Tsmc Cc Wei Trump Usa Annonce 3 3 2025

Pour le futur de l'IA... et pour échapper aux droits de douane imposés par les USA ?

Mise à jour du 04/03/2025 - Ce nouvel accord, qui permettrait par ailleurs à TSMC d'éviter les droits de douane de 25 % appliqués à l'ensemble de l'industrie, n'a pas manqué de soulever des interrogations, notamment vis-à-vis de Taïwan. En effet, le PDG de TSMC a déclaré que le nouveau projet impliquera la production des puces IA les plus avancées sur le sol américain.
Toutefois, face aux inquiétudes internationales et locales quant à la sécurité nationale de l'ile taïwanaise et au risque de voir son "silicon shield" se lever, le gouvernement taïwanais s'est empressé de clarifier qu'il s'assurera que TSMC "conservera ses processus de fabrication les plus avancés à Taïwan". Dernièrement, le gouvernement a donné son feu vert pour permettre à TSMC d'utiliser le 2 nm aux USA, mais ce n'est qu'à partir de 2028 que cette production américaine démarrera. Le ministre taïwanais des Affaires économiques a commenté : "l'année prochaine, les puces de 2 nm et de 1,6 nm ne seront pas produites aux États-Unis".

Le gouvernement taïwanais a également souligné qu'il doit encore évaluer et valider l'accord annoncé par les USA et TSMC, un processus qui prendra en compte les intérêts à la fois du pays et des investisseurs. Ceci semble suggérer que l'annonce a été faite sans que TSMC ait au préalable demandé les autorisations de son gouvernement indispensables pour un investissement de cette proportion à l'étranger. En revanche, le ministre Kuo Jyh-Huei précise bien qu'il avait été pleinement informé du projet à venir par TSMC. Il leur faut maintenant définir les conditions et les restrictions éventuelles pour son exécution, mais en somme, la bénédiction est déjà acquise. Le niveau d'implication du gouvernement taïwanais dans l'élaboration initiale de ce projet n'a toutefois pas été clarifié.

Pour l'anecdote, il se trouve que 30 % des investissements étrangers de TSMC ont aujourd'hui un lien direct avec les USA. À titre de comparaison, cette part est de 7,5 % pour la Chine. Celle pour l'Allemagne et pour le Japon est probablement encore moindre. De plus, il n'est pas à écarter que ce nouveau projet majeur puisse détourner l'attention de TSMC des autres régions. Enfin, un analyste estime qu'une fois tous les travaux - annoncés à ce jour - achevés, la production de TSMC aux USA ne représentera que 5 à 7 % de la production totale du fondeur taïwanais. (Source : Tom's, The Guardian)

NVIDIA aussi a réagi à la nouvelle.


Texte du 04/03/2025 - Dès son arrivée dans la Maison-Blanche, Trump avait clairement dessiné l'une de ses principales ambitions : mener des négociations à grands coups des droits de douanes à l'encontre de tous ceux "coupables" d'une forme ou d'une autre de concurrence déloyale à l'encontre des USA ! Taïwan, le centre du monde du semiconducteur, fait partie des cibles. Puis, en février dernier, toujours en agitant l'épouvantail des fameux "tariffs", les USA avaient mis un nouveau gros coup de pression à TSMC, auquel trois choix furent alors imposés, tels que détaillés ici par David.
De toute évidence, le fondeur taïwanais, numéro 1 de la production de semiconducteur, a choisi le premier, à savoir : "s'investir pleinement et sans restriction aux États-Unis et accepte de créer une usine dédiée au packaging, afin qu'elle puisse fabriquer de A à Z des puces fonctionnelles sur le sol américain, du wafer jusqu'au produit fini". Accessoirement, c'est la seule des trois options qui ne favorisait pas Intel. C'est assez peu surprenant. En réalité, TSMC a été mis face à un "non-choix". Il eût été assez improbable que TSMC opte pour supporter directement l'activité de fonderie de l'un des deux seuls rivaux potentiels. Bref, TSMC a donc "choisi" de mettre les bouchées doubles sur le territoire américain ! 

Le président Trump et le PDG de TSMC C.C. Wei ont conjointement annoncé le projet. Officiellement, TSMC s'engage à réaliser un nouvel investissement de 100 milliards de dollars aux USA. Celui-ci porterait alors à environ 165 milliards de dollars l'investissement de TSMC dans le pays. En effet, la somme indiquée en 2020 pour les premières installations en Arizona - qui produisent depuis peu des puces de 4 nm, a priori avec de très bons rendements - était de 65 milliards de $. Néanmoins, il n'est pas très clair si les deux projets sont amenés à se chevaucher et le cas échéant, dans quelle mesure. À ce jour, le premier complexe américain de TSMC prévoit trois phases depuis avril 2024 : phase 1 pour du 4/5 nm, phase 2 pour du 3 nm et phase 3 pour du 2 nm. Rappelons que, début 2025, Taïwan a clarifié ne plus être opposé à ce que TSMC utilise ses procédés les plus avancés ailleurs qu'à domicile.

Voici donc les grandes lignes du nouveau projet : 

  • Déroulement principalement toujours en Arizona
  • 3 usines de production
  • 2 usines pour le packaging
  • 1 centre de recherche et développement
  • 20 000 emplois permanents créés directement et indirectement, plus de 40 000 pour la construction
  • Apple, AMD, NVIDIA et Qualcomm mentionnés comme clients potentiels par le PDG
  • Grande importance pour la sécurité économique et nationale des USA selon Trump
  • Production de "puces IA"

Petite réaction enthousiaste de Lisa Su, PDG d'AMD. 

Voilà qui n'est pas rien ! Toutefois, ni la capacité des usines ni la nature des technologies qui pourraient y être utilisées n'ont été précisées. Trump s'est contenté de souligner que "les puces d'intelligence artificielle les plus puissantes du monde seront fabriquées ici même, aux États-Unis". C.C. De son côté, Wei aussi a dit que "nous allons [y] produire beaucoup de puces IA". L'emploi du temps non plus n'est pas encore très clair. Le communiqué de presse de TSMC dit que le projet soutiendra "40 000 emplois dans le secteur de la construction au cours des quatre prochaines années". Ceci sous-entend un début assez rapide des travaux et un début des opérations des premières nouvelles installations potentiellement à l'aube de 2030. Cela parait bien rapide et même peut-être un peu optimiste, même pour TSMC. Néanmoins, nous pouvons supputer que le fondeur taïwanais a déjà bien appris de sa première expérience et saura désormais naviguer bien plus aisément le terroir américain, et spécifiquement, celui de l'Arizona.
Encore une fois, il y a matière à être un poil dubitatif quant au choix de la région, connue pour son aridité et étant de plus en plus en proie à d'intenses périodes de sécheresse, alors que la production de semiconducteur nécessite de très grandes quantités d'eau... Enfin, est-ce vraiment TSMC qui financera le tout, tout seul ? Ceci n'a pas encore été précisé. Pour l'anecdote, la nouvelle administration américaine n'est pas une grande fan du Chips Act et préfère jouer sur d'autres leviers pour "motiver" les compagnies à entreprendre. Ainsi, le bureau responsable de la gestion du Chips Act est essentiellement en cours de démantèlement par l'inquisition DOGE. En l'occurrence, il n'est pas à écarter que cet investissement ait été concédé par Taïwan/TSMC en contrepartie de droits de douane réduits, voire nuls. 

En supposant que le nouveau projet se matérialise (ce qui n'est jamais garanti et encore faudra-t-il qu'il survive la présidence actuelle), ce serait assez indéniablement une grande avancée pour les USA. Pour TSMC, ce serait aussi une assurance supplémentaire face aux risques environnementaux (tremblement de terre, typhons) et géopolitiques (la Chine) auxquels est soumise son ile - mais peut-être pas tant pour cette dernière. La construction de deux usines de packaging en particulier sera très importante, puisqu'il s'agit à ce jour de l'un des goulots d'étranglement principaux dans la chaine d'approvisionnement du semiconducteur, surtout avancé. TSMC serait ainsi plus que jamais au plus près de ses plus gros clients. 

Mais qu'est-ce que cela signifie pour Intel ? On aurait pourtant pu croire qu'un gouvernement d'apparence aussi patriote aurait préféré supporter son champion local plutôt qu'étranger. Il semble assez clair que cette tournure des événements ne va en aucun cas améliorer les choses pour le fondeur américain, qui vient de lever le pied il y a quelques jours sur son complexe géant dans l'Ohio, un investissement également chiffré initialement à 100 milliards de $. En tout cas, difficile de voir beaucoup de hasard dans la succession des derniers événements. Intel, fabless, la prochaine étape ? À ce jour, les carottes paraissent bien cuites, Intel Foundry parait plus que jamais dans une impasse...

La vidéo complète de l'annonce.

Matt

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