Officiellement, pas grand-chose n'est sorti de la réunion entre Trump et Lip-Bu Tan cette semaine, si ce n'est qu'elle était "intéressante" et que les deux partis se sont montrés prêts à négocier pour avancer ensemble. Mais pour l'instant, la nature et la forme de ce rapprochement restent un mystère. Les spéculations vont bon train. La rumeur la plus mise en avant est que les USA (enfin, le gouvernement) pourraient entrer au capital d'Intel ! À titre d'exemple, en juin dernier, les USA ont pris une position privilégiée au capital d'US Steel après le rachat de cette entreprise par le groupe industriel Nippon. Le gouvernement américain s'est octroyé au passage le droit de nommer un membre du conseil d'administration et un droit de veto sur la gestion de la production aux USA. Il n'est pas à exclure qu'un schéma semblable puisse être reproduit avec Intel, compte tenu de la nature cruciale et sensible du semiconducteur et de son approvisionnement.
Cependant, dans le cas d'Intel, il reste à voir s'il s'agirait d'investir dans l'intégralité d'Intel et donc également dans son activité de conception, ou de privilégier la production uniquement, à savoir Intel Foundry. Le cas échéant, la possibilité d'une séparation définitive d'Intel de ses usines resterait sur la table, avec la création d'une entité réellement autonome soutenue directement par le gouvernement, Intel et pourquoi pas d'autres acteurs majeurs américains du semiconducteur. Intel Foundry, à deux doigts d'une nationalisation ? L'ombre d'un espoir ? Ou le vrai début de la fin ?
En tout cas, comme par hasard (ou pas), le président américain a laissé entendre hier songer à remettre le couvert et imposer 200, voire 300 % de droits de douane sur le semiconducteur ! Décidément. Il reste donc fidèle à son habitude d'annoncer des plans tarifaires extrêmes. Si les chances sont très grandes que cette mesure ne soit jamais mise en pratique telle quelle, cette annonce a au moins le "mérite" de plonger les différents acteurs dans l'incertitude, certes, certainement plus paralysante qu'autre chose. Mais le gouvernement pourrait-il vraiment aller jusqu'à se servir de la menace des droits de douane pour "aider" Intel (Foundry) à trouver des clients sur le territoire américain ? Au fond, nous ne serions guère surpris d'apprendre que tout cela soit lié. Reste à voir si ça pourrait réellement marcher... En attendant, l'action d'Intel a profité de toutes ces histoires pour reprendre un peu de couleur. (Source : Bloomberg, Bloomberg)
