Dans la lignée de ce que vous racontait hier Guillaume, voici que les choses bougent aussi un peu du côté de l'Europe. En effet, le Comité européen de la protection des données (CEPD, ou EDPB pour European Data Protection Board en anglais) a décidé hier (jeudi 13 avril) qu'il était temps de fonder un nouveau groupe de brunch travail, qui aura pour vocation de se pencher spécifiquement sur le fameux sujet de ChatGPT. Ceci peut-être vu comme une première étape potentiellement importante vers une politique commune sur l'établissement de règles de confidentialité sur l'intelligence artificielle.
Il faut dire que ChatGPT a pris un peu tout le monde de court, alors que ce prototype d'agent conversationnel propulsé par l'intelligence artificielle a très rapidement su attirer et captiver l'attention du public par sa capacité à donner des réponses (pas toujours bonnes et parfois totalement inventées) à un large éventail de requêtes. En fait, la création d'OpenAI (fortement soutenue par Microsoft) est devenue ni plus ni moins l'application mainstream à la croissance la plus rapide de l'histoire et compte à ce jour déjà plus de 100 millions d'utilisateurs par mois... Outre l'aspect ludique, mais parfois aussi pratique du service, celui-ci a aussi rapidement soulevé directement et indirectement bon nombre de questions, notamment vis-à-vis de la sécurité (par exemple chez Europol), de la vie privée et même de la protection des emplois ! En effet, beaucoup d'inquiétudes (en Europe et ailleurs) ont émergé depuis face à cette croissance rapide de ChatGPT en particulier et par rapport à la démocratisation de l'IA de manière générale dans notre quotidien.
La création du groupe de travail fait notamment suite à la décision unilatérale d'interdiction de ChatGPT qu'a prise l'Italie en mars, en attendant qu'OpenAI conforme son service aux demandes en matière de protection de la vie privée et de traitement des données énoncées par les autorités italiennes. De son côté, l'Espagne a demandé à la CEPD d'évaluer les soucis de confidentialités avec ChatGPT, tandis que l'Allemagne songerait à s'inspirer de l'initiative italienne. Par ailleurs, Thierry Breton aussi a récemment appelé à réguler ChatGPT. L'idée du groupe de travail est de favoriser la coopération et l'échange d'information à ce sujet entre les différentes autorités nationales. Selon un organisme n'ayant pas souhaité être identifié, l'objectif n'est pas de punir ou de mettre en place des règles dommageables à OpenAI, mais plutôt d'aligner les positions de tout le monde et de créer des politiques générales transparentes. Soit. Nous verrons bien ce qu'il en sortira durant les mois à venir.
Pour l'anecdote, OpenAI n'ayant pas de quartier-général dans l'un des 27 pays de l'UE, chaque pays membre peut donc librement et indépendamment lancer ses enquêtes et imposer ses mesures. (Source : Reuters)