Drapeau Europeen Grosse Puce

Quand y'a plus d'argent, y'en a encore ! L'UE et ses États membres veulent réviser la loi sur le semiconducteur, jugée insuffisante.

Souvenez-vous, c'est en 2023 que l'Europe avait définitivement entériné son propre Chips Act. Un projet de loi qui avait été présenté en 2022 et prévoyait une enveloppe de 43 milliards d'euros pour soutenir une intervention dans l'industrie du semiconducteur et y promouvoir une production et une conception européenne. Il s'agissait avant tout d'une réaction au Chips Act américain, avec l'idée de réduire la dépendance européenne vis-à-vis des producteurs américains, mais aussi asiatiques. Ainsi, l'objectif avait aussi été fixé pour l'Europe de regagner 20 % des parts de l'approvisionnement en semiconducteur d'ici à 2030. Par exemple, dans ce cadre, en collaboration avec des acteurs européens, TSMC a établi ESMC (European Semiconductor Manufacturing Company). L'Américain Intel de son côté s'était engagé à fortement accroitre sa présence en Europe, notamment avec la construction d'une usine géante en Allemagne. Enfin, STM avait annoncé une nouvelle grande usine en France, en partenariat avec GlobalFoundries. 

Manque de pot et ça ne surprendra malheureusement probablement pas grand monde, la réalisation de cet objectif est déjà jugée impossible. En effet, la Cour des comptes européenne a affirmé que l'UE est actuellement partie pour n'atteindre que 11,7 % à cette date, soit une croissance d'un peu moins de 2 % depuis 2022... Les plus critiques diront que c'est normal, c'est l'UE, et pointeront avant tout du doigt la lourdeur et lenteur administrative européenne, ou encore son éparpillement en matière d'ambition. Enfin, il va de soi qu'arroser un problème d'argent, même en grosse quantité, est rarement (jamais ?) suffisant pour le résoudre, d'autant moins quand il y a plus d'un défi à relever. Certes, les circonstances ont aussi un peu évolué depuis. Le Monde est plus tendu que jamais, la bataille de l'IA bat son plein, l'inflation a fait des ravages, tout est plus cher, y compris l'énergie et certains projets grandioses ont déjà capoté. L'un des événements les plus marquants dans ce contexte aura été l'arrêt définitif des chantiers d'Intel en Allemagne et en Pologne, par ailleurs symbole accidentel d'un pays se refermant sur lui-même. 
L'année dernière, l'European Semiconductor Industry Association avait déjà pointé du doigt les insuffisances et le manque d'ambition européen, et avait appelé dès septembre 2024 à un "Chips Act 2.0" ! C'est justement ce dont il est question aujourd'hui. De toute évidence, l'appel de l'industrie a été entendu par les instances européennes. 

Ainsi, en mars dernier, les Pays-Bas (domicile d'ASML...) avaient lancé une initiative avec le soutien de huit autres États membres pour promouvoir une révision de la loi européenne sur le semiconducteur. Depuis, tous les États de l'UE s'y sont joints et, sans surprise, le projet est largement soutenu par les acteurs de l'industrie concernée, qu'ils soient européens, ou non. L'objectif de fond est de fixer, tout d'abord, des ambitions plus réalistes et pertinentes. Plutôt que de chercher à atteindre coute que coute une certaine part de la production mondiale, il s'agira cette fois-ci de faire preuve de plus de réalisme et de cibler des points plus spécifiques, attenants aux forces et aux faiblesses existantes de l'UE dans le domaine. Par exemple en : 

  • Accélérant les autorisations de dépenses d'infrastructure
  • Améliorant l'accès aux compétences et au financement 
  • Sécurisant l'accès aux technologies critiques de conception et de fabrication 
  • Établissant un budget distinct intégralement dédié à la fabrication et à l'investissement

Enfin, pour supporter tout ça, la coalition néerlandaise - nommée la "Semicon Coalition" - veut obtenir un quadruplement des investissements de l'Europe dans le semiconducteur. Autrement dit, porter le total de l'enveloppe à +/- 200 milliards d'euros ? Il n'est pas encore très clair quand l'Europe va être amenée à vraiment se prononcer et voter sur le sujet, mais, compte tenu du niveau de support (et de lobbying, assurément), il ne fait guère de doute qu'il y aura tôt ou tard une version 2.0 du Chips Act européen. À voir ensuite si celle-ci arrivera à produire des résultats tangibles et bénéfiques, ou si ça se traduira en un énième simple transfert de richesses du bas vers le haut... Rappelons qu'en février dernier, l'UE a présenté InvestAI, une initiative de 200 milliards d'euros spécifiquement en faveur de la bulle de l'IA. (Source : Reuters, via Tom's)

European Chips Act Ohyeah

Matt

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