Nouveau dossier traitant d'un moniteur sur nos colonnes, mais dans un registre inhabituel. Ici pas de haute fréquence ou colorimétrie de rêve, mais un pari fait par Dell de satisfaire le nomade ne pouvant se passer d'un second écran (ou l'étudiant qui n'a qu'un bord de table pour y coller une machine complète). Voici donc le P1424H de chez Dell, petit frère de la gamme P du constructeur qui va maintenant de 14" à 34". Est-ce le Graal du travailleur en vadrouille ? Regardons ça ensemble !
Un moniteur qui vous accompagnera dans vos voyages les plus fous !
Présentation
On a donc un petit moniteur de 14" de diagonale équipé d'une dalle matte IPS affichant en FHD (1920*1080 pixels) à un maximum de 60 Hz. Cela fait un sympathique 158 pixels par pouce et avec des bords assez fin, on a l'impression d'une tablette ou d'un moniteur d'ordinateur portable.
Ceci n'est pas un ordinateur portable, mais un tout petit moniteur branché à un tout petit PC avec un tout petit clavier !
Sa dalle IPS n'est pas là pour afficher des caractéristiques dingues, mais pour allier économie d'énergie et praticité technique. On lui trouve donc un temps de réponse gris à gris annoncé de 6 ms, une luminosité maximum à 300 cd/m², un rapport de contraste dynamique de 700:1 (amusant de ne pas voir des millions sur cette caractéristique pour une fois) et une gamme de couleurs limitée à 72% du NTSC (oui, la norme de la TV chez les ricains et nipons).
Point plus important pour un produit pensé pour vous accompagner de partout, grâce à sa dalle IPS il offre des angles de vision de 178° à l'horizontale comme à la verticale et cela ne peut être qu'intéressant dans des situations où l'on ne peut pas idéalement le placer faute de place. Dernier point qu'il nous semble important de relever, sa masse de 590 grammes qui ne surchargera que peu un sac d'ordinateur portable, surtout qu'il est livré avec une housse de protection bien dimensionnée pour éviter la casse. Les curieux pourront retrouver ces informations sur sa fiche produit.
Parler design sera vite fait sur cet appareil. C'est sobre, pensé pour être efficace avant tout et donne une bonne impression de robustesse. Les plastiques sont assez épais, les charnières mobiles, mais nécessitant un peu de force pour être activée sans pour autant créer de fortes tensions sur le châssis, une copie qui semble pensée pour durer. A part un logo et deux zones pour ventiler les composants, il n'y aura rien à remarquer sur l'arrière de l'appareil.
La connectique est également on ne peut plus sobre. Vous aurez deux ports Type-C (un de chaque côté) qui sont des USB-C/DisplayPort 1.2 Alt Mode (HDCP 1,4/puissance jusqu'à 65W) permettant donc d'afficher de jolies images sur la bestiole, à condition d'avoir un appareil compatible sous le coude ! L'alimentation peut bien évidemment se faire par ce biais et le brancher à un ordinateur portable ou dans notre cas au Petit PC de chez Altyk suffira à le mettre en fonction et le détecter logiciellement. Le constructeur annonce une consommation typique allant de 5 à 7,5 W.
Côté boutons, c'est ultra sobre. Un pour le mettre en fonction sur sa droite et sur la gauche, deux pour régler le niveau du rétroéclairage (conseillé à 75% par le constructeur) et un filtre lumière bleue discret, mais ayant l'intérêt d'exister. Pas d'OSD ou de réglage possible.
Enfin, puisque l'on a parlé de ses charnières, l'appareil permet une utilisation dans plusieurs positions et le maintient de ces dernières permet de réellement définir l'angle voulu. Un point qui n'est pas un détail dans l'utilisation pour laquelle il est prévu. Une fois à plat, la bestiole prend peu de place, mais il faudra être soigneux en déplacement et penser à plaquer le moniteur à une surface plane pour éviter la casse.
Angles de vue
Pour les inquiets de l'effet miroir et des vilains reflets, voici quelques images des angles de vision du P1424H.
Les dalles IPS mattes sont assez bonnes élèves sur ce genre d'exercice. Ici sans avoir un résultat parfait (on notera bien que le reflet de la fenêtre voile gentiment l'affichage), les angles de vision sont très bons. Sont annoncés 178° à l'horizontale comme à la verticale et c'est bien le cas. Pour les reflets, à moins d'avoir un traitement de haut vol (mais adieu la dalle matte), il n'est pas possible de faire de miracles (ou alors le prix s'envole).
Analyse de la dalle et calibration
Pour les tests de cette partie nous en passons par une sonde X-Rite i1 Display Pro associée au logiciel DisplayCal pour tout ce qui est colorimétrie, et par une sonde LDAT de chez Nvidia pour les analyses de luminosité max et surtout de latence gris à gris et overshoot. Toutes les mesures sont faites sur dalle dite "chaude" avec au moins 30 minutes d'utilisation luminosité à fond.
Ce P1424H ne proposant pas de possibilité de réglage, l'analyse va être simple. Directement sur la sortie de boite et après calibration, même si cette dernière sera limitée par le fait que l'on n'a pu travailler que sur la luminosité et non sur la colorimétrie faute d'un OSD ou logiciel le permettant.
Avant de nous jeter sur les valeurs techniques d'affichage, commençons simplement avec la consommation de l'appareil. En sortie de boite en 60 Hz et en affichant votre site préféré, la bestiole consomme 6 W. Après calibration, on reste à 6 W. Un résultat dans les clous puisque Dell annonce de 5 à 7,5 W, ce qui ne viendra pas trop ruiner l'autonomie d'un ordinateur portable et assure dans notre cas une configuration très économe en énergie.
Maintenant, passons à l'analyse pleine de valeurs.
En commençant par le fameux Delta E, 3 étant le seuil en dessous duquel l’œil humain n'est pas sensé voir de différence (sauf pour notre Kevin national qui est capable de voir la couleur des cheveux de Thibaut), on peut voir qu'en sortie de boite l'appareil ne passe pas le test sans être pour autant catastrophique. Ce n'est pas une grande surprise sur un produit qui se veut versatile et nomade. Même après calibration, il n'y a pas de miracle. Passons à la colorimétrie.
Profil colorimétrique en sortie de boite (gauche) et une fois calibré (droite)
À gauche le profil activé en sortie de boite, à droite notre profil calibré (sans réglage de colorimétrie). Pas de grand miracle ici non plus, nous avons un peu gagné en contraste. Ce qu'il faut noter cependant, c'est qu'il n'y a pas d'aberration chromatique et que ce petit appareil affiche quelque chose d'assez net. Même s'il n'a pas l'étoffe d'un moniteur taillé pour le traitement d'image, il pourra être envisagé pour du travail ponctuel sans craindre de grosses variations une fois repassé sur un moniteur de plus gros calibre. Passons aux courbes de gamma.
vs
La courbe de Gamma en sortie de boite n'est pas mal, la calibration n'y fait pas non plus de miracles en compensant juste un peu pour corriger le contraste vu précédemment. Le résultat est cependant bon, surtout pour un appareil de cette catégorie. Reste à parler profil de couleur et plutôt que de vous afficher un graphique, nous vous présentons les valeurs affichées directement par le profil DisplayCAL qui sont assez parlantes.
On est sur quelque chose de "bien mais pas top". Déjà s'approcher du 100% du sRGB n'est pas si mal compte tenu des contraintes du cahier des charges. Vous l'aurez donc compris, le professionnel de l'industrie graphique pourra passer son chemin (à moins de vraiment vouloir présenter ou faire une petite retouche en nomade), mais pour un usage plus professionnel sans problème de colorimétrie ça ne gênera en rien. Via la sonde, nous avons pu au moins voir la répartition des couleurs rouge, vert, bleu avec et sans filtre lumière bleue. Sans, le vert domine avec 1/3 de plus que les autres. Avec filtre, si le rouge est proportionnellement à 1, le bleu à 1/2 et le vert à 2. Pour ceux qui se questionnent, un calibrage passe par une proportion égale de chaque couleur pour avoir un blanc net.
Dell annonce une luminosité maximale de 300 cd/m². De notre côté nous avons relevé 326 cd/m² qui colle à la louche avec l'annonce faite. Economie d'énergie et travail nomade ont là aussi défini où placer le curseur. Regardons maintenant comment l'engin se comporte dans le noir.
vs
La technologie IPS n'est pas mauvaise élève à ce jeu et que cela soit dans la pénombre ou le noir total le résultat est tout à fait correct. Avec une trame fine, puisque l'on a du FullHD sur 14", la lumière se répartie proprement et la possibilité de régler le rétroéclairage rapidement via 2 boutons (ici à 100%) permettra d'adapter au besoin.
Tant qu'on est à jouer avec une sonde, voyons le temps de réponse de gris à gris de l'appareil, toujours en étant réglé en 60 Hz.
Avant d'aller plus loin, l'analyse va nous donner deux tableaux. Le premier concerne les latences, c'est-à-dire le temps – exprimé en millisecondes – que l'affichage va mettre pour aller d'une tonalité à une autre. Le second concerne l'Overshoot, terme anglophone désignant le fait qu'un pixel dépasse la couleur demandée par faute d'une transition trop rapide. Pour donner une image, imaginez que le pixel est une balle de jokari qui doit s'arrêter entre deux marques, mais qui déborde un peu par faute d'un trop grand élan avant de venir là où elle est attendue. La valeur d'overshoot s'exprime en pourcentage, et lorsqu'elle dépasse les 15% il se passe un phénomène qui a encore un nom anglais : le Reverse Ghosting. Une trainée de la couleur opposée à celle demandée apparaît, ce qui nuit joyeusement à l'expérience générale.
Sur cette petite dalle IPS 60Hz qui consomme 6 W, il ne faut pas attendre de miracles. Le constructeur annonce un temps de réponse de 6 ms gris à gris, mais dans les fait la moyenne est à plus de 7 ms. Pour l'overshoot le résultat est aussi assez dur, mais qui irait faire du jeu compétitif sur un moniteur 14" de ce calibre ? Ce n'est pas le terrain sur lequel ce genre de produit est attendu et il n'y est donc sans surprise pas à son aise.
Conclusion
Là où certains cherchent à pousser la diagonale plus loin avec des temps de réponses toujours plus haut et des couleurs par milliards, Dell fait avec son P1424H le pari d'aller satisfaire la personne qui ne veut pas oublier le confort du second écran lorsqu'elle est en déplacement. De taille réduite avec sa diagonale de 14" et ses 590 grammes sur la balance, l'engin ne consomme que 6 à 7 W directement via son unique câble USB Type-C / DisplayPort 1.2 pour alimenter une dalle IPS FullHD 60Hz tout à fait capable. Capable de quoi ? De travailler, surfer ou regarder une série. Pour le travail plus graphique ou le jeu, il faudra revoir sa copie, mais ce n'est pas la que ce produit se positionne. En dalle d'appoint en déplacement, de confort sur un ordinateur portable ou dans un environnement à encombrement réduit, ce petit moniteur pourra se montrer pertinent à l'usage pour qui ne sera pas arrêté par son prix. Avec un MSRP à 291,75 €, il s'adresse vraiment à ceux qui ne s'imaginent pas vivre sans. Vous en faites partie ?
