Maintenant que les élections sont passées, l’administration sortante s’est enfin décidée à accélérer sur l’attribution des subventions du CHIPS Act. Il en aura fallu du temps, mais ça y est, Intel a enfin pu signer le contrat avec le gouvernement pour obtenir sa part ! Celle-ci a quelque peu été rabotée à cause des retards d’investissements et des difficultés financières d’Intel. Le fondeur était initialement parti pour recevoir plus de 8 milliards de $, le gouvernement lui en a finalement accordé 7,865 milliards dans le cadre du CHIPS Act. Cette enveloppe n’en reste pas moins la plus importante accordée à une entreprise participante - par exemple TSMC, Samsung ou GlobalFoundries. Enfin, n’oublions pas qu’Intel a bénéficié d’autres formes d’aides, telles que l’attribution du contrat de 3 milliards de dollars pour le programme Secure Enclave. Enfin, le gouvernement sortant a aussi fait de son mieux, par l’intermédiaire de la secrétaire au Commerce des États-Unis, Gina Raimondo, pour motiver les grosses entreprises américaines à faire produire chez Intel Foundry. Nous savons que Microsoft s’est exécuté, de même qu’AWS avec la signature d’un contrat pluriannuel de plusieurs milliards de dollars. Bref, de ce point de vue là, Intel n’est pas tellement à plaindre.
Un autre point important a en revanche aussi été adressé par l’accord et ses termes, concernant Intel Foundry et sa gestion par la maison mère. De nombreuses interrogations ont circulé ces derniers temps au sujet de l’avenir de la division du géant américain en difficulté, avec des hypothèses d’une vente ou d’une scission. La signature du contrat avec le gouvernement vient désormais limiter les options :
- Intel ne peut pas vendre Intel Foundry
- Intel doit conserver une participation de contrôle, même si Intel Foundry devient publique (introduction en bourse)
- Intel doit conserver une participation d’au moins 50,1 % dans Intel Foundry en cas transformation en société privée (par exemple, en faire une entreprise commune avec un ou plusieurs tiers)
- En cas d’introduction en bourse, aucun tiers ne peut détenir 35 % ou plus des parts, sauf si Intel reste l’actionnaire majoritaire
- Aucun tiers ne peut acquérir 35 % ou plus de la propriété ou des droits de vote d’Intel
- Intel doit conserver le contrôle d’Intel Foundry et de toutes les entités ayant bénéficié d’un financement dans le cadre de cet accord
- Intel doit continuer à investir dans la production et la conception de semiconducteurs de pointes aux USA
- Intel doit consacrer au moins 35 milliards de dollars pour la "recherche et développement" et pour ses installations aux USA entre 2024 et 2028
En somme, les destins d’Intel et d’Intel Foundry resteront liés quoi qu’il arrive. En pratique, il n’y a de toute façon jamais vraiment eu une volonté officielle à dissocier les deux. Patoche Gelsinger, le PDG n’a eu de cesse de répéter que ça n’arrivera pas de son vivant. Après tout, Intel Foundry est un peu son bébé. Naturellement, ceci n’a pas empêché d’autres voix d’argumenter tant en faveur, tantôt contre une séparation. Maintenant au moins, les choses sont un peu plus claires grâce aux limites posées. Intel peut donc faire d’Intel Foundry une entreprise publique à part ou privée s’il le souhaite, mais ne pourra en aucun cas lâcher les commandes et s’en désengager. Notez que ces termes ne sont pas exceptionnels ni exclusifs à Intel. Le gouvernement a confirmé que chaque bénéficiaire de subventions directes a droit à son p’tit lot de conditions à respecter. (Source : Reuters, via Tom’s)
Alors que pendant ce temps en France, on file des milliards à des boites qui s'empresse de licencier er de fermer des usines...