Retour dans le monde des manettes pour smartphones et tablettes avec un modèle de chez Razer nommé Kishi Ultra. Évolution de la Kishi et concurrent direct de la Backbone One que nous avons testée il y a quelques mois, c'est une manette PC/Android/iOS aux allures de gamepad Xbox plein format qui est présentée par la marque comme "Le God tier du jeu mobile". Découvrons cela ensemble !
On retrouve le placement des touches de la Kishi, mais dans un format plus large avec des poignées et du RGB !
Présentation
Si vous avez eu la Razer Kishi en main, vous ne serez pas perdu en passant sur la Kishi Ultra, tout en gagnant en confort. Puisqu'elle vise un plein format de manette Xbox, deux poignées ont poussé vers le bas et l'espace entre les éléments à été amélioré. On se retrouve alors avec une manette de 266 g qui mesure de 244,8 à 334,8 mm de large pour 110,8 mm de haut et 64,3 mm de profondeur. Pour les curieux, la Kishi faisait 180,7 x 92,2 x 33,9 mm pour 138 g, on est donc bien plus proche d'une vraie manette Xbox avec la nouvelle version (280 g pour 153 x 102 x 61 mm sur un modèle pour Xbox One).
Comme sur la Barebone One, ce n'est pas un modèle Bluetooth avec batterie, mais à connecter en USB Type-C à votre appareil qui l'alimentera. Sa pince vous permettra d'y coller tout smartphone et jusqu'à un iPad Mini au maximum (ou autre tablette de 8" de diagonale maximum). Puisque l'on vient de parler d'un produit Apple, sachez que l'appareil est compatible iOS, mais également Android et PC. Pour ce dernier, il faudra connecter un câble USB Type-C sur le port du bas de la manette directement au PC.
Pour accompagner le périphérique sur mobile, une application nommée Razer Nexus est disponible sur le PlayStore et l'Apple Store. Que vous ayez un contrôleur de chez Razer ou pas, cette application peut vous servir à regrouper tous vos jeux dans une interface très Steam BigPicture, comme on a déjà pu le voir ailleurs. L'outil est sympathique, même s'il souffre de quelques problèmes de jeunesse comme nous le verrons plus loin dans le test.
Détail
En ouvrant la boite, vous trouverez un bundle composé d'un manuel d'utilisation, de quelques autocollants de la firme et de 3 jeux de supports pour les différents appareils compatibles. Nommés A, B et C les premiers seront installés de base et à destination des iPhone 15, les seconds pour iPad de 6e génération et les derniers pour les smartphones Android. Pour notre test, ce sont donc les supports C qui seront utilisés avec notre Pixel 3A. Pas de câble dans la boite, il faudra s'en équiper pour la brancher sur PC.
La disposition est tout à fait standard pour une manette Xbox, la partie extensible centrale en plus. Le plein format est confortable et contrairement à ce qui se fait beaucoup depuis un moment, vous ne trouverez pas de boutons à l'arrière de la manette. Il y en aura cependant 2 de plus que le modèle standard, mais placés juste après les gâchettes dans un endroit tout à fait accessible de l'index ou du majeur. Le seul bouton spécifique à la manette se trouve en bas du joystick de droite et servira à la configuration.
Vu de dos, c'est donc très sobre et c'est sur la tranche basse que vous trouverez la connectique audio et le port USB Type-C qui permettra de recharger votre smartphone lorsque vous utilisez la manette, ou de brancher la manette sur votre PC pour l'utiliser. À noter que vous pouvez également brancher la manette à un smartphone ou une tablette via un câble par ici, mais qu'elle sera détectée en tant que manette générique (mais l'éclairage brillera quand même !).
Voilà pour l'extérieur, passons à l'analyse de l'intérieur.
Démontage
Il va sans dire que ce que nous faisons ici viendrait ruiner la garantie de votre appareil, nous ne vous conseillons donc pas de le faire à moins que celle-ci soit passée et que vous ayez un besoin impérieux de démontage.
Grâce au super outil développé par notre cher Nicolas, voici les étapes de démontage.
Pour le démontage, c'est accessible, mais il faut avoir un tournevis en tête Torx 6 et d'au moins 3 cm de long pour retirer les 10 vis sur l'arrière (5 de chaque côté). Sur 4 des vis, le plastique est assez profond (sur la poignée) et il faudra donc une tête longue et fine. Une fois cela passé, les caches arrière se retirent facilement (et sans casse) et laissent accès en direct aux PCB juste enchâssés entre les 2 parties.
Vous aurez alors accès en direct aux moteurs haptiques (de qualité, c'est un argument mis en avant par la firme sur plusieurs de ses produits), bien placés dans un berceau en plastique lui-même fixé sur les PCB via de la vis tête Philips PH0 (ou ce que l'on appelle un tout petit cruciforme). L'ensemble de la visserie interne sera en PH0 et il ne sera pas forcément nécessaire d'y toucher pour venir faire de l'entretien.
Retirer les PCB sera aisé, mais nécessitera un peu de délicatesse dans la poignée qui comprend le port USB de connexion avec le smartphone. Il faudra juste le retirer bien droit pour le sortir de son berceau. Ainsi, vous accèderez aux boutons et joysticks, qui seront remplaçables au besoin. Il n'y a que le bouton "B" qui va refuser de sortir, car la rampe DEL l'en empêchera. Sur les PCB vous trouverez 4 DEL RVB, 2 par PCB et placées pour être au bout d'une bande en plastique opaque qui diffusera leur couleur. C'est l'une de ces bandes qui empêchera de démonter le bouton "B" simplement, ce qui ne veut pas dire que vous ne pourrez pas le sortir, mais qu'il faudra démonter plus d'éléments.
La pince centrale est stable, composée de trois pièces (une sur chaque poignée et une centrale arrière) liées sur rails et retenues par deux ressorts. Celui de la poignée droite est sur le haut des rails, celui de la gauche sur le bas, les 2 venants dans la partie centrale, mais pas dans la manette opposée. À l'utilisation, cela s'ouvre et se ferme correctement et n'exercera pas de pression excessive sur l'appareil embarqué.
L'ensemble est de très bonne facture, que ça soit sur les plastiques, les soudures, les éléments, rien ne fait bas de gamme et c'est globalement ce qui est attendu de ce genre de produit. La seule zone qui pourrait être vue comme fragile pourra être l'une des fixations des boutons LB/RB où cela sera un plastique assez fin se terminant par un anneau dans la même matière, supporté sur le PCB principal via un petit ergot également en plastique. La contrainte appliquée étant très limitée sur ces 2 boutons, cela ne semble cependant pas problématique. Pour en finir avec les gâchettes, Razer précise qu'elles sont à effet Hall, c'est à dire qu'un bras va venir approcher un aimant d'un capteur pour déterminer la force de pression, méthode largement utilisée sur de nombreuses manettes aujourd'hui.
En bref, c'est un assemblage tout à fait bien conçu qui nous semble fait pour durer. On notera qu'il est possible de remplacer les joysticks, ce qui est une excellente chose.
Logiciel
Pour s'immiscer dans ce nouveau média du jeu vidéo que sont nos smartphones, Razer a développé des applications. Avec la Kishi Ultra, ce sera Razer Nexus qui sera proposé, même si vous pouvez l'utiliser avec d'autres manettes ou même sans. Si vous êtes curieux, le voici dans le détail.
L'application aura 3 intérêts. Premièrement, elle vous servira de lanceur pour les jeux déjà installés sur votre appareil. Deuxièmement, elle vous proposera du contenu compatible, façon boutique en ligne ou magasin d'application. Et troisièmement, configurer votre manette. Sur ce troisième point, vous pourrez régler la force du retour haptique, la zone morte de vos joysticks (sur 5 paliers), la configuration des boutons L4/R4 placés au niveau des gâchettes, le réglage du rétroéclairage, le passage en mode Xinput et la mise à jour du firmware au besoin.
On ne peut pas dire que l'expérience avec ce logiciel se soit passée sans problèmes. Est-ce dû à notre Pixel 3A vieillissant ? On ne saurait le dire, mais l'application a eu du mal à détecter la manette alors que d'autres ne posent pas problème. De plus, l'utilisation de l'application a causé plusieurs redémarrages du smartphone (dont 2 avec bootloop). C'est cependant une application assez jeune, donc rien qui ne puisse être corrigé, comme on va vous le montrer.
L'application est installée en français, mais les notifications seront en espagnol. Pourquoi ? Eh bien pourquoi pas ?
Razer Nexus est une chouette application sur le papier, elle contient tout ce qu'il faut pour qu'un joueur puisse transformer son smartphone en console portable. Elle prend en charge la majorité des titres des magasins d'application, propose un accès aux services de streaming de jeu les plus connus (Xbox, PS, Steam) et même quelques émulateurs. Avec quelques mises à jour, elle pourra devenir un fidèle compagnon de la personne qui aime jouer sur mobile.
Analyse
Petit passage par une API web (Gamepad API pour les curieux, outil simple en HTML5) bien pratique pour analyser un contrôleur de jeu. L'appareil sera détecté comme une manette Android sur notre Pixel 3A et sur PC comme un dispositif de jeu générique. Comme souvent, les diagonales sont légèrement exagérées, mais ce n'est pas le point qui nous fait le plus tiquer. Si vous regardez les Axes 0 à 3, vous verrez que nos deux sticks ne sont pas parfaitement centrés de base. Malgré une calibration et l'utilisation de l'outil pour régler la zone morte, il ne nous a pas été possible d'arriver à corriger la chose. Ce n'est pas rédhibitoire et la zone morte compense, mais c'est assez étonnant face à la qualité d'assemblage que nous avons pu voir.
À l'usage, l'appareil est sympathique et – comme la Backbone One – présente une vraie manette pour transformer un smartphone en console portable. Le fait de pouvoir la connecter en direct avec un impact très faible sur la batterie aide à cette impression, surtout que l'on peut recharger le smartphone tout en l'utilisant, point problématique sur les manettes Bluetooth bloquant l'accès au port de charge.
Que ce soit pour le streaming de jeu à la maison (par SteamPlay ou console) ou l'utilisation en extérieur sur différents titres pensés mobile l'engin est fort sympathique. On sent cependant que l'appareil est pensé pour les tablettes un iPad Mini offrira une expérience d'un autre niveau (ou avec une tablette Android en USB Type-C de même format).
Reste à parler prix et concurrence. Il faut compter 169,99 € pour s'offrir une Kishi Ultra sur la boutique en ligne de Razer. Une paille comme dirait notre Thibaut national. Pour ses frangines Kishi Pro et Kishi V2, cela sera respectivement 149,99 € et 119,99 €. La principale concurrente de leur gamme sera la Backbone One qui s'affiche à 119,99 € pour un cahier des charges similaire. C'est donc une tarification qui semble convenir aux différents acteurs du milieu. Cependant, puisque l'on trouve toujours la Kishi V1 de Razer pour 54,99 €, il faudra vraiment vouloir investir dans le monde du jeu vidéo mobile pour légitimer la dépense. Et cela sans compter les nombreuses références qui peuplent ce nouveau marché, toutes n'étant cependant pas en USB Type-C préférant rester sur du Bluetooth.
Mais bon, la vraie personne amatrice de jeu vidéo, celle qui monte ça au niveau professionnel ne pourra pas faire sans la Kishi Ultra. C'est la seule du marché à être RGB et ça, ça n'a pas de prix !
Conclusion
La Razer Kishi Ultra est présentée comme étant le God-Tier du jeu vidéo mobile, qu'en est-il ? Sur le papier, cette manette a tout ce qu'un joueur peut attendre d'un appareil destiné au jeu mobile et même plus. 2 boutons configurables, un retour haptique de qualité, un format similaire à une vraie manette dans la forme comme pour les boutons et joysticks et un logiciel pour en faciliter l'utilisation. Ajoutez à cela un rétroéclairage RGB dans les poignées et le tableau est complet. Malheureusement, la copie n'est pas parfaite et comme la Kishi V1 qui a profité d'une V2, nous espérons qu'une mise à jour existera. Le logiciel quelque peu instable sera vite corrigé, mais les joysticks s'ils permettent de changer le stick facilement n'ont pas les performances attendues d'un produit très haut de gamme. À ce tarif, on aurait pu attendre des joysticks à effet Hall (une idée pour la V2 ?) ou une garantie de plus d'un an, mais il faudra faire avec. C'est donc un premier jet très sympathique, mais perfectible. Qu'en pense Dieu ? À vous de nous le dire !
A force je vais finir par équiper mes gamins, j'avoue que ça à l'air de bien marché (sur leurs téléphones → Roblox, Minecraft et BrawlStars), pas besoin de précision avec leurs petits doigts, donc les marges "d'erreurs" du au calibrage des joysticks sont "nuls" pour eux ;).
Merci encore pour cette découverte! 😉
Avec plaisir ! N'oublie cependant pas qu'une Kishi V1 fera amplement l'affaire dans des mains d'enfants pour 54,99 € (version Android Xbox) :p
De plus, puisque ce n'est pas du plein format, ça s'adaptera même mieux à leurs mimines :)