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En pleine crise, Intel ne peut plus ignorer les faiblesses de son projet très (trop ?) ambitieux, d'autant plus face à un marché insatisfait des mesures prises jusqu'à présent. Alors, quelles sont les autres solutions ?

Il se passe en ce moment difficilement une semaine sans qu’une mauvaise nouvelle circule au sujet d’Intel. Héritée en partie de trop longues années de complaisance, le fondeur est actuellement définitivement en pleine crise, autant financière qu’humaine, et dont la sortie n’apparait pas encore à l’horizon à ce stade. Plusieurs mesures ont déjà été prises successivement depuis l’arrivée de Pat Gelsinger. Par exemple, les ventes de certaines activités, des licenciements... Mais en parallèle, le fondeur s’est aussi engagé dans le projet ultra-ambitieux, risqué et onéreux d’être le numéro 2 de la fonderie d’ici à 2030 ! 

Hélas, la réalité est revenue frapper à la porte récemment encore et briser davantage le rêve. Suivant l’annonce de ses mauvais résultats, Intel a annoncé de nouvelles actions d’austérité pour tenter de calmer les inquiétudes. Cependant, le PDG lui-même a admis hier lors d’un entretien que le marché n’est pas/plus convaincu que cela sera suffisant à rectifier une trajectoire, qui a pour l’instant mené Intel à sortir du top 10 des producteurs de puces par valeur de marché. 

Ces quelques semaines ont été difficiles. Nous avons donc travaillé dur pour résoudre ces problèmes et, lors de la présentation des résultats, nous étions déterminés à donner une vision claire, non seulement de notre situation, mais aussi des prochaines étapes à franchir pour la phase suivante de notre stratégie. Il est évident que le marché n’a pas réagi positivement. Nous le comprenons, et nous prenons au sérieux ce que le marché nous dit, et nous l’entendons clairement.

Bref, il semble clair que le fondeur est encore loin d’en avoir fini à devoir lâcher du lest… Justement, s’il y a bien un élément qui pèse vraiment très lourd pour Intel, c’est Intel Foundry et ses usines, existantes et futures. Une opération qui coute très cher, forcément. Pour ne rien arranger, Intel est à ce jour le seul vrai gros client d’Intel Foundry. Mais, bien que, les revenus de l’Américain soient dans l’immédiat toujours plutôt élevés, ses ventes ne se portent pas réellement au mieux en ce moment et ne suffisent visiblement pas à compenser la lourde note de la division fonderie. Ce, en dépit aussi des nombreuses subventions. Alors, que faire ? 

Intel Silicon Junction Europe 2022

Le futur "Digital" imaginé par Intel en 2022 pour l’Europe est plus que jamais incertain. Que restera-t-il à la fin de la fameuse "Silicon Junction" ?

Plan B ?

Selon Bloomberg, Intel serait à présenter en pourparler avec des banques d’investissements pour évaluer les différentes options, qui tournent principalement autour de l’activité de fonderie d’Intel, sans surprise. A priori plusieurs seraient sur la table, y compris une cession concrète d’Intel Foundry d’Intel ! Voilà qui ne manquera pas d’évoquer le souvenir d’AMD et sa séparation en 2008 de ses usines, tout simplement parce que l’entreprise n’avait plus les moyens de les faire tourner. L’opération a donné naissance à GlobalFoundries. Ensuite, il aura fallu à AMD plus de 10 ans pour vraiment remonter la pente. Certes, les circonstances n’étaient pas tout à fait les mêmes par rapport à celles auxquelles Intel est confronté aujourd’hui.

Concrètement, Intel se porterait financièrement probablement bien mieux sans le poids de ses fonderies, mais ça marquerait alors définitivement la fin du rêve de Pat Gelsinger (et donc peut-être de son règne ?). Bon, une séparation d’Intel de ses fabs n’est certainement pas la première option sur la table pour l’instant, au moins pour Intel. Toujours est-il qu'une opération aussi drastique - mais potentiellement inévitable - serait une sacrée secousse pour l’industrie du semiconducteur. 

Plan A ?

En attendant, il y a d’autres possibilités qui seraient à l’étude et avec lesquelles Intel est déjà plus familier. Par exemple, suspendre/annuler, des projets de constructions et/ou d’expansion, ce qu’Intel a déjà fait en Israël. Par ailleurs, l’Allemagne aussi commence à s’inquiéter d’un tel risque. Derrière le plan d’un complexe géant de l’Ohio (potentiellement 8 fabs d’ici à 2040 pour 100 milliards de dollars, autant dire que ce n’est pas pour demain), l’établissement géant planifié à Magdebourg en Allemagne est le second projet phare d’Intel. Ces deux-là sont donc assurément les projets les plus examinés en ce moment. Enfin, une autre solution pourrait aussi être de chercher de nouveaux partenaires pour le financement. Ça, Intel l’a déjà fait également, par exemple en Arizona avec Brookfield Investements et en Irlande avec APO. Il semble déjà assez clair qu’Intel n’est actuellement pas capable de s’en sortir seul financièrement et qu’il a besoin de tiers pour endosser une partie de la facture. Mais qui sait, ça ne servirait peut-être qu’à retarder l’inévitable...

Il faut s’attendre à de fortes réductions des dépenses d’investissement de la part d’Intel au cours des 12 prochains mois. Le modèle d’Intel est effectivement cassé. Il lutte contre les incendies sur trop de fronts.

Les propos pas alarmants du tout d’Amir Anvarzadeh, stratège de marché chez Asymmetric Advisors. 

Sauve qui peut ?

Parallèlement, il est difficile à croire que tout cela ne sera pas accompagné de nouveaux licenciements, en plus de ceux déjà planifiés. Mais seront-ils les "bons" cette fois-ci ? Récemment, un membre influent a soudainement quitté le conseil d’administration d’Intel. Officiellement, le vétéran Lip-Bu Tan est parti pour des raisons personnelles et il a affirmé continuer à soutenir l’entreprise et son travail. Néanmoins, derrière les rideaux, il aurait été en fort désaccord sur plusieurs points avec ses homologues : une gestion d’un personnel trop pléthorique, une organisation trop complexe avec des postes redondants et trop de managers inutiles, une culture paralysante d’aversion au risque et une stratégie défaillante vis-à-vis de l’IA... Voilà qui fait beaucoup et peint un bien mauvais tableau. On dit parfois d’une entreprise qu’elle est "trop grosse pour faillir". Mais avec Intel, il semblerait qu’il soit plutôt question de "trop grosse pour réussir". En tout cas, ce départ fut un énième mauvais signal, difficile à ignorer. Et c'est sans compter les talents qui sont partis plus silencieusement récemment aussi vers d'autres aventures, notamment pour fonder leur propre entreprise. 

Que va-t-il se passer maintenant ? Mystère. Ces nouvelles informations sont encore officieuses et proviennent d’un insider référencé par Bloomberg. Cependant, rien de tout ceci ne parait improbable au vu de la situation. Rendez-vous alors pour la suite, au prochain épisode ! Le feuilleton est encore loin d’être terminé... (Source : Bloomberg, Computerbase)

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Matt


  • Et quand on voit que GloFlo s'est arrêté au 14 nm justement par manque de compétitivité (et que durant le COVID, où il y avait pourtant une forte demande, on en a peu entendu parlé), ces nouvelles sont très (très) loin d'être rassurantes !

  • Il y a eu un avant 2025, il y aura un apres 2025 en matiere de semi-conducteurs

    A partir de l'annee prochaine, rien ne sera plus comme avant au pays du hardware

    La bulle de l'I.A. est le chant du cygne du silicium

    Non pas que les puces silicium disparaitront, loin de la, mais ca deviendra un truc banal comme une voiture, par exemple

    Le truc dont tout le monde a besoin, mais qui ne fait plus tellement rever

  • J’ai confiance dans les États Unis pour maintenir la fonderie chez Intel simplement à cause de conflits géopolitiques actuels 

    parconte concernant l’image et la fiabilité d’intel cela comme à devenir problématique pour ses futurs clients potentiels qui seront indispensables 

    bref je doute que Intel se sépare des activités de fonderie 

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