Vitrine Collection Cpu

"Un transistor pour les gouverner tous et dans l'IHS les lier." Retrouvez le premier épisode des aventures du H&Collectionneur de CPU, votre saga de l'été.

Ci-dessus, votre épisode en version podcast

5h du mat', Eric se tourne et se retourne sous ses draps, incapable de calmer cette démangeaison qui l'obsède autant qu'elle le berce. Il se gratte, se frotte et se caresse un peu en songeant qu'un jour, il faudra bien qu'il se débarrasse de ses puces mais... demain, le mois prochain, l'année prochaine, la prochaine fois qu'il changera de boulot peut-être... Il se sait résolument incapable de tuer ces bestioles dont il se repaît autant qu'elle se nourrissent de lui.  Son état est celui de la stupeur ensommeillée : ni tout à fait endormi, ni tout à fait réveillé. Cela fait désormais des années que les puces ne le laissent plus sombrer dans le sommeil du juste et qu'il passe ses nuits en mode veille, brûlant peu de calories mais générant tout de même de la chaleur car son esprit affûté travaille en permanence.

5h30, le réveil sonne et il ouvre ses yeux fiévreux, sort de son lit défait par sa nuit agitée et sa journée commence. Devant son miroir, il se passe de l'eau sur le visage et trace délicatement, du bout de son doigt, les contours de la morsure de la puce. Les boursouflures de sa peau, là où la puce s'est accrochée forment presque une plaie sous la lueur blafarde de l'unique néon de sa salle de bain. "Bon, ce soir, je change, se dit-il. Je remise cet Athlon XP et j'en choisis un avec moins de pins parce que ça va finir par se voir !"

Au bureau, chez Hardware & Co, ses collègues ne connaissent pas son terrible secret et il entend bien que cela continue comme tel. Ils savent bien qu'il y a quelque chose qui cloche chez lui mais ils n'arrivent pas à mettre le doigt dessus. Il avait longtemps tergiversé avant de publier son dernier dossier, de peur de leur mettre la puce à l'oreille mais bon, à force de publier des tests, ils se doutaient forcément qu'il commence à en avoir pas mal, des processeurs. Alors plutôt que les garder pour lui, secrètement, autant en faire un papier pour qu'ils continuent à croire que, s'il les conserve, c'est strictement professionnel. "S'ils savaient, se dit-il en s'habillant, un sourire tendre et énigmatique accroché aux lèvres."

7h, l'heure des braves. Avant de mettre en place son setup, coller des sondes et lancer ses premières boucles de test de la journée, il fait un tour sur le site. Matt', qui porte bien son nom, est debout depuis 4h du mat' et a déjà préparé deux billets, David a déniché 5 bons plans incroyables et Thibaut a réussi à trouver 3 nouvelles blagues de teub dans sa collection de vidéos dédiées à l'étalon italien (non, il ne s'agit pas de Rocky Balboa, vous êtes mignons). La journée commence bien ! "Haha, il me fait bien marrer, Titi, avec sa collection ! La mienne est autrement plus impressionnante, osée et réservée à un public averti !". Ça y est. Il n'a pas encore commencé à bosser qu'il est déjà en train de craquer et se rend dans l'aile ouest de sa demeure, celle qui est couverte de vitrines.

Du sol au plafond, les pièces sont comme tapissées de processeurs, à perte de vue. Il n'est pas outrageusement riche et toute sa maison paraît, pour le visiteur, souffrir d'un délabrement avancé ainsi que d'un flagrant manque d'enthousiasme pour les tâches ménagères. Toute sa maison, sauf cette aile là, immaculée et dépourvue du moindre grain de poussière. Devant sa collection, il ne semble prêter attention qu'aux rares espaces qui suggèrent un trou, un vide, une absence. Une insupportable carence qui lui donne de l'urticaire et l'empêche de dormir depuis des décennies. Sa dernière frustration est récente. "Un processeur 5600X3D réservé au marché américain, disponible chez un seul revendeur ? Je veux l'avoir et je l'aurai ! Il me le faut ! jure-t-il en criant, d'une voix si haut perchée qu'elle en fait trembler les vitrines.".

Il entame alors ce qui est pour lui devenu une routine : il navigue dans sa collection comme dans un musée, s'arrête de temps en temps en se mordant la lèvre inférieure lorsqu'une puce le renvoie vers des souvenirs émus, presque charnels. "Aaaaaah, mon 2600k, toi qui étais si beau et si gourmand, on en a vécu des moments intimes toi et moi. T'en souvient-il, mon amour ? Tu étais insatiable à l'époque, dommage que l'âge ait finit par te rattraper..." puis il poursuit sa ronde et songe à tous ces processeurs sur lesquels il n'a pas encore réussi à mettre, ni la main, ni une autre partie de son anatomie. Comme un mantra, il en répète la liste dans sa tête ad nauseam et finit par sortir de son antre, pour se mettre au travail pour de bon. Il est 16h et il n'a encore rien fait.

Retrouvez, la semaine prochaine, la suite des aventures du H&Collectionneur de CPU.

Hnco


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