New World, c'est un titre qui a fait parler, en bien un temps et rapidement en mal. Il faut dire que pour son premier titre grand public Amazon Games Studio a fait fort en s'attaquant au monde du MMORPG. Sur le papier, il y avait tout pour plaire : un univers atypique sur base de triangle des Bermudes à travers l'histoire, un moteur graphique poussé pour ce type de jeu (dérivé du CryEngine), 3 factions qui se disputent un vaste monde vivant, une faction de PNJ qui met le souk dans tout ça, un véritable Open World une gestion libre de son personnage via choix d'armes et un accent mis sur le PvP. En bref, tous les ingrédients pour plaire aux joueurs aimant la compétition en ligne.
Un peu d'histoire
Malheureusement, tout n'a pas été rose pour New World à sa sortie. Premièrement, victime de son succès le jeu a rapidement dépassé les 900 000 joueurs sans avoir la capacité serveur de les accueillir. Les premiers jours se sont soldés par de grosses frustrations face à des heures d'attente et de nombreux bugs. Le contenu a été rushé par de nombreux joueurs qui se sont retrouvés face à un End Game assez pauvre, d'autres étaient perdus par l'excès de liberté laissé au démarrage du personnage (globalement à poil sur une plage avec une petite épée et débrouillez-vous), l'équilibrage des compétences et de l'équipement a été une grande histoire et ces petits points cumulés ont commencé à en agacer certains et New World est alors devenu le jeu qu'il était commun de critiquer. Avec une communauté hautement toxique et des streamers qui s'en donnaient à cœur joie, s'en est suivi une rapide descente aux enfers pour un titre qui avait pourtant sur le papier tout pour plaire. Même le fait que l'on ne puisse pas nager est devenu un sujet de grogne, alors que les développeurs avaient fort à faire au niveau bugs, création de contenu et gestion des serveurs. C'était un point critiquable sur un jeu sorti en 2021, mais avec le concours de pas mal de haineux et un phénomène de groupe qui a fait que New World était le jeu à abattre du moment, la mauvaise presse a continué jusqu'à ce qu'en 2024 seuls quelques 7 000 joueurs soient actifs sur les serveurs, soit trop peu pour rentabiliser son développement.
Rappelons que pour New World, Amazon Games Studio avait fait le choix du MMORPG payant sans abonnement. Le développement de nouveau contenu s'est donc fait sur la base des premières ventes. Une extension nommée "Le réveil de la terre enragée" a essayé de corriger le tir avec plus de contenu en fin de jeu, une nouvelle arme, des montures, toujours pas de natation, mais cela n'a pas réussi à réellement améliorer les choses et maintenir la base de joueurs. Si on se base sur l'historique Steam du titre, voici ce que cela donne depuis la sortie et avec des repères sur la sortie de la première grosse mise à jour gratuite "Sulfure", l'extension "Rise of the angry earth" et actuellement.
À ce moment, vous devez vous demander deux choses :
- Est-ce un test ou du bashing de ce titre qui a déjà bien souffert ?
- Pourquoi cet historique ?
Pour le côté "bashing", ce n'est absolument pas notre but et votre serviteur s'excuse si c'est le ressenti donné. Chacun a le droit de jouer à ce qu'il veut et s'il aime un titre, pourquoi un autre aurait-il le droit de lui dire qu'il ne devrait pas ? L'idée était de montrer qu'un "bad buzz" relayé par une grande communauté peut facilement nuire à un projet. Certes nous avons ici un jeu qui méritait quelques critiques, mais il nous semble que l'effet boule de neige a été assez virulent sur New World.
Pour la seconde question, cet historique nous semble pertinent à l'horizon d'une refonte du jeu avec sortie sur PlayStation 5 et Xbox au passage. Pour un MMORPG vendu sur le modèle de l'achat de licence avec mises à jour continues, sans abonnement ni abus de microtransactions, passer par une refonte lorsque la mayonnaise ne prend pas (même avec une extension payante au milieu) semble être judicieux. De nombreux projets ont fermé boutique pour moins que ça et cela montre une certaine ténacité d'Amazon Games Studio dans la démarche, ce qui devrait ravir les quelques 7 000 joueurs toujours présents sur le titre.
Le futur de New World
New World devient donc aujourd'hui New World: Aeternum et accessible en crossplay sur PC, Xbox et PlayStation 5. Il coûte 60 € pour les joueurs console et ne coûtera rien pour les joueurs PC possesseurs d'une licence New World et de l'extension "Rise of the angry earth". Et là vous allez vous demander ce qu'il en est des possesseurs de New World sans l'extension ? Eh bien ils devront repayer le jeu et c'est assez troublant comme choix. À la limite, proposer un passage à la nouvelle version moyennant le prix de l'extension (28,99 €) semblerait plus pertinent que de demander 60 € pour un jeu déjà acheté. Peut-être une proposition qui va venir ?
En attendant, voyons ce que promet cette nouvelle version :
La traduction semble toujours laissée à Google apparemment
Une vidéo qui en promet des choses, avec même une page d'article dédiée à cette transformation. Dans notre test, nous allons regarder ce qu'il en est côté graphismes et évolution mécaniques, mais allons faire au mieux pour ne pas trop vous en dévoiler. Si votre serviteur fait ce choix, c'est que pour New World : Aeternum AGS a fait le choix tout à fait pertinent de revoir intégralement le début de jeu et que l'immersion est cette fois réelle, ce qui manquait au titre à sa sortie.
Notons cependant que le passage sur console modifie une chose en particulier : le ciblage. Une assistance est ajoutée pour les joueurs à la manette. C'est un point qui va diviser tant le ciblage est important dans ce jeu. Esquiver une flèche ou un projectile est une possibilité, tout comme une arme lourde bien chargée. Avec une assistance au ciblage, retoucher la même cible sera plus aisé (testé et approuvé), mais pourra gêner en cas de cibles multiples.
Passons aux réglages disponibles pour nos GPU !
Les options graphiques avant / après
Alors ici, rien ne change. D'une version à l'autre, les options n'ont pas bougé. C'est dommage, car on aurait pu attendre les dernières technologies propriétaires des constructeurs de cartes graphiques, mais le jeu moulinant assez bien et étant capable de tourner sur console, c'est sans grande surprise que tout reste en l'état. Nous verrons par la suite si passage sur console rime avec downgrade graphique.
Des archétypes de personnages !
Au départ de New World, un des arguments était qu'il n'y aurait pas de classes ou d'archétypes. Vous jouez un personnage qui peut s'équiper de tout et ce qu'il équipe définit sa fonction. Plus il manipule un objet, meilleur il est avec. Cela a été un peu déroutant pour certains joueurs et ainsi des archétypes font leur apparition dans cette nouvelle version. Cela apporte un peu de facilité puisque vous aurez de l'équipement, des armes et même quelques bonus pour la récolte et la fabrication d'objets.
Sept archétypes, le premier étant le soldat. Equipé d'un duo épée/bouclier et d'une hachette, il permettra de jouer le rôle de tank tout en ayant la possibilité de faire des dégâts. Le destructeur est axé sur les armes lourdes (marteau à 3 mains et hache géante) et sera là pour taper fort et contrôler les mouvements des malheureux qui se prendront de la fonte dans la face. Le pisteur ne sera pas elfe, mais aura un arc et une lance pour jouer à distance ou à moyenne portée. Le mousquetaire aura son emblématique fleuret et un fusil pour être paré en toute occasion. L'occultiste sera le mage élémentaire du jeu avec un bâton permettant de la pyromancie et un gantelet de glace. Le mystique sera le soigneur, avec la possibilité de combattre et améliorer les membres de son groupe grâce à un artefact capable de prendre plusieurs formes. Enfin, l'épéiste viendra faire plaisir aux fans de Berserk avec une grosse épée bien démesurée et un tromblon pour casser des tronches sans ménagement.
À noter pour toutes les armes nécessitant des munitions que ces dernières fonctionnent sans. À la sortie du jeu, il en fallait et il fallait les fabriquer. Face à la pénibilité de la chose, Amazon Games Studio a décidé de corriger le tir et le tout est maintenant illimité.
Si ces archétypes permettent d'avoir quelques bonus en début de jeu et un style qui vous convient, rien ne vous empêchera par la suite d'équiper autre chose que ce soit pour les armes ou armures. Le système d'armure est assez ingénieux sur New World, il existe 3 formes (lourde, intermédiaire, légère) et l'association de différentes pièces jouera sur l'encombrement de votre perso. Plus il sera léger et plus il pourra se déplacer vite, taper fort et esquiver sur des longues distances, plus il sera lourd et plus il encaissera les coups, mais perdra en mobilité et en capacité de combat.
De MMORPG à Coop RPG
N'en déplaise à Marylin (et respect à qui à la référence du Mmmmmmmmmporg), New World : Aeternum n'est plus un Meuporg, mais un Coop RPG. En effet, vous pourrez vous faire toute la trame principale en solo si l'envie vous en dit ou la partager avec des potes. Un tournant cohérent avec l'approche du jeu sur console. Ainsi, la scénarisation est bien plus grande et nous nous permettons un seul petit spoil avec la capture qui suit :
ON PEUT NAGER ! À peine arrivé à la fin de la vidéo d'introduction permettant de modifier l'apparence du personnage, on se retrouve à barboter dans l'eau dans les restes d'un navire en feu. Un joli clin d'oeil à l'un des points ayant fait le plus de bruit à la sortie de New World (car votre personnage finissait rapidement noyé à la traversée d'une pauvre rivière puis qu'incapable de rester à la surface). Pas de possibilité de plonger cependant, juste une brasse maladroite. On en profite pour voir que le moteur de jeu Lumberyard d'Amazon (aussi nommé Azoth Engine en référence à New World et basé sur le CryEngine) sans être au niveau des standards actuels peut afficher quelques effets intéressants.
Jouons maintenant au jeu des 7 différences entre New World et New World : Aeternum.
Après cette séance humide, on sort d'une grotte pour découvrir l'île où se passeront nos aventures et la séquence le permettant vous pouvez voir un avant et après (avec un petit décalage sur la capture, on s'en excuse). Pas spécialement de révolution ici, avec apparemment un changement au niveau du traitement de la lumière.
À gauche sur New World, on arrive sur une plage avec un minimum d'équipement, à droite sur Aeternum, on semble déjà prêt à en découdre. La plage d'arrivée est la même, l'ambiance y est différente, tout comme le personnage qui nous accueille et quelques éléments structurels (comme la tour au fond). L'interface a été remaniée dans un style plus à même de satisfaire le public console, ce qui n'a rien de déroutant sur PC. Nous avons d'ailleurs joué aussi bien à la manette qu'au combo souris/clavier.
Même endroit, deux ambiances. New World : Aeternum tout en étant similaire pose une ambiance plus présente avec une gestion de la profondeur de champ toute différente comme nous le verrons plus clairement un peu plus loin.
Les interactions avec les personnages sont totalement remaniées. Si leurs animations sont toujours des plus étranges (mais pas autant qu'à la sortie du premier titre cependant) avec des yeux qui louchent, des bouches aux formes étranges ou des gestes particuliers, le côté vidéo est bien plus intéressant que l'ancienne version statique avec fenêtre de quête. Pour ceux qui auraient peur à ce sujet vu que tout plantait en français lors de la bêta, la localisation française est pleinement fonctionnelle et les doublages corrects, même si la version anglaise semble plus travailler (accent des personnages).
À ce moment du jeu, au sortir d'une cave après un mini-boss présentant quelques mécaniques, une voix vient murmure des horreurs à notre oreille. Sur New World c'est juste une bande son, alors que sur New World : Aeternum l'atmosphère s'assombrit et des ondes rouges tournent autour de notre personnage.
Arrivée en ville, la toute première et malheureusement pas à la même heure. Ici aussi, New World : Aeternum semble plus détaillé. Regardez juste les bannières pour en avoir le cœur net. De plus, les PNJ sont plus nombreux, rendant l'ensemble plus vivant.
En ville, même constat, même si la ville niveau 1 que nous traversons sur New World : Aeternum fait plus pauvre que la même pleinement évoluée sur New World. En effet, les joueurs ont un impact direct sur l'économie des villes. Il est possible de les revendiquer, d'y habiter et de jouer sur leur politique et leur évolution. Toute personne utilisant des services en ville paie des taxes qui sont établies par la guilde propriétaire qui peut s'en mettre plein les fouilles ou favoriser le portefeuille des joueurs (oui, le libéralisme existe partout).
À quoi s'attendre alors ?
De ce qu'il nous a été possible d'en voir (difficile de tester la fin de jeu sur une période limitée de test et avec peu de gens connectés), cette nouvelle version de New World vise trois points qui sont l'immersion dans l'histoire, la séduction du joueur console et du contenu de fin de jeu.
Attention cependant, les joueurs PC de la première heure ne perdront pas leur personnage bien aimé. Il sera possiblement migré sur un nouveau serveur si celui sur lequel il est venait à être modifié et les nouveaux joueurs seront dirigés vers de nouveaux serveurs pour leur éviter d'arriver dans des contrées déjà trop verrouillées par les vétérans.
Immersion dans l'histoire
Alors que New World proposait un terrain de jeu différent de ce que l'on connaissait, puisque pas essentiellement basé sur la période médiévale, avec un lieu maudit et convoité à explorer, le joueur était pourtant jeté sur une plage livré à lui même sans trop d'explication de ce qui était attendu de lui.
Dans New World : Aeternum, la copie est largement revisitée. On a une séquence vidéo plaçant les protagonistes, l'inclusion de notre personnage que nous allons créer pour l'occasion et directement plonger dans un univers bien mieux présenté. Le "tutorial" est linéaire, mais essentiel à la bonne compréhension des mécaniques du jeu, sans être ni trop court ni trop long et lançant au passage l'histoire dans cet univers teinté de magie ancienne.
Faites péter la manette
Puisque le titre est en crossplay PC, PS5 et Xbox, il a fallu l'orienter jeu à la manette. Il était déjà possible de jouer avec un gamepad, mais nous n'allons pas lancer de débat sur la précision de visée entre une souris et un joystick, donc nous dirons juste que les joueurs PC avaient une préférence pour leur bon vieux duo clavier/souris. Ici il a fallu retravailler la copie tant dans l'interface que dans les mécaniques pour faciliter la vie des joueurs consoles et une aide à la visée a vu le jour. Elle est une aide certaine pour les joueurs à distance, moins utile pour les amateurs de corps à corps, et sera plus efficace lorsqu'il y a peu de cibles à l'écran. Avantage injuste ou handicap certain ? Il faudra le voir à l'usage.
Les manettes offrant moins de boutons que le clavier, il a aussi fallu repenser l'interface utilisateur. Elle était déjà sobre, mais ils ont réussi à l'épurer pour la faire discrète tout en restant utile. La partie "conversation en ligne" est encore plus réduite (mais n'était pas la plus intéressante sur le premier du nom, sauf si on aimait se faire insulter), ce qui n'a rien d'étonnant pour un jeu qui embarquait un système de gestion du micro intégré.
Des choses à faire !
Puisque c'était là ce qui péchait le plus dans New World premier du nom, voici ce qui va être ajouté dans Aeternum :
- Du contenu de fin de jeu en solo
- Une zone joueur contre joueur à grande échelle (les Brumes maudites dans l'île des Lames) qui aura son propre système de loot, permettra de récupérer des monnaies offrant les meilleurs équipements du jeu, équipement que vous pourrez perdre au profit d'autres joueurs en mourant dans les Brumes.
- Le maximum de valeur d'équipement passe à 725 (dans New World, votre équipement aide à définir la puissance de votre personnage)
- Un raid à 10 donné pour être piquant (La Ruche des Gorgones)
- Un matchmaking permettant de jouer plus facilement en groupe sur n'importe quel contenu
- De nouvelles saisons (c'est la 6 qui arrivera à la sortie du titre) comprenant des récompenses pour les plus téméraires
Ajouté à ce qui existe déjà, on aurait alors le contenu attendu à la sortie en 2021 et un jeu apparemment très complet et à l'aspect bien fini. Les développeurs présentent la chose en vidéo à cette adresse si vous désirez en savoir un peu plus.
Conclusion
Relancer une licence qui a eu du mal n'est pas chose aisée. Et pourtant, Amazon Games Studio ne semble pas décidé à voir son premier bébé jeté avec l'eau du bain. Dans ce rework incluant les consoles de Sony et Microsoft nommé New World: Aeternum, le studio a fait en sorte d'analyser 2 années de pratique et de critiques pour présenter un produit réellement fini. Exit le MMORPG Open World super libre, bonjour à un Coop RPG qui invite à intégrer un monde riche d'histoire et de contenu. La possibilité de jouer tant en solo qu'à plusieurs (avec des amis ou des inconnus) mêlée à différents types de jeu et ficelée par une histoire qui semble faite pour embarquer le joueur a tout pour plaire à un grand nombre de joueurs. Peut être que le joueur ayant déjà exploré Aeternum aura moins d'intérêt pour cette nouvelle version, mais le nouvel arrivant aura un terrain de jeu assez intéressant avec une histoire à suivre au rythme marqué pour l'amener à avoir envie d'explorer les tréfonds de l'île. L'éternité, ça vous branche ?
