Test • Asus ROG Ally : enfin une console PC digne de ce nom ?

À l'usage

Après avoir fait le tour de la machine, parlons maintenant de son utilisation lors de la période où nous l'avons eue en main. Le format console est réussi et la prise en main correcte. Le poids et la taille de l'appareil pourront rendre difficile la pose de l'index et du majeur sur les gâchettes R et L, mais il est compliqué de retrouver le confort d'une manette sur un appareil capable de bien plus. Pour le joueur nomade ou celui qui n'a pas envie de choisir dans quelle pièce il joue chez lui, la ROG Ally fait ce pour quoi elle a été créée.

Les principaux défauts que l'on pourrait lui trouver sont tout d'abord liés à l'environnement Windows. Totalement orienté clavier/souris, il nécessite donc une surcouche logicielle pour être manipulable à la manette. Même si le tactile est pris en charge, ça ne sera jamais aussi confortable que sur un appareil pensé pour (type smartphone sous Android ou iOS). La chose aurait cependant pu être facilement réglée avec un port USB de plus, à moins que vous lui associiez un ensemble clavier/souris Bluetooth. Armoury Crate SE nous a pourtant surpris par son efficacité, il ajoute à Windows ce qui manque pour que l'expérience soit correcte. Cela reste certes perfectible (notamment dans le fait de devoir lancer les launchers pour lancer les jeux), mais pour un premier jet, il est plutôt réussi.

Côté performances, il ne faut pas lui demander plus que de raison. Non, vous ne pourrez pas jouer tout à fond, non les 120Hz annoncés pour la dalle ne vous serviront à rien (à moins que vous ayez une passion pour les jeux en 2D), non le 1920 x 1080 sans concession sur APU mobile n'est pas encore une réalité (surtout pour les titres AAA) et non, l'autonomie n'est pas là où l'on pourrait l'attendre. En jeu, la ROG Ally a tenu au mieux 1 heure et 33 minutes dans sa configuration d'usine et avec un Star Wars : Jedi Survivor configuré pour tourner à 30 images par seconde. De quoi s'amuser sans avoir accès à son PC, mais malheureusement pas assez longtemps pour avoir le sentiment d'une "vraie" console portable. Elle peut vous dépanner en déplacement (à condition qu'il ne soit pas trop long ou que votre moyen de transport vous permette de la brancher au secteur). Si vous comptez l'utiliser uniquement à la maison, du streaming depuis votre PC sur un appareil nomade équipé d'un gamepad semble plus approprié. Avec une bonne connexion mobile (4G+ stable), un abonnement à un service de streaming de jeu vidéo peut également vous permettre de jouer (avec moins de limites sur la configuration des jeux) avec une autonomie supérieure. Il y a aujourd'hui plusieurs approches du jeu nomade, Asus a choisi la console et s'en sort bien avec les composants disponibles.

L'expérience de l'utilisateur habitué à jouer sur PC sera nécessaire pour exploiter pleinement l'engin. Les 120Hz de la dalle étant inutiles, vous pourrez ramener la fréquence de rafraichissement à 60Hz et économiser un peu d'énergie, on note ici que si la console avait été équipée d'une dalle 1280 x 720 à 60Hz, les performances auraient été d'un autre niveau en jeu, sans pour autant que cela soit horrible sur une diagonale de 7" (mais côté marketing, ça aurait été difficile à vendre alors que tout le monde rêve d'UHD). Il faudra configurer les jeux point par point pour en tirer le meilleur, régler la luminosité correctement pour limiter la consommation, jouer avec un casque à 30% de volume au lieu d'utiliser les haut-parleurs à plus de 50%. Plein de petites choses à avoir en tête qui éloignent la ROG Ally du monde des consoles où l'on allume, on lance le jeu et on joue (même si les dernières générations commencent à se perdre dans les multi-réglages en jeu).

Pour rester dans le monde des "consoles PC", si vous la comparez à un Steam Deck, passer de Zen 2 à Zen 4 et de RDNA 2 à RDNA 3 offre un gain en performances assez intéressant, sans plus toucher à l'autonomie que ça. Ces "consoles" sont très certainement les premières d'une série qui va évoluer à mesure que les procédés de gravure permettront de limiter la consommation tout en proposant une expérience plus qualitative. Sur la base de l'évolution vue entre Zen 2 et Zen 4 sur ce segment particulier, nous pouvons tout à fait imaginer que dans 2 générations, le jeu en 1080p pourrait être atteignable sans concessions sur appareil nomade. D'ailleurs, les composants embarqués dans la ROG Ally étant tout frais, des améliorations logicielles sont à attendre et alors que nous écrivons ces lignes, Asus nous a signalé que de nouveaux pilotes venaient d'arriver et qu'ils offrent apparemment un gain en performance notable, ce qui va faire l'objet d'une seconde série de tests pour vous en parler.

Comme vous pouvez le voir dans l'image qui suit, un défaut notable de la console est que son utilisation en extérieur ne va pas être simple. Il vous faudra chercher un coin à l'ombre pour profiter aux mieux de vos jeux. Il aurait peut-être été judicieux de mettre une dalle à 60Hz et d'aller chercher une solution à ce problème qui se posera puisque ce type d'appareil est fait pour vous accompagner au quotidien.

Reste à parler du prix maintenant. Avec un MSRP de 799€, il est certain que nombreux sont ceux qui vont pousser les hauts cris. Cependant, avec un Steam Deck à la configuration similaire vendu 679€ au moment où nous écrivons ces lignes et vues les capacités supérieures de la ROG Ally, ce prix ne semble pas exagéré. D'aucuns auraient même pu penser que la taxe ROG allait la placer plus proche des 1000€. Nous noterons cependant que le bundle de la ROG Ally est des plus légers, puisque vous n'y trouverez qu'un socle de piètre qualité (mais faisant le job), même si estampillé ROG. Le joueur aurait pu espérer une chamoisine pour nettoyer l'écran ou carrément une sacoche de transport (bien pratique lorsqu'on est nomade), mais tout cela sera vendu séparément.

Conclusion

Difficile de ne pas commencer cette conclusion en parlant du Steam Deck de Valve. Véritable première console PC a être arrivée sur le marché, cette dernière a su toucher les joueurs, malgré son écosystème fermé et ses performances limitées. C'est le risque encouru par les pionniers, qu'Asus n'a pas pris à l'époque, mais qui décide de se lancer aujourd'hui avec sa ROG Ally embarquant des composants qui ont eu le temps d'évoluer suite aux expériences passées. S'il n'est pas parfait, le Ryzen Z1 Extreme a pour lui qu'il est capable de faire tourner une grande quantité de jeux actuels en FullHD sans consommer outre mesure. A-t-on une console en main ? Pas vraiment. De par son fonctionnement sous Windows 11, nous avons ici un hybride entre les deux mondes et cela ne sera donc pas une expérience clef en main. Pour en profiter au mieux, ménager ses batteries et arriver à jouer à son jeu préféré dans de bonnes conditions, il faudra mettre les mains dans le cambouis et passer du temps dans les menus et réglages pour en tirer le meilleur. En même temps, est-ce grave de lier un peu de PCMasterRace à l'aventure ? En essayant de rester le plus objectif possible et répondre à la question posée dans le titre de ce dossier, la ROG Ally est-elle une console PC digne de ce nom ? La réponse est oui, mais son usage sera laissé à la discrétion de son éventuel acheteur. L'univers PC vient avec ses contraintes, celui des consoles aussi, et le mariage des deux mondes avec les technologies actuelles fait qu'au bout du compte, on a souvent envie de lui coller un périphérique en plus et que son autonomie limitée peut finir par lasser. La ROG Ally a été présentée par la marque comme la grande libération des joueurs, mais toute liberté ayant un prix, serez-vous prêts aux sacrifices nécessaires à son acquisition ?