Encore une manette Bluetooth orientée mobile en test. Avec Microsoft qui fait les yeux doux aux smartphones via sa plateforme Xbox, il se pourrait que ces engins se démocratisent rapidement si l'offre colle aux attentes de la communauté des joueurs. Donc dans la même veine que pour les BackBone One et Gamesir Galileo G8+ précédemment testées, jetons un œil à ce que la firme américaine PowerA a à proposer avec la manette XP7-X+, compatible Android et PC, vendue sous l'appellation MOGA, branche gaming mobile du premier. Ça n'est pas encore disponible en France, mais le constructeur compte attaquer le marché européen dès la rentrée, leur catalogue plus qu'étoffé devrait donc bientôt vous devenir familier, surtout si les produits répondent à vos attentes. C'est parti pour une analyse de ce que nous propose ce nouveau compétiteur du segment Gaming !
Présentation
On ouvre la boite et 2 surprises. La première est de trouver du micro-USB pour la connectique, même si un raccord micro-USB vers Type-C est fourni (la manette se branchera en micro-USB cependant). Le second est... mais où mettre le téléphone avec cet énorme pavé central ? Ce gros bloc est en fait un support pour smartphone que l'on peut simplement retirer en le faisant coulisser vers le haut. Une fois déployé il libèrera le système permettant d'enserrer votre smartphone (uniquement, pas de tablette avec une limitation à 18,1 cm de long). Une fois l'ensemble déplié cela ressemble à ceci :
C'est ce que le constructeur appelle le mode "Tabletop". Si vous n'aimez pas jouer avec le smartphone au niveau de la manette, cela permet de le poser où vous le désirez et de vous retrouver avec une manette Bluetooth pour ce dernier. On pourra cependant questionner l'intérêt de la chose, une manette Bluetooth et un stand séparé coutant moins cher tout en offrant une ergonomie supérieure (vu la taille de l'appareil même replié).
Puisque l'on parle dimensions, la XP7-X+ mesure 205 mm de long, 104 mm de haut et 57 mm d'épaisseur pour une masse de 348 grammes. Pour vous donner une idée de la taille de l'appareil, une manette standard de Xbox One pèse 280 grammes (avec piles/accu) et mesure 152 mm de long, 112 mm de haut et 58 mm d'épaisseur. On est donc sur un format très proche d'une manette standard, avec un espace central plus large pour l'accueil des appareils mobiles. Avec un smartphone (Pixel 3A) à l'intérieur cela donne ceci :
Pas de logiciel à installer pour l'utiliser, tout se fera directement via des boutons que l'on découvrira par la suite. Pour la mettre en fonction c'est simple, soit on la branche en USB à un PC ou smartphone et elle se lance seule, où on la passe en Bluetooth et une pression sur le bouton Xbox suffira à la réveiller. Pour l'éteindre, quelques secondes sur le même bouton et elle retournera faire la sieste.
Alors que le Pixel 3A n'est pas un "petit" smartphone avec son affichage de 5,6", il faut avouer qu'il fait minus dans la MOGA XP7-X+. La manette qui dépasse d'un centimètre de l'écran, on a vu mieux côté ergonomie et il faudra donc un portable aux dimensions un peu plus généreuses pour bien en profiter.
Détail
Manette de taille standard oblige, il y a de la place pour pas mal de choses. Ainsi, elle se dote à l'arrière de deux boutons programmables nommés AGR et AGL (pour les curieux ce sont les Advanced Gaming Buttons, soit Advanced Gaming Right et Advanced Gaming Left) qui seront configurés grâce au bouton vert que l'on trouve sous la manette. Une pression longue dessus et la DEL sous le logo Xbox clignotera signalant qu'elle est en mode configuration. Il vous restera à appuyer sur la touche que vous désirez assigner puis sur l'un de ces deux AGB pour que cela soit fait. Une fois configurée, il n'y aura qu'un "Reset" via le bouton derrière pour en venir à bout ou une nouvelle pression longue sur le bouton vert suivie d'une pression de 5 secondes sur le bouton que vous voulez reconfigurer.
Sur la partie inférieure, on trouve aussi un commutateur gris qui permet le passage de la connectivité USB à du Bluetooth. C'est simple et efficace, enfin pour en finir avec les tranches, sur le haut se trouve le bouton d’appairage Bluetooth sur la droite (à activer la première fois que vous souhaitez la connecter par ce biais à un appareil) et un commutateur de charge sur la gauche. Un commutateur de charge direz-vous ? Oui, l'engin embarque une batterie de 2000 mAh qui peut recharger votre smartphone à condition qu'il soit compatible avec la recharge sans-fil. Le chargeur est situé sur la partie centrale de l'appareil et il sera donc possible de recharger tout en jouant. Cela sacrifiera cependant l'autonomie du gamepad dont vous pouvez surveiller le niveau de charge (0 / 25 / 50 / 75 / 100 %) via les 4 DEL situées en haut à gauche de la façade, avec un bouton en dessous permettant de visualiser où la batterie en est.
Pour le reste, c'est tout à fait standard pour du gamepad Xbox. Deux sticks aux dimensions de base, une croix directionnelle simple et à l'écartement similaire à la manette Xbox One et enfin 4 boutons ABXY pleine taille, en couleur et à l'espacement habituel.
Voyons maintenant comment l'ensemble est assemblé.
Démontage
Il va sans dire que ce que nous faisons ici viendrait ruiner la garantie de votre appareil, nous ne vous conseillons donc pas de le faire à moins que celle-ci soit passée et que vous ayez un besoin impérieux de démontage.
Grâce au super outil développé par notre cher Nicolas, voici les étapes de démontage.
Avec la vue éclatée, on pourrait imaginer un démontage fastidieux. Ça n'est pourtant pas le cas, l'ensemble se démonte très facilement avec 12 longues vis à retirer à l'arrière pour accéder à l'intérieur et une série de plus petites vis à retirer par la suite pour faire coulisser les caches de bras. Il y aura de nombreuses étapes, mais rien de sorcier pour qui est un peu méticuleux.
Le système d'attache est simple, 2 bobines en tension - une de chaque côté - permettant aux bras de s'écarter en forçant le retour. L'assemblage étant en 3 pièces, on peut questionner la longévité de l'ensemble, puisqu'il est possible de leur donner de l'angle. Dans notre usage avec le Pixel 3A il n'y a pas eu de problème cependant.
La partie centrale accueille la grosse batterie de 2000 mAh, collée au châssis ce qui pourra rendre son remplacement un peu fastidieux, mais faisable. Elle est protégée par un film que l'on a retiré pour la photo, tout comme le module de charge est protégé par un carré d'isolant collé par dessus.
Les parties droite et gauche de la manette comprennent toute la partie électronique, reliée par une nappe qui traverse tout l'appareil. Côté soudure, c'est sans plus comme vous le montreront les photos sans avoir besoin d'aller faire de la macro pour comprendre. L'ensemble est bien pensé, bien assemblé et rien ne bouge à part le bras lorsqu'il est ouvert à vide. Par contre, l’œil attentif et habitué au désossement de gamepads aura peut-être remarqué l'absence d'un élément. Pas de retour haptique sur cet engin qui n'est pas doté de moteurs. Que le joueur aimant avoir les mains qui vibrent dans le feu de l'action soit donc prévenu, ça n'arrivera pas avec la MOGA XP7-X+.
Analyse
Petit passage par une API web (Gamepad API pour les curieux, outil simple en HTML5) bien pratique pour analyser un contrôleur de jeu. L'appareil sera détecté comme une manette Android sur notre Pixel 3A et sur PC comme un dispositif de jeu générique. Les joysticks analogiques font leur travail, avec une marge d'erreur assez grande sur les diagonales et légèrement déséquilibrée en bas à gauche pour le stick de gauche.
À l'usage, l'engin fait le taf. C'est une manette Bluetooth pour smartphone qui répond à son cahier des charges. Elle répond bien, offre une expérience très proche de celle d'une manette standard Xbox (avec peut être des gâchettes LT/RT un peu dures) et avec sa batterie de 2000 mAh aura de quoi vous offrir de longues heures de jeu avant de lâcher. En cas d'utilisation de la recharge sans-fil, ce qui est un sacré plus, il faudra cependant doser. Si votre smartphone n'est pas compatible, il faudra cependant bien charger votre appareil avant de vous lancer dans une session ludique, car une fois pris entre les 2 poignées, il n'est plus possible de brancher l'alimentation. À moins de passer le smartphone sur le dock le temps de la recharge.
Reste à parler prix et concurrence. La bestiole n'est pas encore disponible en France et se monnaie $ 99,99 sur le magasin officiel de la marque. On peut donc imaginer qu'elle sera placée en 100 et 120 € par chez nous, ce qui semble être le tarif assumé de cette gamme de produits. C'est dans la tranche de la Galileo G8+ à 104,95 €, la Backbone One s'affiche à 119,99 € avec l'avantage de pouvoir recharger sur secteur pendant que l'on joue cependant. Dans la même série de produits, on trouve également la Kishi V2 de chez Razer qui s'affiche à un très proche 110 €. Cependant la Kishi V1 se trouve maintenant pour moins de 60 €. On trouve aussi chez Nacon les MG-X et MG-X Pro qui vont de 60 à 89,99 €. Et puisque l'on parlait de Gamesir tout à l'heure pour un tarif approchant, il faut aussi compter la G8 Galileo première du nom, que le constructeur affiche maintenant à 67,99 € directement sur son site là où il fallait encore compter presque 90 € jusqu'en juin 2024.
Comme souvent avec les produits de niche, tout est permis et chaque constructeur ira de son discours commercial pour convaincre que le prix est le bon. Sur ce point, nous laissons chacun jauger si l'objet mérite la dépense et nous verrons à la sortie à quelle sauce PowerA veut nous manger !
Conclusion
Alors que le monde du jeu vidéo PC/console veut s'inviter sur nos smartphones, de nombreux acteurs du milieu s'agitent et nous présentent des gamepads de plus en plus proches de ce que l'on connait, mais à destination de nos appareils mobiles. Avec la proposition de PowerA, on a une manette Xbox plein format comprenant tout ce qui fait la force du modèle, avec en plus deux boutons programmables à l'arrière. C'est un choix audacieux, surtout avec une batterie de 2000 mAh et de quoi recharger un appareil en sans-fil embarqué, ce qui fait grimper sa masse à 348 grammes à vide. Ajoutez à cela un smartphone Android soit on va dire 200 grammes pour faire une moyenne et vous aurez en main plus de 500 grammes de plaisir vidéoludique. C'est 110 grammes de plus qu'une Switch OLED et ça s'approche de la masse d'un Steam Deck OLED. En venant jouer sur les platebandes d'une console nomade à succès et de la première console PC digne de ce nom, est-ce que ces appareils vont nous prouver que nos mobiles sont l'avenir des joueurs ? Qu'en dites-vous ?