Intronisé la semaine dernière, le nouveau PDG a été occupé dans un premier temps à clarifier ses intentions pour l'entreprise. Un aperçu de l'orientation générale que prendra son règne avait déjà été donné peu après sa nomination et avant même son arrivée au poste. Dans l'ensemble, la stratégie de l'entreprise ne va pas changer et il s'agira avant tout de poursuivre et de mettre à profit les projets en cours, que ce soit avec Intel Products et Intel Foundry, mais avec une approche différente. Mais, Lip-Bu Tan entend toujours organiser un "nouveau Intel" et donc continuer le processus de restructuration de l'entreprise. Dans une nouvelle lettre aux actionnaires, le nouveau PDG a également clarifié la feuille de route d'Intel pour ses différents marchés :
Nous renforcerons encore notre position au second semestre de cette année avec le lancement de Panther Lake, notre produit phare sur Intel 18A, suivi de Nova Lake en 2026.
Près des trois quarts des charges de travail des principaux centres de données dans le monde fonctionnent également sur le silicium d'Intel. Cela dit, la force passée n'est pas un prédicteur du succès futur, et il est clair que nous devons améliorer notre jeu. Il est bon de voir que le nouveau portefeuille Xeon 6 commence à combler les écarts avec la concurrence et à réaffirmer le leadership d'Intel sur ce marché important. Nous prévoyons d'en tirer parti avec Clearwater Forest, notre premier produit serveur Intel 18A, qui sera lancé au premier semestre 2026.
En ce qui concerne le centre de données Al hyperscale, je constate que les clients ont clairement besoin d'un calcul moins coûteux et plus efficace. La position de leader d'Intel en tant que processeur hôte pour les serveurs Al est une base solide sur laquelle nous pouvons nous appuyer, en particulier lorsque le marché évolue vers des applications d'inférence sur site et des applications Al en périphérie. Mais il ne fait aucun doute que nous devons renforcer notre position sur le marché des centres de données Al basés sur le cloud en développant des solutions compétitives de systèmes à l'échelle du rack, ce qui sera une priorité essentielle pour moi et l'équipe.
Lip-Bu Tan, PDG d'Intel.
On devine bien que les plans immédiats sont effectivement inchangés. Donc, rien de très nouveau ici. Toute l'attention d'Intel est maintenant d'abord sur le 18A, avec ses propres produits des familles Panther Lake, Clearwater Forest et, plus tard, Nova Lake. Lip-Bu Tan ne fait que rappeler les travaux en cours. Cependant, il souligne également qu'Intel veut à l'avenir se concentrer sur des solutions complètes de rack pour les data centers, ce qui amènera à une concurrence plus directe avec NVIDIA et ses solutions NVL. AMD aussi s'intéresse désormais à ce type de produit et a d'ailleurs racheté un fabricant de serveurs l'été dernier. Autrement dit, AMD et NVIDIA ont une grande longueur d'avance sur Intel, qui a encore tout à faire sur ce segment.
Quasi inexistant, Intel l'est d'ailleurs aussi sur le marché de l'accélérateur IA. Gaudi 3 a manqué ses objectifs et Falcon Shores a été relégué au rang de simple produit d'essai. Lip-Bu Tan n'a même pas mentionné Jaguar Shores, le successeur de Falcon Shores attendu en 2026, et a surtout mis en avant ce qu'Intel sait déjà faire relativement convenablement dans ce domaine, à savoir du CPU.
Enfin, Intel Foundry et l'ambition d'être un fondeur au service des autres ne sont pas oubliés. Le développement de cette activité va rester au cœur de la stratégie et des ambitions d'Intel, que ce soit avec les services de production ou de packaging avancé. Évidemment, lutter avec TSMC et Samsung ne sera pas une mince affaire.
Nous sommes ravis de commencer une production en grand volume sur Intel 18A à notre dernière fab en Arizona plus tard dans l'année et nous attendons avec impatience de poursuivre le travail avec les États-Unis. L'administration doit renforcer la technologie et le leadership du pays en matière de fabrication.
Lip-Bu Tan, PDG d'Intel.
Notez que pour la première fois, à notre connaissance, "Intel 18A" et "production en grand volume" sont associés positivement au sein d'une même phrase chez Intel. Celle-ci va donc démarrer cette année en Arizona, dans la dernière usine en date du site, à savoir la Fab 52. Le PDG parle aussi de "poursuivre le travail avec les États-Unis". On imagine qu'il entend par là obtenir de nouveaux contrats de productions avec le gouvernement, mais aussi que celui-ci "encourage" les entreprises américaines à produire plus sur le territoire américain, ce qui pourrait un peu faciliter la prospection de nouveaux clients sur laquelle Lip-Bu Tan veut aussi se concentrer. Par ailleurs, l'avenir du complexe en Ohio, sur lequel Intel a levé le pied pour l'instant, dépendra assurément de ces derniers points.
Enfin, il y a eu en parallèle quelques changements au sein du comité de direction de l'entreprise, une entité qui influe beaucoup sur la stratégie de l'entreprise et son PDG, et est de surcroit quasi intouchable, hormis par les (gros) actionnaires. Ainsi, bien que beaucoup moins apparent, le comité d'Intel a souvent été critiqué aussi pour son rôle dans les dérives de l'entreprise ces dernières années. Trois membres ne vont pas se représenter lors de l'assemblée annuelle du 5 mai 2025 et quitteront ainsi leur fonction, ce qui ramènera à 11 le nombre de membres, contre 14 depuis décembre 2024. Les membres qui partent sont :
- Dr. Omar Ishrak, ex-PDG de Medtronic.
- Dr. Risa Lavizzo-Mourey, ancien professeur de l'Université de Pennsylvanie dans le domaine de la santé de la population et de l'équité.
- Tsu-Jae King Liu, doyen de la faculté d'ingénierie de l'université de Berkeley, spécialisé dans la microélectronique.
Avec ces départs, le nouveau conseil d'administration ne sera plus composé de membres issus du secteur de la santé et aura un membre issu du monde universitaire en moins. Il sera désormais composé de 5 administrateurs issus des domaines de la finance, de l'investissement et du commerce électronique (donc toujours 5 de trop ?), un universitaire spécialisé dans l'ingénierie électrique et les semiconducteurs, un membre issu du secteur des ordinateurs personnels et trois directement issus de l'industrie du semiconducteur. Ces 3 départs font suite à l'arrivée simultanée fin 2024 d'Eric Meurice, ex-PDG d'ASML et Steve Sanghi, PDG par intérim de Microchip Technology. Ainsi, dans l'ensemble, le conseil d'administration version 2025 sera tout de même bien plus axé sur l'industrie Tech en général et du semiconducteur en particulier, ce qui pourrait faciliter le travail du nouveau PDG.
Nous nous engageons à avoir la bonne combinaison de compétences, de qualifications et d'expertise technique au sein du conseil d'administration. En 2024, nous avons ajouté Eric Meurice, ancien président, directeur général et président d'ASML, et Steve Sanghi, président et directeur général par intérim de Microchip, en tant qu'administrateurs indépendants. Eric et Steve sont des leaders accomplis et très respectés dans l'industrie des semi-conducteurs, dont l'expertise technique approfondie, l'expérience de direction et la rigueur opérationnelle font d'eux de grands ajouts au conseil d'administration d'Intel - et ils ont eu un impact immédiat. Nous sommes également heureux que Lip-Bu siège à nouveau au conseil d'administration.
Frank D. Yeary, président du conseil d'administration d'Intel.
(Sources : Tom's, Reuters, Hardwareluxx)

Il rassure beaucoup sur les projets de foundries... mais je ne l'ai pas trop entendu parler des gpu ?
Probablement pas la priorité, Intel ne pèse pas lourd sur ce marché et il faut autant se relever sur le marché du CPU leur coeur de métier, que de percer sur celui de l'IA bien plus lucratif.
Intel a probablement bien du mal à rentabiliser les coûts de R&D des GPU.