USA vs Chine : la liste des restrictions s'allonge, même la RTX 4090 est désormais concernée !

Introduites hier, les nouvelles mesures étaient déjà attendues, mais leur contenu et leur étendue étaient jusqu’à maintenant encore incertains. Le gouvernement américain a donc durci les restrictions pour l’exportation de certains produits technologique de pointes vers la Chine, mais aussi 21 autres pays (éventuellement trop proche des principaux adversaires des USA), dont l’Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis ou le Vietnam. Attention, rappelons qu’il ne s’agit toujours pas d’une interdiction de commerce pure et dure, mais d’une restriction obligeant à obtenir une licence d’exportation auprès de l’administration américaine, licence qui peut être accordée (et il semblerait que ce soit en pratique très souvent le cas, trop souvent selon certains) comme refusée. En plus d’avoir allongé la liste des produits sujets à licence, les USA ont également ajouté deux nouvelles entreprises chinoises à la fameuse "Entity List", à savoir Biren Technology et Moore Threads - deux constructeurs de semiconducteur fabless spécialisés dans le GPU.

Nous ne savons pas encore ce que cette décision aura pour impact sur les deux entreprises, mais il est très probable que cela coupera leur accès aux technologies les plus avancées. Pour rappel, les entreprises figurant sur la liste en question ont un accès aux technologies américaines très restreint et toute entreprise américaine ou étrangère souhaitant faire commerce avec l’une d’entre elle de produits ou de technologies ayant un ADN vaguement américain doit au préalable obtenir une licence auprès de l’U.S. Department of Commerce's Bureau of Industry and Security. À savoir que toute demande est toujours examinée avec présomption de refus et est en pratique rarement accordée.

Autre petite nouveauté du texte, l’inclusion d’un certain nombre de systèmes lithographiques DUV supplémentaires, pour aller encore un cran au-delà de la dernière mesure néerlandaise en date, qui empêchait déjà ASML d’envoyer des modèles de scanners DUV plus anciens et certaines pièces de rechange vers les usines chinoises. Pour le coup, ceci concernera aussi davantage des fournisseurs d’outils et de matériaux comme KLA, Lam Research et Applied Materials. Aucun d’entre eux n’a encore communiqué à ce sujet, tandis qu’ASML s’est montré peu inquiet pour le long terme quant à ses affaires.

Mais une fois de plus, c’est NVIDIA qui se retrouve sous le feu des projecteurs. Les dernières mesures avaient empêché NVIDIA de continuer à vendre ses A100, A100X et H100 aux entreprises chinoises (qui en furent pourtant très friandes), chose que le constructeur avait rapidement contournée avec l’élaboration des A800 et H800, tout simplement des versions bridées des références citées ci-dessus. Qu’à cela ne tienne, la fête est désormais terminée !

En effet, la nouvelle réglementation ratisse très large et englobe cette fois-ci aussi les A800 et H800, mais ce n’est pas tout ! Les autorités ont visiblement cherché à anticiper toute nouvelle tentative de la part de NVIDIA de jouer au plus malin et ont également ajouté deux produits à base d’AD102 à la liste, la carte professionnelle L40S et la carte gaming RTX 4090... Finalement, toutes les références DGX et HGX basées sur les GPU mentionnés sont évidemment aussi concernées, et surtout tous les "futurs circuits intégrés, cartes ou systèmes NVIDIA" dépassant un certain plafond de performance ! Autrement dit, toute succession des GPU ci-dessus ? Sans aucun doute. Ça, c’est de l’anticipation administrative ! Compte tenu de la forte demande dont jouissent ses produits spécialisés, NVIDIA ne semble toutefois pas très inquiet quant à l’impact sur ses finances :

Étant donnée la vigueur de la demande pour nos produits à l’échelle mondiale, nous ne prévoyons pas que les restrictions supplémentaires auront un impact significatif à court terme sur nos résultats financiers.

Naturellement, il n’y a pas que NVIDIA. Bien que largement en arrière-plan de tout ce développement, Intel et AMD aussi seront inévitablement impactés, d’autant plus que la réglementation a été élargie aussi pour limiter la puissance des processeurs vendus aux entreprises chinoises, ce qui n’était pas encore le cas jusqu’à présent. Un peu comme NVIDIA, Intel avait tuné ses solutions à base de Gaudi2 pour la Chine, mais ces adaptations ne devraient à présent plus être tolérées avec les nouvelles règles, pas plus que la vente des séries Instinct MI200 et de toutes les futures références MI300 d’AMD.

Bref, on ne peut que dire une chose : ça, c’est fait ! L’objectif de fond est toujours le même, préserver la sécurité nationale en limitant l’accès de la Chine aux semiconducteurs et aux technologies avancées pour compliquer ses avancées en matière d’intelligence artificielle, par crainte que celles-ci puissent tomber entre de mauvaises mains et être utilisées à des fins militaires. En attendant, face au mur, il est évident que ceci devrait encore une fois booster les entreprises chinoises comme Alibaba et Huawei, et aussi le reste de l’industrie pour arriver à subsister avec ses propres solutions et alternatives, hardware autant que software. Certains pensent que c’est mission impossible, d’autres que ce n’est qu’une question de temps, sans oublier que cette compétition n’est pas que technologique, mais aussi économique. La question est donc maintenant aussi de savoir qui des USA ou de la Chine se retrouvera en premier sans le sous pour rester dans la course... (Source : Tom's, Computerbase, Reuters, Fierce Electronics)