Browser Choice Screen

Une nouvelle preuve qu'il faut parfois (toujours ?) forcer la main des grosses entreprises pour obtenir des avancées concrètes favorables aux consommateurs !

Nous n’allons pas ici vous réexpliquer ce qu’est le Digital Markets Act ou DMA, Adrien nous a déjà détaillé et expliqué tout ça avec brio (et plaisir) dans cette actualité que nous ne pouvons que vous inviter à (re)lire. Rappelons juste que ce nouveau règlement européen de grande ampleur cherche concrètement à en finir avec certaines pratiques anticoncurrentielles des géants monopolistiques de la Tech considérés comme des "contrôleurs d’accès" visant à enfermer l’utilisateur dans leurs choix et saboter toute chance d’une vraie concurrence. Le texte est entré en vigueur le 6 mars dernier et n’en déplaise aux sceptiques de l’interventionnisme européen, il y aurait déjà des signes positifs en sa faveur, notamment dans le cas des navigateurs.

Google et Apple, les deux pires élèves ?

Pour Google et Apple, le DMA oblige à l’implémentation - à contrecœur et avec résistance, vous vous en doutez - d’un écran de choix du navigateur et du moteur de recherche. Chez Microsoft, cette option existe - aussi par obligation - sous Windows depuis 2010 et sa présence avait déjà montré un effet positif à l’époque. Entre-temps, pour se conformer au DMA, Microsoft a enfin aussi ajouté la possibilité de désinstaller Edge - entre autres - de Windows 10 et 11. Certains peuvent déjà le faire, d’autres non. Il est prévu que cette option soit disponible à tout le monde d’ici avril 2024, à condition d’habiter en Europe, bien entendu. Pour en revenir aux deux autres, Apple s’est déjà exécuté, mais pas Google, qui a seulement affirmé qu’il se conformera éventuellement au DMA à partir du 6 mars 2024...

Côté iOS, l’implémentation de l’écran de choix du navigateur s’est déjà traduit par une forte hausse des téléchargements de navigateurs alternatifs, notablement Brave et Firefox. Le premier explique avoir vu les téléchargements passer d’environ 8000 de moyenne dans la période précédant le 6 mars à une nouvelle pointe de presque 11 000 une semaine plus tard, soit +37,5 % approximativement. Pour le PDG de Brave, Brendan Eich, c’est bien la preuve que dès lors qu’un choix clair est proposé au consommateur, celui-ci choisira une alternative à Safari. En effet, difficile de lui donner tort. Enfin, il considère aussi que c’est fort probablement pour cette raison que Google cherche à faire trainer la chose autant que possible avec Android. Après tout, un monopole est en jeu, hein ! Constant comparable chez Mozilla, avec une croissance de la base utilisateur de 50 % en Allemagne et 30 % en France depuis l’implémentation de l’écran de choix conforme au DMA. Au vu de ces chiffres, difficile de nier l'impact positif du nouveau règlement.

Y'a encore du taf !

Cependant, vous vous en doutez que c'est encore loin d'être parfait. Les PDG de Brave, Mozilla et Vivaldi le reconnaissent et le déplorent. Par exemple, Apple a exclu l'Islande et la Norvège des changements, alors qu'ils font pourtant partie de l'espace européen. Le géant de Cupertino aurait également fait de son mieux pour complexifier l'écran de choix du navigateur sur le plan ergonomique et pratique. Enfin, comme pour se venger des européens de ne plus pouvoir forcer les développeurs à utiliser le moteur WebKit pour leurs apps sous iOS, Apple a décidé de restreindre le nouveau BrowserEngineKit aux applications spécifiques à l'UE, ce qui obligerait les développeurs de navigateurs indépendants à créer et à maintenir deux implémentations distinctes. Financièrement, supporter deux moteurs différents pourrait se révéler être bien trop couteux pour être intéressant.

Bref, vous l'aurez compris, tout en se conformant aux nouvelles règles, certaines entreprises comme Apple vont aussi tout faire pour trouver et lever de nouvelles barrières et rendre la chose aussi douloureuse que possible afin de pouvoir continuer à brider les alternatives concurrentes. Mais concrètement, n'oublions pas que ce n'est encore que le début de l'affaire. Il reste indéniablement visiblement beaucoup de travail, notamment d'affinage, ce qui veut dire que tout ça va surement continuer à évoluer au fur et à mesure des futures négociations entre l'Europe et tous les intéressés. Jon von Tezchner, le PDG de Vivaldi, espère par exemple que la Commission européenne exercera à l'avenir encore davantage de pression sur les fameux "gatekeepers". Selon The Register, Apple, Microsoft et Google auraient tous des réunions programmées avec les régulateurs européens au fil des deux prochaines semaines. (Source : The Register, LaptopMag)

Browser Choice Screen

Matt

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