Qu'on se le dire, il y a un marché pour les manettes destinées au jeux de combat. Même si le puriste reste fidèle au joystick (avec ou sans joystick d'ailleurs), les joueurs manettes sont nombreux et ont longtemps dû faire avec une offre très limitée. La donne change, comme on a pu le voir avec la Victrix Pro BFG chez PDP, et Turtle Beach (à qui appartient PDP) réitère avec une manette offrant de la flexibilité sans pièces détachées avec cette Stealth Pivot.
On est sur un gamepad sans-fil (ou presque), reprenant en partie le design de la Stealth Ultra du même constructeur, et permettant de le transformer en Fightpad (comprendre un gamepad qui reprend les codes des joysticks destinés aux jeux de combat) à l'aide d'un ingénieux système permettant de faire basculer 2 blocs d'éléments sans avoir besoin du moindre outil ou de démontage. Une vidéo existant chez le constructeur pour présenter la chose, la voici :
Présentation
Turtle Beach, c'est une marque spécialisée dans le périphérique pour joueurs, elle commence à avoir de la bouteille, pèse pas mal dans le Game comme disent les djeunes, et son catalogue est plus qu'étoffé. Le produit du jour est une manette destinée aux PC (sans-fil ou filaire), Xbox (uniquement filaire) et smartphones Android (pourquoi pas ?), permettant tout aussi bien de jouer avec des boutons standard Xbox, que de basculer sur une manette de Sega Mega Drive disposition idoine pour le jeu de combat. Pour les curieux, toutes les informations à son sujet pourront être trouvées sur sa fiche produit chez son constructeur.
Esthétique mise à part, on est assez proche du standard Xbox au niveau du format avec des mensurations de 160 x 115 x 60 mm, contre 153 x 102 x 61 mm pour le modèle Microsoft et 160 x 105 x 60 mm pour la Stealth Ultra. Au niveau masse, vous aurez en main 300 g, ce qui semble cohérent par rapport aux 280 g de l'officielle. En prenant en compte les ajouts faits (écran, gâchettes à l'arrière, blocs pivotant, batterie de 2000 mAh) ces 20 grammes s'expliquent facilement.
Mais où sont les joysticks ?!
Détail
Comme dit précédemment, on est sans aucun doute sur une manette destinée à la Xbox en sortie de boite. Cependant, elle ne sera utilisable en sans-fil que sur PC. Cela obligera donc à utiliser le câble de 2,5 m USB-A vers USB-C fourni sur console et modifiera le taux d'interrogation de la bestiole (Polling Rate pour les anglophones), ce dernier étant de 125 Hz en sans-fil et de 250 Hz en filaire. Dans un cas comme dans l'autre, ce dernier n'est pas configurable et risque de faire grincer les dents des plus compétitifs ne jurant que par du 1000 Hz ou plus. Contrairement à sa grande sœur Stealth Ultra, pas de rétroéclairage sur la Stealth Pivot, juste deux DEL sous le bouton Xbox données pour pouvoir changer de couleur (mais nous n'avons réussi qu'à avoir du rose). Sur le haut de l'engin, un petit affichage vous permettra d'un coup d’œil de savoir sur quel profil vous êtes, connaître l'état de la batterie, gérer la connectivité et même la détection de présence de votre casque (un port 3,5 mm étant présent comme vous pourrez le voir dans les images qui suivent).
Ce qui change par contre en façade par rapport au standard Xbox vient de l'ajout d'un bouton "+" en bas (pour la configuration rapide sans besoin de logiciel) et d'un... joystick ? commutateur ? variateur ? Disons un bitoniau placé sous le logo Xbox qui pourra être appuyé ou basculé sur la droite ou la gauche pour ainsi ajouter 3 boutons configurables de plus. Pour le reste, mis à part les blocs mobiles, vous serez en terrain connu (et pas en terre inconnue).
Assez haute, elle ne sera peut-être pas aisée à prendre en main pour les petites pognes. Un modèle à tester avant de passer à l'achat. Votre serviteur n'arrêtait pas de basculer entre index et majeurs sur les gâchettes et juste index sur les gâchettes, sans réellement trouver de position "confortable". Pas de torture ni douleur là dedans, mais un format qui tombait moins facilement en main que d'autres. Notez cependant que ceci est tout à fait subjectif, donc à prendre avec des pincettes.
Les trois premiers clichés vous permettent de voir le système de rotation des blocs. Un simple quart de tour à donner sur les joystick permet de les abaisser et deux boutons glissière à l'arrière permettent de libérer les parties pivotantes et d'accéder au mode "fighting". Si vous vous posez la question, il est tout à fait possible de ne pivoter que l'un ou l'autre, les deux n'étant pas liés. Le joueur préférant un joystick à gauche et 6 boutons à droite pourra le faire et celui qui veut juste 4 boutons à droite et pas de joystick à gauche le pourra également.
Même si le Stealth Pivot est pensé pour pouvoir être un "fighting gamepad", la partie plus standard n'est pour autant pas bâclée. Avec 2 joysticks à effet HAL, la bestiole ne manque pas d'intérêt et ravira peut être ceux qui aiment la précision de cette technologie.
Du fait de cette modularité, l'arrière est joyeusement peuplé. On trouve 2 boutons programmables (pourquoi pas 4 ?), mais également 4 commutateurs. Les deux commutateurs du haut vous permettront de passer les gâchettes en mode bouton. Les deux du bas sont là pour permettre de faire pivoter les éléments en façade. Pour les boutons programmables, c'est du standard et réglable via logiciel ou association de touches via le bouton "+" en façade.
Pour les joueurs qui voudraient faire du tournoi chez Capcom (un peu connu pour un certain jeu de combat à coup de "Hadooooooken", "Shoooooryuuuuken", "Sonic Boom" et autre "Psycho Crusher"). La Stealth Pivot n'a pas de mode SOCD, ce qui est étonnant lorsqu'on sait que la Victrix Pro BFG du même constructeur l'a et semble destinée au même public. Pour ceux qui ne connaîtraient pas ce mode, Capcom a dû prendre des mesures en 2024 face aux joueurs se présentant avec des appareils exempts de joysticks. Juste plein de touches, même pour les directions, ce qui amenait à un avantage indéniable sur certains combos nécessitant une succession de directions (pensez à bas, diagonale, avant puis directement haut et vous comprendrez le désavantage du gamepad ou de tout ce qui a un stick). Ainsi, le mode SOCD permet de rendre neutre l'activation de Haut + Bas. Comprenez qu'en ce cas, il ne se passera rien, ni saut, ni accroupi, juste rien et si ce n'est pas le cas c'est la disqualification, car les règles le disent et qu'il faut suivre les règles. Sans ce mode, haut + bas vous donnera haut, soit un saut dans ce type de jeu.
Pour en finir avec la présentation, la Stealth Pivot est livrée avec un dongle USB 2,4 GHz permettant de la connecter au PC, un câble tressé de 2,5 mètres et il est également possible de la connecter en Bluetooth en bricolant dans le menu via le bouton "+" une fois la manette allumée grâce au bouton Xbox. Elle est aussi équipée d'un connecteur jack 3,5 mm sur le bas.
Fightpad
Alors que les professionnels du cassage de pixel se tournent de plus en plus vers des Leverless Controller (des joysticks sans sticks quoi), le constructeur assume ici qu'il y a toujours du joueur préférant le gamepad et veut s'assurer de lui offrir ce qu'il y a de mieux pour casser des bagnoles pixelisées. Cela donne ceci :
Dans cette disposition, on oublie les joysticks et c'est la croix directionnelle qui sera la star. Accompagnée de 8 boutons, dont 4 programmables, il y aura certainement de quoi faciliter quelques mécaniques de jeu par rapport à un gamepad standard. Mais votre serviteur étant toujours une quiche perdant en mode histoire, difficile de vous dire si cela révolutionne le genre. Même avec un tel niveau, il est certain que les boutons P1 et P2 assurent cependant une toute autre dynamique (dans une logique pied/poing léger, intermédiaire, lourd).
Au niveau de la croix directionnelle, c'est un choix assez neutre de la part du constructeur. Des axes haut/bas marqués, des diagonales assez accessibles. Les fans du D-Pad type Xbox Elite pourront regretter de ne pas avoir une forme du genre, mais c'est subjectif et Turtle Beach a ici opté pour une forme à la croisée des chemins. Les utilisateurs diront si elle répond à leurs attentes !
Démontée
Dispositif complexe oblige, le démontage n'est pas simplifié. De base, 7 vis à retirer à l'arrière. 6 sont cachés sous des caches en gomme, la 7e (petit coquine) est sous l'étiquette centrale à l'endroit du "T" de l'écriture "Pivot". Là où nous aimons habituellement démonter, nous avons ici fait sommaire. Les 2 blocs contenant les moteurs haptiques peuvent être démontés (ce qui fait un assemblage de 4 coques, avant, arrière et poignées). Le PCB principal et central présente des soudures et des connecteurs de qualité, il est par contre intégré au dispositif permettant la rotation des boutons en façade, ce qui rend le démontage plus ardu. Pas d'accès à la batterie non plus, nous l'attendions en direct sous la face arrière, mais elle se trouve malheureusement de l'autre côté du PCB. Niveau réparabilité, ça ne sera accessible qu'aux plus courageux !
Logiciel - Turtle Beach Control Center 2
Chez Turtle Beach, la partie logicielle passe par le Microsoft Store avec leur Control Center 2.
Logiciel du Microsoft Store oblige, l'interface sera en mode tablette au premier lancement, mais pourra être basculée en format fenêtre. Dans le cas de notre affichage en 1920x1200 ça a été salvateur car 1/6 de l'interface était sans ça hors écran sur la droite. Uniquement en anglais, il se compose de nombreuses pages assez cohérentes et thématiques. Ça fait un peu usine à gaz, mais c'est assez habituel sur ce type de logiciels. On y trouvera de quoi configurer presque tous les éléments de l'appareil (pas de polling rate comme dit précédemment) avec plus ou moins de succès (puisqu'à part éteindre les DEL centrales, nous n'avons jamais pu faire varier leur couleur) et même réinitialiser ou calibrer les divers éléments de l'engin.
Point intéressant cependant, une fenêtre complète est dédiée à la gestion de l'énergie et propose différents modes (Eco / Balanced / Full) ainsi qu'un mode Custom vous permettant de gérer la luminosité des DEL (là ça fonctionne) et de l'écran, ainsi que de décider d'un délais avant extinction de l'écran et un second pour la mise en veille de l'appareil. De quoi économiser la batterie !
C'est également ici que vous pourrez tenir à jour le firmware de la manette comme du dongle livré avec. Pour la manette il faudra être en filaire pour faire la mise à jour et vous n'aurez plus le droit d'utiliser votre PC pendant qu'elle se réalisera. Si jamais vous changez de fenêtre, cliquez ailleurs ou tentez une capture d'écran, la manette se déconnectera et il faudra recommencer.
Analyse
Comme pour chaque test de manette, un petit passage par l'API web (Gamepad API pour les curieux, outil simple en HTML5) pour analyser la réactivité et la régularité des commandes. Détectée comme une manette de Xbox, la Stealth Pivot répond à toutes nos sollicitations de façon égale sur les boutons et gâchettes. Les LT et RT sont bien linéaires et permettent d'incrémenter assez précisément (par pas de 1 ou 2). Côté joystick, c'est comme souvent très marqué sur les diagonales, mais homogène. Pas de zone morte à remarquer, même si vous pourrez en configurer une via le logiciel au besoin. Une fois les éléments pivotés, la réactivité est également bonne pour les boutons et la croix directionnelle.
En jeu, la manette a fait le travail sans problème. Elle s'adaptera facilement à n'importe quel type de jeu et vous aurez globalement l'impression d'avoir plusieurs manettes en une seule. En version standard Xbox elle fera le job, une fois configurée en fightpad elle permettra aux fans du genre de se la donner avec plus de professionnalisme. De plus, les 2 boutons arrière ajoutent encore en souplesse, tout comme la possibilité de passer les gâchettes en mode bouton dans les situations ne nécessitant pas d'activation incrémentielle. En ajoutant la possibilité d'embarquer plusieurs profils, elle pourra réellement répondre à différents besoins en s'évitant d'avoir à changer de manette à chaque fois.
Allons maintenant sur le terrain du tarif. Affichée à 99,99 € chez Turtle Beach, elle se place dans le haut de gamme, sans être dans les plus coûteuses du marché. Sur ce marché de niche, elle se place tout de même à un tarif assez haut. Un Fighting Commander Octa de chez Hori se trouve aux alentours des 50 € avec une destination clairement pensée pour le jeu de combat (6 boutons en façade, croix directionnelle mise en avant). Le concurrent n'est certes pas sans-fil et a un assemblage moins travaillé , mais l'écart de tarif est là et bien là. Dans la même veine, vous avez les BrawlPad de chez Mad Catz pour moins de 50 € et si vous voulez vraiment vous débarrasser du fil, la M30 de chez 8bitdo pourra vous ramener sur Sega Mega Drive, sans fil et pour environ 30 €. Après comme toujours, le tarif ne regarde que celui qui met la main au portefeuille et aucune de ces références n'a la qualité de finition du modèle en test aujourd'hui. De plus, nous avons choisi le terrain du FightPad, mais la Stealth Pivot offre bien plus que ça puisqu'elle pourra s'adapter à tout type de jeux, ce qui n'est pas le cas des 3 concurrents présentés. Pour lui trouver une vraie concurrente, il faut taper dans le catalogue du constructeur côté PDP avec la Victrix Pro BFG qui par sa modularité vient elle aussi jouer dans différents domaine, avec un tarif qui passe par contre à 199,99 € chez le constructeur, ce qui double tout de même l'addition !
Conclusion
Turtle Beach présente avec la Stealth Pivot une manette entre deux mondes. Conçue pour s'adapter à tous types de jeux, elle se positionne en manette haut de gamme pour PC, Xbox et appareils Android. La majorité des jeux sont adaptés pour les manettes existantes, sauf les jeux de combat, ce qui a motivé cette possibilité de la transformer en fightpad à la demande. La chose est bien faite, sans cependant être exempte de défauts. Sans réglage possible de son taux d'interrogation (ou Polling Rate) fixé à 250 Hz en filaire et 125 Hz en sans-fil, elle peinera à intéresser les professionnels de la compétition, surtout qu'elle n'affiche pas de compatibilité SOCD ce qui ne lui permettra pas d'être utilisée sur les compétitions de chez Capcom. Un entre deux mondes qui se limitera donc à celui des joueurs assidus, mais non professionnels. Cependant, il y a de l'idée, une belle réalisation, une autonomie des plus convenables sur PC (surtout lorsque l'on active le mode économie d'énergie) et donc de quoi satisfaire pas mal de joueurs ayant la main assez grande pour en profiter. Disponible en une seule version pour 99,99 €, viendra-t-elle réduire votre arsenal pour vous permettre de jouer à tous vos jeux via une seule manette ?

ça a l'air aussi fin qu'un pad de Xbox
Le format est très proche, c'est juste plus haut du fait des ajouts (écran, modules pivotants).
Comment c'est possible de faire un truc aussi immonde et se dire "Ouais, c'est bon le design est bien"