Dans une décision très attendue et anticipée, après une enquête de plusieurs mois, la Chine (plus spécifiquement la Cyberspace Administration of China) est arrivée à la conclusion que « les produits de Micron présentent de gros risques pour la sécurité du réseau, ce qui constitue une menace importante pour la chaîne d’approvisionnement de l’infrastructure d’information critique de la Chine, affectant la sécurité nationale de la Chine » ! Par conséquent, il en découle que l’américain Micron a été « reclassifié », ce qui implique que certaines grandes entreprises chinoises vont désormais en principe ne plus du tout pouvoir se fournir auprès de Micron.
Mais alors que beaucoup se sont empressés de parler de « ban », d’« expulsion » ou encore « d’interdiction », la réalité est que l’analyse de la Chine et des risques de sécurité relevés n’ont pas été détaillées, et surtout que personne - parmi les non-sachants - ne sait a priori encore quels sont exactement les produits et segments concernés. La définition de ce que la Chine considère comme « infrastructure d’information critique » étant plutôt large, cette décision pourrait impacter de nombreux secteurs « sensibles », tels que le transport, la finance ou la télécommunication. Cependant, au moins un analyste pense que l’impact sera en fin de compte assez limité pour Micron (pour qui la Chine et Hong Kong représentent 16 % de son chiffre d’affaires), étant donné que la majorité des clients chinois de Micron ne sont pas des fournisseurs d’infrastructure, mais des fabricants de produits électroniques pour le grand public. Micron pourra normalement continuer à vendre librement à toutes les entreprises non chinoises implantées en Chine (tiens, une possibilité pour les clients chinois de contourner la sanction ?).
Bref, Micron doit encore clarifier ce qui va être impacté et ce qui ne le sera pas. Le fabricant a affirmé que la situation est actuellement encore très « fluide et rapide » et qu’il entend bien continuer à collaborer avec les autorités locales. Ces derniers avaient d’ailleurs déjà anticipé la dernière action chinoise et s’étaient approchés de la Corée du Sud il y a quelques semaines pour leur demander de ne pas laisser leurs géants industriels Samsung et SK Hynix compenser le vide qui sera laissé par Micron… Requête néanmoins poliment écartée par le gouvernement coréen, qui ne veut pas spécialement s’impliquer dans cette affaire et laissera donc ses producteurs décider du chemin à suivre, et donc de profiter ou non de la situation. Vu l’état du marché de la mémoire et de la NAND actuellement, ils ne s’en priveront probablement pas.
Accessoirement, suivant ce qui est bien évidemment un nouveau round dans la lutte technologique et géopolitique entre la Chine et les USA (qui a déjà affecté de nombreuses entreprises, surtout chinoises, par exemple Huawei, ZTE ou encore SMIC), beaucoup se demandent qui pourrait être la prochaine victime. Pour certains, Qualcomm et Broadcom seraient désormais des cibles de choix pour la suite… (Source : Computerbase, Reuters)
