Le 25 octobre 2001, Windows XP sortait. C'est pourtant 35 jours avant cette date qu'un évènement majeur pour le système d'exploitation et son papa Microsoft se jouait, le 20 septembre 2001. Une simple image résume cela. Elle a fait le tour du monde à l'époque et vous l'avez sans doute déjà vue :
Cette clé, FCKGW-RHQQ2-YXRKT-8TG6W-2B7Q8, fait désormais partie de la légende et il est fort probable que plusieurs d'entre vous, en lisant seulement les premiers caractères de la clé, aient pu encore aujourd'hui en réciter la suite de mémoire tant elle a été utilisée et réutilisée par ceux qui souhaitaient profiter de Windows XP gratuitement (petits canailloux). Comme la photo l'indique, elle a donc été dévoilée par l'auteur de la version pirate, ou plutôt "warez" comme on disait à l'époque, Windows XP Pro Devil's Own. Une version qui n'était même pas bêta, mais bel et bien finale.
Cette clé de Windows XP avait la particularité de fonctionner systématiquement. Un exploit d'autant plus étonnant que Microsoft inaugurait avec Windows XP son Windows Product Activation (WPA) censé rendre la vie dure aux amateurs de warez en refusant l'activation de toute clé suspecte. Pourtant, malgré des millions d'utilisateurs simultanés dans le monde de la clé FCKGW-RHQQ2-YXRKT-8TG6W-2B7Q8, mois après mois et même année après année tout semblait tourner comme une horloge. Il est difficile d'estimer l'argent perdu par Microsoft à cause de cette clé à elle seule, mais plusieurs analystes évoquent un total se comptant en centaines de millions de dollars probablement...
Mais alors, d'où viendrait cette clé ? Certains évoquaient la possibilité d'une clé réellement créée de toutes pièces par les personnes derrière Devil's Own. L'idée était tentante, d'autant qu'on pouvait imaginer un pied de nez derrière cette clé commençant par FCKGW comme "FuCKinG Windows". Mais si tel était le cas, Microsoft aurait sans doute pu réagir bien rapidement et la bloquer.
La piste suivante fut celle des clés de licence en volume (VLK en anglais). Il n'y avait depuis longtemps plus de doute qu'il s'agissait bel et bien de cela, mais en ce mois d'octobre 2025 un ancien responsable de Microsoft, qui avait d'ailleurs travaillé sur Windows XP et son WPA, est venu confirmer la chose sur X et raconter sa version de l'histoire :
The story of FCKGW-RHQQ2-YXRKT-8TG6W-2B7Q8.
— Dave W Plummer (@davepl1968) October 8, 2025
If you're not the type to pay for your software, you probably know this key. What you might not know is that I worked on the first version of Windows Product Activation, and this was our first major "hack".
And yet, it wasn't a… pic.twitter.com/bJoGGO5c9o
Il confirme tout d'abord que ce n'était pas un piratage, mais une fuite. Le système WPA de Windows XP générait un identifiant du PC contenant des informations comme le CPU, la RAM et d'autres composants lors de la tentative d'activation de l'OS, ainsi que la clé saisie par l'utilisateur puis envoyait le tout aux serveurs de Microsoft pour validation. À la moindre suspicion, l'activation devait échouer. Sauf que dans le cas d'une clé de licence en volume comme FCKGW-RHQQ2-YXRKT-8TG6W-2B7Q8, toute cette procédure n'existait même pas. Elle était sur une "liste" blanche" nous confie Dave Plummer, qui fait que le serveur recevait le message de ne rien faire, pas d'appel téléphonique ou autre, on active sans rien vérifier. Nous avons donc là l'explication sur le fait qu'il était possible d'avoir même la clé sur des millions d'ordinateurs sans qu'aucune alerte ne se déclenche du côté de Microsoft.
Après, devant l'ampleur du phénomène et le fait que "tout le monde savait", difficile d'imaginer que Microsoft n'ait pas rapidement découvert qu'une clé de licence en volume était dans la nature avec un impact gigantesque. Pourquoi ne pas l'avoir bloquée rapidement ? Il aura en effet fallu près de 3 ans à Microsoft pour la bannir à l'activation. Dave Pummer évite d'aborder cette partie de l'histoire et on peut le comprendre. Car, pour que Microsoft ait pris la décision de ne pas la bloquer, on imagine que cette VLK devait être utilisée par une grosse, une très grosse société et sur un nombre sans doute énorme de postes. Il fut durant un temps supposé qu'il pouvait s'agir de Dell. Aucune "preuve" ne semblait aller spécialement dans ce sens, mais il était connu que cette société disposait d'une ou plusieurs VLK de ce type et c'était bien un très gros partenaire de Microsoft, cela faisait donc de Dell un bon candidat à rumeurs. Nous n'avons toujours aucune confirmation officielle en 2025 de quelle société était à l'origine de cette "fuite désastreuse" pour reprendre les termes de Dave Plummer, mais la piste la plus probable désormais est clairement Intel. Dans Windows XP SP1, une fois la clé bannie, on peut trouver cette ligne de code, d'ailleurs toujours vérifiable si le cœur vous en dit :

Que de souvenirs !
Pour moi la raison du non bannissement est probablement plus simple : Microsoft fait de toute façon le gros son business avec les entreprises , avoir une clé "pirate" mais parfaitement fonctionnelle permet à ceux qui n'auraient de toute façon jamais payé d'utiliser windows à jour -donc sans donner mauvaise réputation à l'os ce qui aurait pu arriver avec des versions vraiment modifiées en profondeur- et de contribuer à l'hégémonie windows en s'accaparant toutes les parts de marché.
Je pense que c'est volontaire, comme les clés du marché gris windows 11 pro à moins de 1€, c'est toléré par MS. Exemple personnel : si ça existait pas j'aurais abandonné windows quand proton s'est développé sous linux.
Je ne la connaissais pas celle-ci. Par contre j'en ai toujours une en souvenir 25 ans plus tard pour XP : KQCTQ-H2RMM-2XXBJ-R8J9B-FBKG8 (petit doute sur l'ordre des deux derniers blocs^^)... Qu'est ce que j'ai pu le réinstaller ce système ...
La première partie de la clé (FCKGW) semble vouloir signifier FuCK Genuine Windows
Combien j'ai pu en installer, j'ai fini par la connaitre par cœur et même maintenant, il y a des parties qui sont encore gravées dans ma mémoire.😁