Sous l’impulsion de son propriétaire SoftBank (qui n’avait en fin de compte pas réussi à refiler la patate à Nvidia) et en prévision d’une introduction en bourse (qui sera normalement un évènement majeur dans l’histoire de l’entreprise) plus tard dans l’année, le Financial Times affirme savoir de source sûre, mais anonyme, qu’Arm a commencé la conception de ses premières puces propriétaires avancées pour mobile, laptops et autres appareils électroniques. Elles auraient pour vocation de démontrer la puissance et les capacités des différentes solutions d’Arm, avec l’objectif premier d’arriver à séduire de nouveaux clients et donc booster davantage ses affaires (ses marges, ses profits, toussa) ! Ce serait le projet de semiconducteur le plus ambitieux d’Arm à ce jour, à placer dans un contexte financier récemment très favorable pour l’entreprise, lui permettant notamment d’investir plus dans son avenir.
Traditionnellement, à quelques exceptions près, Arm n’a pas vraiment pour habitude de s’impliquer dans la production et se contente surtout de vente des licences de ses solutions aux producteurs de puces. L’entreprise avait toutefois déjà collaboré par le passé avec certains partenaires, notamment Samsung et TSMC pour la fabrication de prototypes, mais ceux-ci servaient principalement à aider les développeurs de logiciels à se familiariser avec les nouveautés, rien de plus notable. La nouvelle entreprise d’Arm serait cependant une déviation notable de ses habitudes et le britannique y aurait dédié des moyens plutôt importants, notamment avec la formation d’une nouvelle grande équipe baptisée « solutions enginnering », menée par Kevork Kechichian (un vétéran de l’industrie arrivé en février, un ancien de chez NXP et Qualcomm).
Certains s’inquiètent du fait que ces nouvelles ambitions d’Arm (mais qui sont certainement aussi celles de SoftBank) pourraient remettre en question la neutralité du britannique, véritable « Suisse » de l’industrie du semiconducteur et qu’il pourrait un jour devenir un concurrent direct de sa propre clientèle - un peu comme Google s’était mis à concurrencer les autres smartphones Android avec ses Pixel, ou encore Microsoft les PC avec ses machines Surface. Le travail d’Arm est présent aujourd’hui dans 95 % des smartphones du marché, mais que se passerait-il si Arm s’estimait tout à coup capable de construire elle-même la meilleure des puces Arm ? Des personnes proches d’Arm auraient toutefois affirmé qu’il n’y a aucune intention de vendre ce type de produit ni de licence pour celui-ci, et qu’il ne s’agit que d’un travail de prototypage.
Pour terminer, il faut tout de même noter qu’Arm est a priori déjà partie pour modifier un peu ses pratiques commerciales. Par exemple, l’entreprise chercherait à augmenter ses prix et aurait décidé de modifier son programme de royalties. De ce fait, ce n’est plus la valeur de la puce qui déterminera le prix de la licence, mais la valeur de l’appareil intégrant la puce. Ceci devrait logiquement significativement booster le chiffre d’affaires d’Arm, mais on imagine que cette pilule sera déjà difficile à avaler pour certains clients. Par ailleurs, Arm a reconnu que la concentration de sa base clientèle (le top 20 représente 86 % de ses revenus...) est un vrai risque pour son activité. Alors qui sait quels autres changements l’entreprise pourrait encore introduire au fil des prochaines années à la recherche d’une meilleure rentabilité et diversification, d’autant plus dans un contexte où elle aura désormais des comptes à rendre à la bourse ?