L'an passé, Lexar lançait son premier SSD PCIe Gen 5.0 que nous testions dans nos colonnes : le NM1090. Il utilisait le traditionnel contrôleur PS5026-E26 couplé à de la NAND FLASH TLC Micron, et n'était commercialisé qu'avec un refroidisseur actif préinstallé. En cause, la consommation et donc par extension la chauffe du contrôleur Phison gravé avec l’antédiluvien (à l’échelle du microcosme informatique) 12 nm de TSMC. La disponibilité à présent effective du contrôleur Silicon Motion gravé en 6 nm, permet cette fois de concevoir des modèles chauffant bien moins, et donc pouvant se contenter des radiateurs de cartes mère dans la plupart des cas. Ce NM1090 Pro est donc en pratique un NM1090 ayant troqué son PS5026-E26 par un SM2508. Si nous avons reçu ce dernier il y a plus de trois mois, il a toutefois fallu patienter pour que le firmware du contrôleur murisse et qu'il soit implémenté par Lexar. Notre modèle 2 To de présérie n'a pas pu être mis jour ce qui a conduit à un contretemps supplémentaire pour son remplacement par un modèle de 4 To cette fois. Nous vous proposons donc un test un peu spécial, mixant les 2 variantes dotées de 2 firmwares différents.
L'engin en images !
Le SSD arrive dans une boite en carton qui renferme une gangue de plastique dont les deux parties se superposent pour maintenir le SSD bien en place. On y trouve également une petit vis destinée au mécanisme de verrouillage du port M.2 destinée aux cartes mères les plus anciennes. Quelques mentions sont mises en avant par Lexar, comme la capacité du SSD – 2 ou 4 To dans notre cas – mais aussi le débit attendu en lecture, « jusqu'à 14 000 Mo/s ». La face arrière dispose comme souvent d'une petite lucarne au travers de laquelle on peut distinguer la référence du SSD.
Une fois les SSD sorti de leur boîte respective, on constate évidemment qu'il s'agit de modèles « 2280 », clairement le format le plus courant. Ils mesurent donc 22 millimètres de large pour 80 mm de long. Un étiquette en graphène aidant à la dissipation (et qui n'est pas collée bien droite sur notre exemplaire 2 To) recouvre les composants de cette face, à savoir de gauche à droite : 2 puces de NAND FLASH, une puce DDR4 et enfin le contrôleur Silicon Motion SM2508.
La face arrière est recouverte d'une étiquette plastifiée rappelant les caractéristiques techniques du modèle reçu, ainsi que son numéro de série. On retrouve sur cette face les 2 autres puces de NAND. Côté masse, nos Lexar NM1090 Pro atteignent 8 grammes sur la balance, confirmant la fiche technique du constructeur. Les versions reçues disposent d'une capacité respective de 2 To et 4 To, une version 1 To est également commercialisée.
Pour atteindre les capacités indiquées pour nos deux exemplaires, Lexar a donc disposé 4 puces en clamshell dans les 2 cas. Dommage pour la version 2 To de ne pas avoir opté à la place pour deux puces de 1 To (à l'instar de celles utilisées pour le modèle 4 To), ce qui aurait permis d'obtenir un SSD mono-face, facilitant son intégration et refroidissement (lorsque la carte mère ne dispose que d'un radiateur en partie supérieure). L'épaisseur maximale (au niveau des puces NAND) mesurée est de 3,55 mm.
Lexar étant à l'origine une marque appartenant à Micron Tech (à l'instar de Crucial) avant sa revente à la société Chinoise Longsys en 2017, elle a peut-être conservée des relations privilégiées avec le fabricant de mémoire, puisque c'est ce dernier qui fournit les puces de Flash NAND. Il s'agit des B58r de type TLC 3D à 232 couches. L'utilisation de mémoire TLC (3 bits par cellule) est à présent généralisée sur les références haut de gamme, depuis la disparition des puces MLC (2 bits par cellule) et avant elles SLC (1 bit par cellule). Ce glissement conduit à présent à l'utilisation de QLC (4 bits par cellule) sur les modèles d'entrée et même parfois moyen de gamme.
Si les progrès de la QLC la rendent plus intéressante aujourd'hui qu'a ses débuts, la TLC reste préférable pour assurer une bonne endurance. Dans le cas du NM1090 Pro, cela se traduit par une capacité garantie de 1 400 To sur la version 2 To et 2 800 To pour le modèle 4 To, des valeurs légèrement supérieures à la concurrence (respectivement 1 200 / 2 400 To en général) ou 5 ans, la première des deux arrivant à échéance. Puisque l'on parle de petit plus, Lexar propose ici une capacité exploitable de 1907,73 Go contre 1862,12 Go au SN8100 (+2,4 %) pour la version 2 To (3815,46 Go pour le modèle 4 To), probablement en laissant moins de marge pour l'over-prosioning (cellules non affectées qui servent de remplacement lors de la dégradation de cellules utilisées). Comme la garantie en écriture n'est pas réduite (et même supérieure à la concurrence), c'est toujours bon à prendre.
Comme indiqué en débutant ce dossier, le contrôleur est un Silicon Motion SM2058, associé ici à 2 ou 4 Go de cache DRAM (DDR4) selon le modèle. Il est interfacé à l'aide 4 lignes PCIe Gen 5.0, permettant une bande passante maximale théorique de 15,76 Go/s. Nous avons compilé dans le tableau ci-dessous les principales caractéristiques du NM1090 Pro dans les différentes versions disponibles.
WD_BLACK SN8100 | 1 To | 2 To | 4 To |
---|---|---|---|
Contrôleur | Silicon Motion SM2058 | ||
NAND | Micron TLC 3D B58r NAND FLASH (232 couches) | ||
Interface | PCIe 5.0 x4 / NVMe 2.0 | ||
Format | M.2 2280 | ||
Garantie | 5 ans | ||
Lecture séquentielle | 14 000 Mo/s | ||
Écriture séquentielle | 10 000 Mo/s | 13 000 Mo/s | |
Lecture aléatoire | 1 650K IOPS | 2 100K IOPS | 2 100K IOPS |
Écriture aléatoire | 1 800K IOPS | 1 800K IOPS | 1 700K IOPS |
DRAM Cache | 2 Go DDR4 | 4 Go DDR4 | |
Endurance | 700 TBW | 1400 TBW | 2800 TBW |
Consommation en lecture | NC | ||
Consommation en écriture | NC |
Logiciel
Quelle dotation logiciel pour ce Lexar NM1090 Pro ? Un tour sur le site du constructeur vous permettra de télécharger DiskMaster, l'application maison pour la gestion/configuration à proprement dite du SSD. Si le site est bien en Français, ce n'est par le cas de l'application. A l'installation, la langue par défaut est le Chinois, heureusement il est possible via une liste déroulante de choisir l'Anglais pour le processus d'installation. Mais pour un occidental guère familier avec les hanzis, il eut été à minima raisonnable d'opter pour la langue de Shakespeare via détection de celle par défaut de l'OS, d'autant que le changement de langue ne modifie pas le nommage des 2 boutons déjà affichés, qui restent illustrés via des sinogrammes...
Heureusement, le choix "accepter" est resté traditionnellement à gauche. Une fois le logiciel correctement installé, ce dernier se compose de différents onglets au niveau de la barre latérale gauche, qui proposent un résumé des caractéristiques du SSD (notez le problème de détection de l'interface PCIe sur notre modèle de présérie (2 To), expliquant probablement l'impossibilité de mettre à jour son firmware), mais aussi différents paramètres et réglages. Notons pêle-mêle la mise à jour du firmware de l'engin, la détection d'erreur, l'effaçage complet du lecteur (option souvent disponible au sein du BIOS des cartes mères récentes également), le suivi de la température et des performances, etc. C'est donc relativement complet, mais la détection des SSD est relativement longue au lancement.
Protocole
En attendant le développement de quelques tests spécifiques sous notre image Linux, nous avons légèrement fait évoluer le protocole en basculant d'une vieillissante plateforme LGA1700 vers une base AM5. L'objectif est d'obtenir une uniformité entre les 3 testeurs potentiels et permettre aux SSD de donner le meilleur (la plateforme Intel limitant légèrement les modèles les plus rapides dans certaines conditions). En plus du modèle testé ce jour, nous faisons figurer les résultats de quelques modèles NVMe représentatifs des générations 5.0 et 4.0.
Ryzen 5 9600X + Noctua NH-U12A Chromax.Black
ASUS ROG Crosshair X870E Hero
G.Skill Trident Z5 Neo RGB DDR5-6000 CL28 (2x 16 Go)
iGPU Radeon Graphics
Crucial T705 - 2 To (Système d'exploitation)
Lexar NM1090 Pro 2 To & 4 To (testé du jour)
Corsair MP700 Pro SE - 4 To, Crucial T705 - 2 To, Crucial P3 Plus - 4 To, Lexar NM790 - 4 To, Samsung 990 Pro - 1 To, Western Digital WD_BLACK SN850X - 1 To & WD_BLACK SN8100 - 2 To pour la comparaison
La partie test comporte des évaluations synthétiques et d'autres plus "pratiques". Le tout est fait sous environnement Windows 11 Pro 24H2 à jour du 06/06/25. Voici les tests réalisés :
Tests Synthétiques :
• PCMark 10 Pro Storage 2.2.2737
• CrystalDiskMark 9.0.1 Shizuku Edition
• AIDA64 7.65.7400 écriture linéaire
• 3DMark 2.31.8385
Tests pratiques :
• Copie d'archive de 75 Go : mesure du temps (disque source = Crucial T705 - 2 To)
• Benchmark FF Dawntrail : mesure du temps de chargement des scènes
• Relevé des températures repos/charge
Les performances
PCMark
Benchmark généraliste par excellence, PC Mark Pro 10 Storage ne se focalise pas sur les seuls débits du SSD, mais étudie son comportement face à de la copie de données sur différents scénarios : transferts soutenus, petits ou gros fichiers... Notre échantillon de test est quelque peu restreint mais va rapidement s'étoffer. On y retrouve toutefois la plupart des références marquantes tant en PCIe Gen 4.0 que 5.0. Les NM1090 Pro ne sont pas au sommet sur ce test, se montrant à la fois moins performants en matière de débits que de latence. Rien de catastrophique pour autant mais nous nous attendions à un peu mieux.
PCMark 10 - Lexar NM1090 Pro
CrystalDiskMark
Dans la même veine, CrystalDiskMark est un outil de mesure des performances offrant une double grille de lecture en fonction que l'on se base sur les débits ou les opérations d'entrées/sorties, sachant qu'il réalise des tests en séquentiel, le format retenu par les fabricants pour présenter leurs données, ou en aléatoire, un format bien plus exigeant pour les SSD. En lecture séquentielle, nous dépassons légèrement la valeur communiquée par lexar avec 14 300 Mo/s dans les deux cas. C'est un peu moins bon en écriture, mais toujours devant la plupart des concurrents.. En aléatoire, nos NM1090 Pro ne déméritent pas non plus et s'ils finissent derrière l'intouchable WD_BLACK SN8100, ils proposent malgré tout d'excellentes performantes pour ces tests. A noter que nous n'avions plus la version 2 To à disposition lorsque CrystalDiskMark a été mis à jour vers la version 9. Toutefois, nos tests menés avec les deux versions du logiciel sur le modèle 4 To, n'ont pas montré de différences (hormis les marges d'erreur).
CrystalDiskMark - Lexar NM1090 Pro
AIDA64 (écriture linéaire)
Plus on remplit un SSD et moins ses performances sont bonnes. Ce phénomène touche l'écrasante majorité des SSD actuellement sur le marché et AIDA64 permet de visualiser clairement cette baisse des performances. Avantage ici au modèle 2 To, le firmware plus ancien devait probablement être davantage optimisé pour ce point, avec une reconstitution plus agressive du cache SLC (cellules TLC configurées pour ne stocker qu'un seul bit). A mesure que ce dernier tente de se reconstituer, il va osciller entre 4 et 8 Go/s sur le 2 To, contre une fourchette comprise entre 2,1 et 6,3 Go/s pour la version 4 To. Cela reste malgré tout de très bons niveaux dans les 2 cas, devançant par exemple nettement le SN8100 pour ce test, rappelant ainsi que les ajustements opérés au niveau du firmware permettent d'afficher de plus belles valeurs dans certains tests au détriment d'autres, tout étant histoire de compromis.
Tests pratiques
Nous avons chronométré les temps suivants : copie d'une archive de 75 Go sur les SSD évalués, et ce depuis un Crucial T705 2 To (interfacé via 4 lignes PCIe 5.0 du CPU), afin de vérifier en pratique les performances pour ce genre de tâches "simples" que l'on réalise régulièrement. Second cas pratique, la mesure du temps de chargement des diverses scènes composant le benchmark Final Fantasy Dawntrail. Enfin nous utilisons le test dédié à Directstorage au sein de 3DMark en nous limitant au transfert entre SSD et RAM (pas de VRAM dédiée avec l'IGP).
Sur ces tests, cela montre en pratique la problématique actuelle des SSD les plus performants : il est très difficile de ressentir une différence significative entre les modèles les plus onéreux. Les nouveaux venus ne font pas exception. Directstorage de son côté permet d'améliorer les taux de transfert sans pour autant transfigurer ces derniers. Les NM1090 Pro ne font pas partie des meilleurs à ce niveau, sans pour autant démériter et créant un écart significatif avec les modèles Gen 4.0.
Tests pratiques - Lexar NM1090 Pro
3DMark
UL, le grand expert des benchmarks propose au sein de sa suite 3DMark toute une série de tests allant du lancement de différents jeux, en passant par leur installation ou déplacement, sauvegarde la progression et même l'enregistrement d'une séquence de jeu à l'aide d'OBS. C'est plus difficile dans certains tests pour les nouveaux venus, avec parfois aussi des écarts sensibles entre les 2 modèles utilisant un firmware différent, preuve que ce dernier doit encore mûrir.
3DMark Storage tests - WD_BLACK SN8100
Températures du SSD
Si les SSD SATA ou NVMe PCIe Gen 3 chauffent peu, les modèles de génération supérieure ont commencé par contre à pas mal monter en température. De fait, la plupart des modèles PCIe Gen 4 sont équipés d'une étiquette en graphène, voire d'un dissipateur et les fabricants conseillent de les placer dans le sens du flux d'air du boitier. Pour ce test, nous installons le SSD évalué sur le slot M.2 PCIe Gen 5.0 disposant de l'imposant radiateur de notre carte mère, tout en veillant à ce qu'un léger souffle parvienne jusqu'à ce dernier. La charge est simulée par des écritures/lectures séquentielles en boucle durant 10 mn.
Les SSD Gen 5.0 performants utilisant un contrôleur Phison PS5026-E26 ont poussé la problématique thermique à un niveau encore plus important, nécessitant parfois une refroidisseur actif. Ici, malgré un radiateur imposant et un flux d'air sur ce dernier, on atteint les 70°C. Sans ce flux d'air, la température dépasse les 80°C et les SSD throttle. L'arrivée du contrôleur Silicon Motion SM2508 est une bénédiction, les NM1090 Pro se comportant peu ou prou de manière similaire au SN8100, avec un température sous charge lourde soutenue aux alentours des 60°C, soit bien en-deçà de la température de throttling. C'est donc un gros progrès apporté par rapport aux modèles à base de Phison PS5026-E26.
Température du SSD - Lexar NM1090 Pro
Conclusion
Le NM1090 Pro remplace avantageusement le précédent NM1090 "non Pro", en se montrant tout aussi performant mais bien plus facile à refroidir. S'il n'est pas tout à fait au niveau de performance du WD_BLACK SN8100, du fait d'une NAND FLASH différente ou d'un firmware moins bien optimisé, il reste malgré tout dans le haut du panier et il est bien peu probable que l'utilisateur ressente une réelle différence à l'usage. N'espérez toutefois pas tirer le meilleur de ce dernier en usage nu, il faudra veiller à disposer à minima d'un petit radiateur sous peine de throttling. A noter que Lexar propose une capacité utilisable légèrement supérieure à ses concurrents, tout comme une garantie en écriture un peu plus généreuse. Ce sont des petits plus qui pourront faire pencher la balance au moment du choix, sachant qu'il est généralement moins cher qu'un WD_BLACK SN8100.
Points positifs | Points négatifs |
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Performant | Application peu réactive et non traduite |
Chauffe contenue avec un dissipateur de carte mère | Version 2 To double face |
Capacité exploitable supérieure à la concurrence | |
Garantie 5 ans - 1 400 To (2 To) / 2 800 To (4 To) |
