Avant toute chose, remettons un peu les choses au clair. Officiellement, chez Samsung le 3 nm avait commencé en 2022 avec le SF3E (3 nm "early"), également nommé 3GAE (3 nm Gate-All-Around Enhanced). Ensuite a été introduit le SF3 avec les MBCFET, une version raffinée de la technologie GAA du fondeur. SF3 devait sensiblement améliorer les choses par rapport au SF3E. La première version du SF3 est nommée 3GAP et il s’agit donc du 3 nm de seconde génération. Initialement, Samsung avait aussi prévu un SF3P-3GAP+ ("P" pour "Performance"), une évolution du procédé SF3. Mais à ce jour, l’on ne sait pas trop ce qu’il en est de celui-ci et où il en est. Tout semble indiquer que Samsung Foundry chercherait maintenant plutôt à accélérer sur le SF2, afin de tourner la page de son aventure catastrophique avec le 3 nm, qui à ce jour n’aura eu de mérite que d’avoir apporté en premier les transistors GAA sur le marché. Une victoire technique néanmoins sapée par l’incapacité notable du fondeur à produire suffisamment de puces fonctionnelles et qui a donc rebuté les clients potentiels.
En effet, avec le procédé SF3-3GAP, Samsung Foundry obtiendrait actuellement environ... 20 % de puces utilisables ! Ce serait loin, très loin des objectifs de production fixés. Autant dire que c’est très mal engagé pour arriver à signer des contrats de production avec qui que ce soit d’autre que Samsung Electronics... Même les entreprises sud-coréennes, pourtant plutôt loyales à Samsung et patriotiques, préfèrent désormais se tourner vers TSMC. À titre de comparaison, les rendements obtenus avec le SF3E-3GAE (3 nm première génération) auraient fini par atteindre au mieux les 50 à 60 %. Relativement insuffisants pour un usage commercial, mais quand même assez acceptables pour la première itération d’une nouvelle technologie. Autrement dit, Samsung a réussi à faire pire avec son second jet, alors que celui-ci est généralement censé améliorer les choses ! L’objectif de rendement pour les deux générations 3 nm était a priori de 70 %...
Au vu de ces résultats, on peut effectivement comprendre que Samsung veuille absolument passer à autre chose et plus spécifiquement, au SF2. En somme, faire un peu comme Intel qui a laissé tomber le 20A pour se concentrer sur le 18A. Néanmoins, l’on peut douter un peu de la pertinence de passer au procédé suivant alors que le procédé actuel ne semble même pas être maitrisé... Certes, beaucoup de choses ont probablement été apprises de l’expérience et pourront être transposées à la suite, mais ça n’invite quand même pas vraiment à l’optimisme. Il est évident qu’il y a un gros décalage entre ambitions et réalité chez Samsung - le co-PDG lui-même a tiré la sonnette d’alarme. Difficile à croire que le SF2 sera plus simple à mettre en œuvre, mais qui sait ? En attendant, l’objectif serait d’introduire le procédé avec l’Exynos "Ulysses" en 2027 avec les Galaxy S27. Mais marquera-t-il la fin de l’Odyssée ? (Source : Wccftech)
Bon ben voila, on arrive a la limite, après 60 ans de loi de Moore
Et il n'y a pas de plan B
Ce n’est pas ce qu’en pense TSMC. Il y pleins de technologies qui sont développé à côté des processus de gravure et qui apporte aussi leur lot d’amélioration.
Sans compter la phase de l’angstrom qui va démarrer. Les scanners high NA EUV ne sont pas là pour décorer la pièce.
Le monde n'est pas infini. Et si même il l'était, l'humain ne l'étant pas, les limites existeront toujours (arriverons-nous un jour à sortir durablement de la ceinture de Van Allen par exemple ?).
Pas de plan B ? ... les puces à finesse de gravure actuelle sont largement suffisant pour tout ce dont on a besoin. L'humanité n'a toujours pas réussi à absorber culturellement et "biologiquement" le bond technologique des 40 dernières années. Donc calmos, tout va bien. De plus, il y a des gains majeurs à faire en algo, en architecture software ET hardware à finesse de gravure similaire. Étant dans la recherche, j'espère que les crédits publiques et investissements privés vont aller dans ce sens, et que ça va (re)foisonner comme dans les années 90 plutôt que suivre l'autoroute "facile" pour qui avait le capital (quasi-monopole) de pouvoir graver plus fin, générations après générations de puces.
La facilité qui a été donné d’augmenter les performances uniquement par amélioration de la finesse de gravure a phagocyté les crédits pour toutes les autres pistes d'amélioration. Une bonne chose que cela soit fini à mon avis : moins de fuite facile en avant technologique, plus de jus de cerveaux et donc plus d'innovations majeures à venir. Enfin, on va sortir des sentiers tracés tout droit et clairement ennuyeux
Hop, une petite limite supplémentaire dans la bulle IA generative
https://next.ink/157400/ia-generative-la-course-au-plus-gros-modele-commence-a-montrer-ses-limites/
Je cite cet article de Next :
"Des besoins d'optimisation: Ce plafond de verre de la course aux modèles toujours plus gros pose aussi des questions sur la place de NVIDIA dans cette industrie. Cette course au « toujours plus » plaçait le producteur de GPU dans une situation idéale de pourvoyeur de puissance inévitable pour créer des modèles toujours plus puissants. Mais il est donc possible que les besoins en calcul ne suivent pas l'évolution prévue et que les espoirs de certains investisseurs soient quelque peu douchés."
Martin Clavey, le 12 novembre à 17h30