Beaucoup de choses ont été abordées par le PDG de Silicon Motion lors d'un entretien avec Tom's Hardware US. Le SSD PCIe 6.0 a bien entendu figuré parmi les sujets discutés. Wallace C. Kou en a aussi profité pour faire son état des lieux et partager sa vision du SSD et de son contrôleur.
Avant toute chose, le PDG de SMI s'est félicité du fait qu'avec le SSD PCIe 5.0, son entreprise se trouve désormais dans une position très favorable et inédite, en particulier sur le haut de gamme. À tel point que l'entreprise ambitionne d'atteindre les 60 % de ce segment avec le SM2508 (pourtant arrivé bien tardivement) dès le mois de juillet et un minimum de 50 % du segment mainstream l'année prochaine avec le futur SM2504XT. Dans l'ensemble, SMI est convaincu de pouvoir prendre 40 % des parts du marché du SSD "client" au cours des 3 prochaines années, contre environ 30 % actuellement, et ce, en grande partie grâce au marché des OEM. En effet, la part de la vente au détail du SSD ne cesse apparemment de devenir de plus en plus faible. Par ailleurs, les fabricants de modules SSD (comme ADATA, Kingston, Biwin, Longsys, Sabrent, etc.) sont a priori plus que jamais en position de force face aux fabricants de SSD et de NAND, comme Samsung, Micron et WD, vis-à-vis des OEM.
Concernant le PCIe 6.0, le PDG de SMI a confirmé que leur premier contrôleur destiné aux entreprises est en phase de conception. Il possédera 16 canaux NAND et sera fabriqué en 4 nm chez TSMC. Il souligne que l'investissement requis pour cette génération sera très conséquent, ce qui aura d'ailleurs pour effet de rendre l'accès à ce marché très difficile. Avec le SSD PCIe 5.0, en raison des exigences et contraintes techniques et des couts de conception élevés, la concurrence a déjà bien diminué, nous explique le boss de SMI. Et elle le serait encore davantage avec le SSD PCIe 6.0, dont la mise en œuvre sera encore plus complexe et contraignante. Wallace C. Kou pense même qu'aucun fabricant chinois ne sera en position de proposer des conceptions en PCIe 6.0 pour le marché des entreprises. Enfin, selon lui, les prix des contrôleurs PCIe 6.0 y seront au minimum 25 à 30 % plus chers que les solutions actuelles en PCIe 5.0.
Côté entreprise, l'entrée en service du PCIe 6.0 est anticipée pour vers de la fin de 2026. Idéalement, les premiers SSD PCIe 6.0 arriveraient dans la foulée des lancements de la plateforme Rubin chez NVIDIA et des solutions Hélios (avec Instinct MI400 et EPYC Venice) chez AMD, pour satisfaire les besoins de stockage "à chaud" toujours plus importants avec le calcul haute performance. Le SSD PCIe 6.0 devrait grandement contribuer à faciliter et à accélérer les communications directes entre SSD et GPU. Pour le stockage traditionnel en entreprise, le PDG de SMI pense que le PCIe 6.0 pourrait ne pas être utile avant 2028.
Enfin, en ce qui concerne nos PC, la bande passante de 32 Go/s du SSD PCIe 6.0 x4 pourrait leur échapper au moins jusqu'en 2030 ! Le message de Wallalce C. Kou à propos du SSD PCIe 6.0 pour le grand public est assez clair :
Vous ne verrez pas de PCIe Gen6 avant 2030. Les équipementiers PC ont très peu d'intérêt pour PCIe 6.0 à l'heure actuelle - ils ne veulent même pas en parler. AMD et Intel ne veulent pas en parler. C'est pourquoi nous sommes très satisfaits de la situation, car nous dominons le PCIe 5.0, tant pour les contrôleurs à 8 canaux que pour les contrôleurs à 4 canaux. Au cours des quatre prochaines années, nous serons dans une position confortable pour continuer à croître sur le marché des clients.
Rien de bien surprenant en fin de compte. Le PCIe 5.0 nous suffit déjà amplement, autant pour le GPU que le stockage, et a encore beaucoup à conquérir. Le PDG de Silicon Motion ajoute aussi que les prix des contrôleurs SSD PCIe 3.0 et 4.0 vont encore graduellement baisser grâce à une concurrence accrue avec l'arrivée de nouveaux acteurs, tels que le chinois Maxio. Tant mieux ! Il estime que le SSD PCIe 4.0 restera de la partie encore pendant au moins 3 à 5 ans.
En somme, ne nous attendons pas à avoir des cartes mères mainstream avec PCIe 6.0 de sitôt. Ce qui n'est pas plus mal, les mobales actuelles étant déjà bien assez chères... Ça n'en reste pas moins une rupture par rapport au passé durant lequel nos PC adoptaient presque immédiatement les nouvelles versions de l'interface PCIe. Toutefois, sa complexité croissante force désormais un ralentissement de la cadence, y compris côté pro. Ceci n'a pas empêché le PCI-SIG de finaliser le PCIe 7.0, mais à ce stade, c'est plus symbolique qu'autre chose. Pour rappel, les spécifications du PCIe 6.0 avaient été finalisées en janvier 2022 !
En parallèle, SMI travaille naturellement aussi à réduire ses couts et considère notamment de se tourner vers Samsung Foundry pour y parvenir. Par exemple, le jour où le besoin de réduire les prix ou de protéger ses marges se fera vraiment ressentir, SMI pourrait opter pour le 8 nm de Samsung comme substitut au 12 nm de TSMC, ou encore le 5 nm du coréen en remplacement du 6 nm du taïwanais. Il ne s'agirait pas de doubler l'approvisionnement d'un contrôleur existant et donc d'en avoir deux versions différentes dans la nature, mais d'en faire fabriquer un nouveau, le changement de fondeur impliquant de toute façon de redessiner le tout. Ainsi, selon les évolutions du marché, SMI pourrait lancer des contrôleurs - y compris PCIe 5.0 - fabriqués par Samsung, mais probablement pas avant deux ans au plus tot. (Source : Tom's)
