : Intel, Street Insiders)
Les rumeurs de rachat, Intel a dit officiellement qu'il ne comptait pas être vendu et c'est normal.
Les pertes sont dues aux lourd ibnvestissements dans intel fundry donc rien d'anormal. Faut investir lourdement s'ils veulent devenir un concurrent face à tsmc.
Vu les décisions récentes : rapprochement avec AMD pour le x86, un portfolio histoirque sur le x86, se faire racheter par apple n'aurait aucun sens. Ce serait comme décider: allez on va se suicider car si apple nous rachète, ils vont tout jeter à la poubelle sauf les fonderies.
Si samsung achète, intel vient de s'associer avec samsung dernièrement donc c'est pas pour se faire racheter.
MLID n'arrête pas de raconter connerie sur connerie depuis des années, c'est le leaker le moins fiable de la planète (qui se rappelle qu'intel devait arrêter les puces arc 2 jours avant leur lancement dixit MLID ? Qui se souvient du dlss 3 utilisable dans tous les jeux actuavbles dans le driver ?)
Intel est dans une mauvaise passe mais se faire racheter n'aurait aucun sens car ils sont très très loin de la mauvaise santé financière d'apple dans les années 90 et d'amd dans les années 2010 et ces 2 entreprises ne se sont pas faites rachetées. Apple est même l'entreprise première mondiale depuis 10 ans.
Je partage cet avis.
On ne peut pas comparer Apple ou AMD à Intel, les implications économiques et (géo)politique ne sont clairement pas les mêmes. L'hypothèse d'un rachat fait parler parce qu'elle fait partie des scénarios possibles. C'est une éventualité qu'ils doivent anticiper dans les hautes sphères : que faire si Intel n'a plus de sous ? Intel et le gouvernement ont fait un gros pari, qui peut réussir autant que foirer. C'est pour ça que Gina se démène pour trouver de gros clients à Intel, surtout à l'aube des élections (qui peuvent aussi changer la donne). Le hic, c'est que le gouvernement pourrait ne pas être très enclin à faire un sauvetage façon 2008 potentiellement impopulaire si la situation venait finalement à se présenter (supposons que le 18A est un flop...). Mais il ne tiendrait certainement pas non plus à perdre les usines de pointes d'Intel et ses technologies. Alors que faire dans ce cas-là ? Eh bien, tu "encourage" une autre entreprise américaine fortunée (aucune chance que les USA approuveraient une vente à une entreprise étrangère) à reprendre directement ou indirectement cette affaire en engageant ses propres moyens... Et Intel n'aurait pas son mot à dire dans ce contexte.
Nvidia a remplacer intel au dow Jones dans l'indice boursier aussi
Ça dit beaucoup de choses
On a une news prévue sur le sujet qui sera publié d'ici 30 mn 😉
"Ça n’a toutefois pas empêché l’action d’Intel de grimper dans le sillage de l’annonce de ces résultats, tandis que celle d'AMD, qui se porte pourtant mieux, a baissé"
Vous avez 4 heures 😄
Ce n'est pas trop compliqué. La bourse réagit souvent surtout aux projections. La déception de ce trimestre était largement attendue. De ce fait, elle était déjà prise en compte dans le cours de l'action.