Une avancée importante a eu lieu dernièrement pour l'acquisition de 69 milliards de dollars (soit 95 $ par action) d'Activision-Blizzard par Microsoft, une transaction déjà approuvée depuis très longtemps par les conseils d'administration des deux entreprises, mais entre-temps aussi dans une quarantaine de pays, y compris par l'Europe. Seules la Federal Trade Commission (FTC) Américaine et la Competition and Market Authority (CMA) britannique font encore de la résistance jusqu'à présent. Cependant, la donne a bien changé en l'espace de quelques jours aux USA, où Microsoft a désormais concrètement été autorisée à poursuivre son achat après sa victoire en justice (suivant des jours de négociations et d'auditions) contre la FTC et du rejet de la tentative d'appel subséquente de cette dernière.
En bref, la cour de justice américaine avait estimé que la FTC n'avait pas apporté suffisamment de preuve pour soutenir son affirmation selon laquelle cette acquisition allait entraver la concurrence sur le segment concerné et que les preuves disponibles suggèrent au contraire que les consommateurs allaient en bénéficier. Tant mieux pour Microsoft, cependant, le bras de fer avec la FTC n'est pas encore totalement gagné, puisqu'elle a également engagé une poursuite en interne devant un juge administratif de la FTC, un procès qui doit commencer le 2 aout. Microsoft essaye actuellement de convaincre la FTC de jeter enfin l'éponge et d'annuler ce énième procès, sans succès pour l'instant. En parallèle, encouragée par sa victoire à domicile, Microsoft a désormais bon espoir que la CMA reviendra sur sa décision et s'alignera sur le reste du monde. Des négociations ont toujours lieu pour apaiser et dissiper les préoccupations locales de l'autorité britannique.
As we near the finish line, today's extension with @activision enables us to focus on addressing comprehensively and properly the UK's statutory requirements while sustaining fully our obligations across the EU.
— Brad Smith (@BradSmi) July 19, 2023
Le tweet de Brad Smith, Président de Microsoft, annonçant l'extension.
Cependant, Microsoft et Activision-Blizzard ont malgré tout dû convenir de prolonger le délai de clôture de l'acquisition, la date initiale du 18 juillet 2023 n'ayant évidemment pu être respectée. L'objectif est dorénavant d'y arriver d'ici à 3 mois, au plus tard le 18 octobre prochain. Bien entendu, comme c'est généralement la coutume, cette prolongation est accompagnée de pénalités plus élevées en cas d'échec :
- Activision Blizzard est en droit de payer 0,99 $ par action à ses actionnaires.
- Les deux parties ont convenu que les frais d'annulation de l'accord ne sont soumis à aucune condition autre que l'échec de la conclusion de l'accord.
- Si l'accord n'est pas conclu d'ici le 29 août 2023, les frais d'annulation payables par Microsoft en cas de résiliation de l'accord passeront de 3 milliards à 3,5 milliards de dollars. Si l'accord n'est pas conclu d'ici le 15 septembre 2023, cela augmentera de 3,5 milliards à 4,5 milliards de dollars. Tout frais d'annulation ne sera payé que si l'accord échoue à être conclu.
Update on Activision Blizzard’s merger with Microsoft: agreement deadline extended
— Lulu Cheng Meservey (@lulumeservey) July 19, 2023
The recent decision in the U.S. and approvals in 40 countries all validate that the deal is good for competition, players, and the future of gaming.
Given global regulatory approvals and the…
Malgré le retard, le ton reste positif chez Activision-Blizzard. Lulu Cheng Meservey est Chief Commercial Officer et Executive Vice President des affaires de l'entreprise.
Enfin, l'autre avancée positive ayant eu lieu récemment pour Microsoft et une conséquence directe de la défaite de la FTC est la signature d'un accord entre Microsoft et son concurrent Sony. Le japonais fut dès le départ le critique le plus vocal et l'opposant majeur de cette acquisition, et pour de bonnes raisons en ce qui le concerne, puisqu'il craignait que l'américain puisse en profiter pour lui couper l'accès à la bibliothèque d'Activison-Blizzard sur PlayStation, notamment sa franchise la plus rentable, Call of Duty. Qu'à cela ne tienne, désarmé par la défaite de la FTC et ayant senti le vent tourner, Sony a finalement accepté de signer l'offre d'un accord de 10 ans - sur la table depuis décembre 2022 et accepté par Nintendo, mais initialement rejeté par Sony - pour le maintien garanti de Call of Duty sur PlayStation dès lors que le rachat se sera concrétisé. À cela s'est ajoutée la nouvelle assurance de Microsoft que l'acquisition n'a pas pour but de verrouiller sa plateforme et s'octroyer toutes les exclusivités, pour l'instant. (Source : Computerbase, Reuters)