Mise à jour du 16/08/2023 : la rumeur avait commencé à circuler hier encore dans la soirée qu’Intel s’apprêtait à laisser tomber. Eh bien voilà, la nouvelle est officielle depuis tôt ce matin (chez nous ), Intel a annoncé la fin de l’acquisition de Tower Semiconductor ! Le fondeur ne mentionne pas spécifiquement l’absence de réponse de la SAMR comme étant la raison de cet échec et s’est contenté d’affirmer avoir mis fin à l’accord en raison de "l’impossibilité d’avoir pu obtenir les approbations réglementaires requises" en temps et en heure. Cette résiliation coutera 353 millions de dollars de dédommagement à Intel en faveur de Tower, quand bien même la rupture aurait été décidée mutuellement. En tout cas, c’est sans aucun doute une mauvaise nouvelle pour la progression d’Intel Foundry Services et l’exécution de la stratégie IDM 2.0, même si le PDG Pat Gelsinger a assuré que sa compagnie continuera à chercher d’autres occasions pour travailler avec Tower à l’avenir.
Mi-février 2022, Intel avait annoncé le démarrage du processus d’acquisition du fondeur israélien Tower Semiconductor pour la somme de 5,4 milliards de dollars. Un achat à placer dans le cadre de la stratégie IDM 2.0 du fondeur américain et destiné à renforcer Intel Foundry Services en mettant la main sur le portfolio de technologies matures, parfois spécialisées, et l’expertise en la matière de Tower, sa clientèle variée de domaines comme celui de l’automobile, de la téléphonie et de l’énergie, mais aussi ses 6 usines dispatchées sur 3 continents différents et totalisant une capacité de plus de 2 millions de wafers annuels ! Accessoirement, l’affaire de Tower tourne actuellement toujours plutôt bien, notamment grâce à une forte demande de l’industrie automobile. Vous l’aurez compris, Intel a beaucoup de bonnes raisons à vouloir réussir cette acquisition - les accusations de 2022 de vol de propriétés intellectuelles à l’encontre de l’Israélien n’ont visiblement rien changé à cette affaire.
Hélas pour Intel, le parcours s’est révélé difficile. Initialement, il s’agissait d’achever la transaction 12 mois suivant l’annonce officielle. Mais la date butoir fut déjà repoussée à deux reprises, d’abord de février à mi-juin, puis à aujourd’hui, le 15 aout 2023 ! Pourquoi ? Tout simplement parce que la Chine, ou plus exactement la State Administration for Market Regulation ou SAMR, n’a toujours pas formellement donné son feu vert, ce que le reste du monde a pourtant déjà fait. En soi, il n’y a pas de quoi être surpris de la lenteur "apparente" de l’autorité chinoise, elle est assurément voulue vis-à-vis des fusions impliquant des entreprises américaines, un moyen comme un autre pour punir les USA pour les sanctions économiques, qui ne cessent par ailleurs de s’étoffer en se durcissant au fil des trimestres. De plus, quand bien même Intel n’est pas encore à ce jour un concurrent de l’industrie chinoise du semiconducteur et que l’acquisition ne créera aucun monopole d’aucune sorte dans l’immédiat, Tower est déjà en concurrence avec des acteurs chinois tels que SMIC ou Hua Hong, et son acquisition par Intel donnera inévitablement naissance à un adversaire d’autant plus grand. Bref, en ce qui la concerne, la Chine n’a aucune bonne raison de dépêcher sa décision...
Intel et Tower peuvent mutuellement continuer à repousser la date. Cependant, continuer à prolonger la période de fermeture n’est pas forcément sans conséquence. D’une part, ces prolongations répétées peuvent soulever des interrogations auprès des autres autorités de régulations, qui pourraient ensuite être amenées à rouvrir une enquête. D’une autre part, les accords de ces autorités ont généralement une date limite de validité. Ainsi, si l’affaire tire encore trop en longueur, Intel et Tower pourraient être obligés de reprendre quasiment à zéro (ce qui a forcément un cout), ou tout simplement de laisser tomber leurs plans et tout annuler... La réponse demain ? (Source : Tom's)