Que serait le monde du jeu vidéo sans gamepad, joypad, manette ou joystick ? Certains pensent que cela serait un monde parfait où la souris et le clavier seraient reine et roi. Pour ceux qui pensent différemment, l’univers des contrôleurs de jeu évolue et se renouvelle, ce qui nous amène au test du jour de la GXT 541 Muta de chez Trust, petite sœur filaire de la GXT 542 Muta qui fonctionne sans (il existe également une GXT 1230 identique à la GXT 542, à part que les touches B/A et Y/X sont inversées pour coller à la Switch de Nintendo et qu’elle a des touches de rouge). Voici en vidéo ce que le fabricant en dit :
Présentation
La Muta a la forme d’une manette de Xbox, les boutons ABXY emblématiques de la SuperNES cette dernière, mais ses joysticks sont placés à la mode PlayStation. Pourquoi ? Eh bien pourquoi pas d’abord. Mais surtout pour profiter de ce qui lui permet d’obtenir son titre de mutant, en permettant à sa croix directionnelle de revêtir différents chapeaux pour s’adapter à vos besoins. Ainsi, vous pourrez avoir une simple croix, une surface plus travaillée ou carrément une sorte de copie de ce que l’on trouve sur les contrôleurs Xbox Elite, et ce en retirant juste un capuchon en plastique facilement interchangeable.
Vous allez peut-être nous dire : « Ouais, la belle affaire, qui joue avec la croix directionnelle en 2023 ? » Eh bien pas mal de joueurs. Certes ce n’est pas le plus pratique dans un jeu d’action (et encore, les goûts et les couleurs comme on dit), par contre dans un jeu de combat c’est le meilleur moyen d’enchainer les combos et de s’assurer de réaliser les bons mouvements au moment voulu. Sur ce terrain, pouvoir réellement actionner une diagonale franche est un atout et pas des moindres, ce qui nécessite donc d’avoir de quoi appuyer, puisque la diagonale a disparu de nombreuses manettes depuis des années. Ici, avec 2 capuchons le permettant, le ton et l’avantage sont donnés, avec même un choix pour le joueur aimant optimiser. D'ailleurs, rien n'interdira à un bidouilleur équipé d'une imprimante 3D de venir y coller une croix directionnelle faite maison.
La bestiole est équipée d’un câble de 3 mètres non tressé (amovible et permettant de jouer en la rechargeant pour la version sans-fil). Elle pèse 270 g (220 g annoncés pour le modèle sans-fil, mais Trust ne dit rien du poids et de la capacité de la batterie embarquée) et mesure 165 x 115 x 60 mm. Un format qui permet de la comparer à un contrôleur de Xbox One mesurant 153 x 102 x 61 mm pour 280 g. Un poil plus large et haute, pour 10 g de moins à la pesée. Côté tarif, son prix conseillé est de 29,99 € (39,99 € pour la sans-fil), mais vous pouvez la trouver pour moins cher chez certains marchands. Pour découvrir son tarif actuel sur le marché, ainsi que celui de la frangine et de la variante GXT 1230 (orientée Switch donc), voici un petit tableau qui vous permettra de les trouver au meilleur prix.
Détail
D’un layout tout à fait commun, mise à part sa croix directionnelle, la Muta compte 15 boutons, avec 5 en V dans la partie centrale. Si Trust est fière d’annoncer que sa manette est composée à 75 % de plastique recyclé, cela n’en fait pour autant pas un appareil à l’apparence peu robuste. On n’est pas sur de la finition parfaite, mais le grip fait bien son travail. L’ensemble ne bouge pas à la torsion, semble capable d’encaisser quelques chutes et éventuellement 2 ou 3 jets contre un mur suite à quelque frustration vidéoludique.
Les boutons centraux ont presque tous leur fonctionnalité, et vous aurez même le droit à une petite rampe de DEL située en dessous. On commence par les classiques - et + qui seront les « select » et « start » dans la configuration de base. Vient ensuite le bouton T qui permet d’enclencher un mode turbo réglable (Off, 50 %, 75 %, 100 % en l’associant au stick de gauche pour le réglage), ou de l’activer uniquement pour un des boutons ABXY (en pressant T puis le bouton désiré). La touche O n’a pas de fonctionnalité de base, mais sera configurable en jeu au besoin. Enfin, la touche « Home » fera la même chose que celle des contrôleurs de Microsoft, c’est à dire ouvrir la barre de jeu de Windows.
Reste à parler des DEL qui, si elles clignotent joyeusement lors du branchement du contrôleur, n’auront d’intérêt que pour repérer le réglage Turbo des boutons ABXY. La quatrième est allumée pour afficher la mise en fonction (sauf sous GNU/Linux où c'est la première qui s'allume), la première clignotera pour afficher le mode Turbo, les deux du centre s'allumeront le temps que l'appareil soit détecté par votre PC. On aurait pu s’attendre à une numérotation des contrôleurs comme sur la manette Xbox 360 qui lui sert de base (cette dernière avait 4 DEL autour du logo pour les joueurs 1, 2, 3 et 4), mais ça n’est pas le cas. Branchée avant ou après une manette de Xbox 360, l’affichage reste inchangé alors que la manette de la Raymonde affiche bien un éclairage sur 1 ou 2 en fonction de la présence avant ou après celle de la Muta.
L’arrière de l’engin ne présente rien de spécial, mis à part un bouton Reset qui permettra de la remettre à ses paramètres d’usine (soit en Turbo Off). Sinon, juste 2 gâchettes et 2 boutons sur la tranche et de quoi bien la poser en main. Un poil plus large et longue que la moyenne, elle pourra être un peu grande pour les plus jeunes ou les mains très fines, sans non plus interdire son utilisation à qui que ce soit. Passons à l’intérieur.
Démontage
Une fois quelques vis retirées, voici ce que vous trouverez (mais évitez de le faire, on le fait pour vous et vous gardez votre garantie au passage). Un PCB simple aux composants standards pour ce genre de produit. Les soudures sont acceptables et les 4 câbles du cordon USB ont même le droit à un gros point de colle pour assurer qu’ils ne viendraient pas s’arracher à force de torsion. On en profite pour vous rappeler qu’enrouler le câble d’un contrôleur autour de ce dernier n’est pas bon pour sa base, si vous faisiez pareil avec celui de votre smartphone, le connecteur casserait encore plus vite. Les câbles des 2 moteurs de retour de force ont le droit au même traitement, un bon point également. Voyons maintenant comment tout cela se comporte.
Analyse
Petit passage par une API web (Gamepad API pour les curieux, outil simple en HTML5) bien pratique pour analyser un contrôleur de jeu. Détecté comme une manette de Xbox, la Muta s’en sort très bien. Ses 2 joysticks ont un taux d’erreur inférieur à 1 % et ses gâchettes B6 et B7 (respectivement les touches plus connues sous les noms de LT et RT) sont précises et bien linéaires. Pour le reste, le temps de réponse et la course des boutons sont équivalents à ceux d'un contrôleur standard, en deçà d’un contrôleur destiné aux joueurs friqués professionnels (type Microsoft Xbox Elite avec ses gâchettes super précises et ses sticks à tension réglable), mais on ne joue pas dans la même ligue côté tarif ici (comptez 149 € pour une Xbox Elite Série 2 à l’heure où nous écrivons ces lignes).
Lors de nos tests sur différents types de jeux, la Muta s’est montrée tout à fait convaincante, même si perfectible à notre sens. Sans entrer dans la subjectivité, les touches ABXY ont une course un peu plus molle que ce que vous trouverez sur un contrôleur officiel de console (qu’il soit de chez Sony ou Microsoft). Un défaut qui doit se tempérer avec l’usure, mais qui pourra en gêner certains au départ. De plus, le bouton B se trouve loin sur le bord et plus enfoncé que ses 3 frangins, ce qui peut le rendre moins pratique à actionner. Pas un point rédhibitoire, mais qui invite à essayer avant d’adopter, comme pour tout autre périphérique. Utilisée pour du jeu d’aventure, de la simulation auto ou encore du bon vieux jeu de combat de rue, la manette s’en sort très bien.
C’est d’ailleurs dans le 3e domaine qu’elle tire son épingle du jeu. En effet, avec sa croix directionnelle placée sur le haut et ses capuchons interchangeables, le fan de jeu de combat pourra certainement y trouver son bonheur. Dans le cadre de ce test et pour du Street Fighter, c’est celui avec les rainures en diagonales (le second de la première image de l’article) qui s’est montré le plus efficace sous nos doigts. Celui copiant le design des Xbox Elite (troisième de la première photo) s’est par contre montré le plus confortable sur longue session, sans perdre trop en efficacité. C’est ici un terrain subjectif et nous vous invitons à tester si cela vous est possible, mais il y a peu de risque à dire que vous trouverez parmi ces 3 choix quelque chose qui vous conviendra.
Reste à parler du retour haptique (quand la manette vibre entre vos mains en réponse à un événement en jeu). Les moteurs font très bien leur travail, les sensations sont bonnes et coordonnées avec les événements en jeu. On n’est pas sur la finesse d’un gamepad de Xbox One, mais ceux qui préfèrent un retour plus franc devraient apprécier celui de la Muta.
Maintenant qu’on a fait le tour de ses caractéristiques, parlons prix. Son MSRP de 29,99 € en fait un modèle abordable et la position de ses joysticks la place face à forte concurrence sur un marché de niche. En effet, ce type de gamepad peut intéresser les joueurs de jeux de combat (vous en trouverez qui préfèrent les sticks ou les manettes type Xbox, mais il y a une communauté préférant ce format) et puisqu’on ne trouve pas énormément de références de qualité sur ce segment (même la DualSense de Sony ne convient pas, sa croix directionnelle n’étant pas adaptée), il faut en passer par des solutions comme les HORI Fighting Commander OCTA qui coûtent la bagatelle de 49,99 € en version Xbox et 59,99 € en version PlayStation. Ces deux ont une très grande réputation dans le monde du jeu de combat, pour qui en a acheté une il y a quelques années, la qualité ayant été apparemment revue à la baisse (c’est la crise ma bonne dame). Elles ont cependant pour elles la présence de 6 boutons sur la droite, les ABXY étant accompagnés de RT/RB ou R1/R2 sur la face (Megadrive Style), ce qui les rend par le fait différentes et mieux optimisées pour le jeu de combat que la Muta qui se veut versatile.
Conclusion
Les Muta de Trust, que cela soit la GXT 541 que nous testons ici ou la version sans-fil GXT 542, essaient de faire se rejoindre les mondes Xbox et PlayStation (voire Switch avec la GXT 1230) tout en s’attaquant à un marché de niche, celui du jeu de combat. Ce constructeur se plaçant dans l’entrée de gamme et les périphériques accessibles, on peut dire à la fin de ce test et après quelques jours passés en notre compagnie que cette manette fait ce que l’on attend de ce type d’appareil. Elle tient bien en main, ses boutons répondent correctement et son mode turbo est un plus pour qui sait ou aime s’en servir. Les capuchons disponibles pour la croix directionnelle sont un ajout assez bien pensé pour les démarquer et un perfectionniste équipé d’une imprimante 3D pourra s’assurer d’avoir exactement ce qu’il veut sous le pouce au besoin. Pour une trentaine d’euros, c’est une manette intéressante, versatile et qui offre une solution de plus à l’amateur de jeux de combat.