Mise à jour du 31/10/2023 - Finalement, les pourparlers entre Koxia et WD ont capoté, il y a de ça un peu moins d’une semaine. Pourquoi ? Face à l’impossibilité d’obtenir l’accord favorable de SK Hynix (actionnaire indirect important de Kioxia via un consortium formé par Bain Capital et opposant majeur au projet de fusion) et des désaccords sur les conditions de fusions avec Bain Capital (consortium japonais, actionnaire majoritaire de Kioxia), Western Digital a dû se résigner à informer l’ancienne division mémoire de Toshiba de sa décision de se retirer du projet. De toute évidence, c’est a priori bien l’opposition du coréen SK Hynix (numéro 3 de la NAND avec 17,8 % du marché) qui aura avant tout poussé à cette conclusion. Voici ce qu’avait déclaré Kim Woo-Hyun, le Chief Financial Officer de SK Hynix lors de la dernière annonce des résultats financiers :
L’entreprise ne donne pas son accord à l’accord pour le moment, compte tenu de l’impact global sur la valeur de l’investissement de l’entreprise dans Kioxia. [...] Veuillez comprendre que nous ne pouvons pas divulguer les raisons spécifiques ni commenter le processus de l’accord en raison des accords de confidentialité avec Bain. Mais je tiens à préciser une chose, nous prendrons la décision dans l’intérêt de toutes les parties prenantes, non seulement des actionnaires, mais aussi de Kioxia."
Bref, il n’y aura pas de fusion entre Kioxia et WD, du moins pour l’instant. Attention, cet échec ne remet toutefois pas en question le partenariat entre les deux entreprises. Elles continueront leur travail commun pour la NAND d’aujourd’hui et de demain, ainsi que le partage d’usines via leur joint venture. (Source : Nikkei, via Tom’s)
Texte originel du 23/10/2023 - Le prochain (et possiblement dernier) épisode se profile à l’horizon pour cette histoire impliquant Kioxia et Western Digital (WD), et plus spécifiquement leur division NAND respective. Nous en parlions encore il y a quelques jours, les deux constructeurs souhaitent fusionner cette portion de leur activité économique. Désormais plus précise (mais toujours officieusement), l’idée serait de former une société holding - côté en bourse au Nasdaq - méticuleusement planifiée pour y consolider les deux opérations. Le projet pourrait être soutenu par un consortium de banques japonaises majeures, avec la possibilité d’une contribution financière de 12,7 milliards de dollars. La répartition des parts entre Western Digital et les actionnaires de Kioxia prévue serait de 51/49. Par ailleurs, Toshiba possédant 40 % des parts de Kioxia (ex-Toshiba Memory Corp.), le géant japonais détiendrait par conséquent 19,6 % de la future société.
Le marché de la commodité qu’est la NAND étant devenu assez difficile à naviguer, notamment dernièrement avec les fluctuations de la demande, et exigeant des investissements toujours plus lourds pour pouvoir continuer à faire évoluer les technologies (autant pour la R&D, que la construction des usines), il semble assez évident que le projet aurait un intérêt d’un point de vue financier, ainsi que stratégique. Mais allez savoir qui de Kioxia et de WD y gagnerait/en bénéficierait le plus... Toujours est-il que le résultat de ce mariage serait la naissance d’un nouveau géant et numéro 1 de la NAND avec 34,3 % des parts, à un cheveu devant Samsung, le leader actuel avec 31,1 % d’après les chiffres de TrendForce pour Q2 2023. Une idée qui ne doit pas plaire en Corée du Sud. Sans surprise, la suggestion de SK Hynix (actionnaire de Kioxia représentant 17,8 % du marché de la NAND) de l’autre jour n’a visiblement intéressé personne, pour l’instant.
Quand bien même les entreprises et les acteurs économiques arriveraient à se mettre d’accord pour annoncer quelque chose encore ce mois-ci, comme l’entend la dernière rumeur rapportée par le journal Kyodo News, il leur faudra ensuite inévitablement arriver à surmonter les barrages administratifs et (géo)politiques que représentent les autorités de régulation des marchés des différentes régions du monde. Le semiconducteur est devenu un sujet très sensible et par conséquent, tout ce qui s’y passe n’a probablement jamais autant été scruté de près. La plupart des regards se tourneront naturellement vers la Chine, qui a récemment fait capoter la tentative d’acquisition du fondeur israélien Tower Semiconductor par l’Américain Intel. Autrement dit, une telle fusion ne promet pas d’être une mince affaire, d’autant moins que la Chine aussi à des intérêts dans la NAND 3D par l’intermédiaire de YMTC, fortement sanctionné par les USA.
D’un autre côté, une telle consolidation serait-elle une bonne chose pour le marché de la NAND ? Quelles pourraient être les implications pour la continuité d’une concurrence saine - si tant est qu’elle y existe vraiment toujours à ce jour, ce dont il est déjà (largement) permis d’en douter ? Bon, en pratique, WD et Kioxia ne sont déjà pas réellement des concurrents. Au fond, ça pourrait donc ne rien changer, ou pas grand-chose dans l’immédiat. Mais il n’empêche que ça ferait toujours virtuellement un acteur en moins... Allez, à quand une union coréenne des activités NAND de SK Hynix (qui a absorbé le business NAND d'Intel, ne l'oublions pas) et Samsung ensuite pour mieux concurrencer le géant américano-japonais ?