Huawei Smic Kirin 9000s Soc

Les politiciens US sont choqués de découvrir une puce chinoise en 7 nm, pendant que la Chine a annoncé une 3e tournée de subvention pour son semiconducteur.

Mise à jour du 17 septembre 2023 - Ça n’aura donc pas pris longtemps, le Congrès US a déjà proposé une révision législative visant à renforcer très sévèrement les sanctions à l’encontre de SMIC et d’Huawei, mais également toutes les entreprises affiliées à ce dernier, par exemple Honor. Point le plus important, le texte prévoit notamment le refus et la révocation de toutes les licences d’exportation demandées et accordées à ce jour aux susmentionnés pour tous les articles/technologies soumis à la régulation administrative américaine des exportations (Export Administration Regulations, ou EAR). Et alors que la réglementation se "limite" jusqu’à présent aux technologies avancées en deçà du 14 nm, il s’agirait cette fois-ci d’étendre l'interdiction à toutes les technologies, y compris les plus matures ! En bonus, des procédures pénales seraient par ailleurs engagées à l’encontre des dirigeants de SMIC et d'Huawei, parce que pourquoi pas...

Clairement, certains aux USA veulent véritablement faire passer les sanctions à la vitesse supérieure. On pourrait même dire que ce n’est pas une, mais plusieurs vitesses qui seraient ainsi passées ! Certes, ce n’est encore qu’une proposition, tout ne fera peut-être pas partie du texte final, qui sera normalement ratifié au fil des prochaines semaines. Cependant, étant donné que la Chine est l’une des rares choses à réussir en ce moment à unifier la majorité du monde politique américain, il y a fort à parier que toutes les nouvelles mesures seront validées, et potentiellement plus si affinités, allez savoir. Quand bien même la mise en œuvre ne se fera probablement pas du jour au lendemain, les jours du commerce des entreprises telles qu'AMD et NVIDIA (qui en a énormément profité dernièrement) avec la Chine semblent plus que jamais comptés... On imagine que tout cela aura aussi inévitablement des répercussions sur le commerce entre la Chine et l'Europe, par exemple avec ASML.  (Source : Computerbase)


Texte original du 07 septembre 2023 - Branle-bas de combat aux USA, où les politiciens et même la Maison-Blanche semblent avoir enfin découvert l’existence d’un 7 nm chinois (alors qu’il avait été présenté, échantillon à l’appui, il y a plus d’un an, certes, sans faire trop de bruit) avec le lancement du SoC Kirin 9000 S installé dans le nouveau Mate 60 Pro d’Huawei. Le SoC en question - qui a cette fois-ci beaucoup fait jaser dans les médias en Chine et aux USA - est a priori basé sur une seconde génération optimisée du 7 nm de SMIC, au point où certains médias (surtout chinois) sont allés jusqu’à le qualifier de 5 nm... Il va de soi qu’il n’y a pas d’EUV dans la recette, les fondeurs chinois étant interdits d’achats du matériel requis, alors que les ultraviolets extrêmes sont jusqu’à présent toujours considérés comme étant un ingrédient indispensable pour aller au-delà du 7 nm. Un vrai 5 nm en DUV est à ce jour largement jugé comme étant non viable, mais allez savoir, ça finira peut-être un jour par changer, notamment si la Chine n’a pas d’autres possibilités ou si leurs efforts de développement d’une solution EUV locale n’aboutissent à rien, ou pas assez rapidement. En tout cas, tout semble indiquer qu’ils y travaillent dur.

Huawei Smic Kirin 9000s Soc

La fameuse puce en question.

Le sujet a même été soulevé lors d’une conférence de presse à la Maison-Blanche, mais n’a pas beaucoup été commenté pour autant pour l’instant. Elle souhaite collecter plus d’informations sur les caractéristiques et la composition de la puce incriminée avant d’en dire plus. Ceci n’a pas empêché d’autres politiciens de monter au créneau, parfois pour réclamer l’adoption d’une approche américaine beaucoup plus stricte vis-à-vis des échanges de technologies avec la Chine, car cette puce n’a pas pu être créée sans technologie américaine. L’un des plus vocaux, le républicain Mike Gallagher, estime qu’il y a à ce jour beaucoup trop d’exemptions et de licences qui ont été accordées. Des entreprises chinoises telles qu’Huawei et SMIC ont beau avoir été blacklistées depuis longtemps, elles sont encore loin d’être totalement isolées. En effet, il se trouve que de nombreux contrats de plusieurs milliards de dollars ont encore été signés avec Huawei, SMIC et d’autres ces dernières années après le début des sanctions. Apparemment, pas moins de 90 % des licences demandées (certains sont valides jusqu’à 4 ans) pour les exportations vers SMIC avaient également été accordés sous Trump.

De ce fait, des politiciens américains demandent à présent que leur pays aille beaucoup plus loin en arrêtant pour de vrai et pour de bon toutes les exportations technologiques vers des entreprises chinoises comme Huawei et SMIC ! Alors que des restrictions supplémentaires sont déjà depuis plusieurs semaines anticipées pour l’automne, il sera intéressant de voir si des mesures additionnelles seront prises suivant ce nouvel épisode...

Pendant ce temps-là, la Chine se prépare à dépenser une fois de plus plusieurs milliards de dollars (enfin, l’équivalent en monnaie locale) pour booster son industrie du semiconducteur, toujours une naine à l’échelle mondiale, mais dont les progrès semblent de plus en plus apparents. On le sait bien, faire du semiconducteur est une affaire compliquée, longue et couteuse, mais les sanctions occidentales continuent à motiver la Chine dans ses efforts et par conséquent à effectuer ce qui sera une troisième tournée de financement ! La première avait eu lieu en 2014 avec 22 milliards de dollars et ciblait principalement la construction des usines et la production de wafer ; la seconde avait eu lieu en 2019 avec 29 milliards de dollars et se concentrait sur le reste de l’écosystème de la chaine d’approvisionnement du semiconducteur ; la troisième bénéficierait d’une enveloppe estimée pour l’instant à plus de 40 milliards de dollars et il s’agira cette fois-ci de travailler sur l’équipement de production des usines, sans aucun doute tels que les scanners DUV et EUV. Ce qui a du sens, puisque la Chine est de plus en plus limitée dans ses options à cet égard, quand bien même ASML peut à ce jour toujours lui vendre du scanner DUV. Mais pour combien de temps encore ?

Bon, difficile de savoir ce que va donner en pratique. Injecter plein d’argent dans un domaine est une chose assez facile à faire, obtenir des résultats dignes de noms est une autre paire de manches - ceci vaut autant pour la Chine que pour le reste du Monde. En Chine, cette aventure a lieu dans le cadre de ce que le gouvernement a baptisé de Big Fund (le Gros/Grand Fonds). Un fonds étatique dont le fonctionnement parfaitement opaque a néanmoins déjà beaucoup été critiqué et posé problème. Par exemple, le responsable du Grand Fonds a perdu sa place en mars dernier, suivant des enquêtes sur des pots-de-vin et la corruption qui avaient été démarrées en 2021. Un exemple des soucis internes ayant affecté la progression de l’industrie chinoise du semiconducteur, l’autre ayant été une volonté d’aller beaucoup trop vite et trop vaste. Mais au milieu des ratés, il y a aussi eu des succès et c’est certainement aussi ce qui encourage en partie la Chine à poursuivre sa démarche dans ce domaine. (Source : Reuters, Reuters, Computerbase)

Xi Jinping Wafer

Matt


  • Comme tu l'as dit, on connaissait déjà ce 7nm. Je ne vois pas pourquoi les USA paniquent autant. En tant que tel, ce SoC va probablement être suffisant pour les taches d'aujourd'hui, mais certainement être loin derrière les nouveaux SoC en 3nm TSMC en performance/consommation. Et sans EUV ou autre techno permettant d'aller plus bas, ils pourront difficilement faire mieux. A moins de prendre rapidement Taïwan, et en supposant que les USA ne bombardent pas les usines dans un tel cas, combien d'années cela prendra-t-il pour obtenir cette techno?

  • Les usa ont interdit l euv

    Sauf que la ils ont fait mieux avec ce qui était à leurs disposition 

    Les interdire d'utiliser ceux qu'ils ont autant les faire fermer 😅

  • Wow, ca chauffe et c'est pas vraiment bon signe pour nous les p'tits zozo péens entre les deux...

  • Le 7 nm est réalisable sans couches EUV, ce que Samsung et TSMC avaient fait initialement avant d'en ajouter pour réduire coût et complexité.

    SMIC pouvait pendant longtemps encore acheter du scanner DUV comme tout le monde.

    Sinon, cela fait au moins depuis 2020 que le fondeur chinois parle de 7 nm et ça c'était d'ailleurs déjà concrétisé en 2022 avec une première puce pour ASIC de minage...

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