Nvidia Ia Usa Behind Bars

Des mesures très drastiques de dernière minute par le gouvernement sortant, qui chamboulent les règles actuelles du jeu et ne plaisent vraiment pas à tout le monde...

Ça y est, les fameuses nouvelles restrictions s’appliquant au commerce de détail et à l’exportation de technologies américaines ne sont plus une rumeur. Désormais dans sa dernière semaine, l’administration sortante a publié hier son "Export Control Framework for Artificial Intelligence Diffusion" ou "Cadre de contrôle des exportations pour la diffusion de l’intelligence artificielle" si vous préférez. Des mesures assez inédites et drastiques, introduisant une obligation de licence pour tout le monde basé sur un nouveau classement des pays du monde et des limitations de quantité chiffrée pour l’exportation de GPU ! Une réglementation qui inquiète, y compris aux USA, soulève beaucoup de questions et laisse perplexe quant à la faisabilité d’une mise en œuvre effective... 

Le tuyau de Bloomberg, le rapporteur original de la rumeur, était donc bon. Comme nous en avions déjà parlé l’autre jour, tous les pays seront dorénavant classés en trois catégories, mais tout le monde doit maintenant aussi obtenir une licence pour pouvoir mettre la main sur des puces IA et du GPU. Autrement dit, c’est un véritable bouleversement du système d’exportation existant. Les droits accordés (ou non) varieront évidemment en fonction de la catégorie du pays et/ou de son standing vis-à-vis des USA. Les pays qui auront l’accès le plus facile à la licence et la plus permissive seront ceux de la catégorie 1 : Allemagne, Australie, Belgique, Canada, Danemark, Espagne, Finlande, France, Irlande, Italie, Japon, Norvège, Pays-Bas, Norvège, Nouvelle-Zélande, Suède, Taïwan et Grande-Bretagne. Il y a des surprises, par exemple, le Portugal et la Suisse ne font pas partie de la catégorie 1, ce qui implique qu’ils vont devoir se conformer aux règles plus strictes et plus restrictives. Vous vous en doutez, les disparités de classification au niveau européen ne réjouissent pas l’UE. Des partenaires commerciaux importants (Israël, Brésil, Inde, etc.) sont relégués à la catégorie 2, et se voient donc limités dans la puissance et la quantité des solutions GPU pouvant être acquises. 

L’intelligence artificielle devient rapidement un élément central de la sécurité et de la puissance économique. Les États-Unis doivent agir de manière décisive pour mener cette transition en veillant à ce que la technologie américaine soit à la base de l’utilisation mondiale de l’IA et à ce que les adversaires ne puissent pas facilement abuser de l’IA avancée. Entre de mauvaises mains, les systèmes d’IA puissants peuvent exacerber des risques importants pour la sécurité nationale, notamment en permettant le développement d’armes de destruction massive, en soutenant de puissantes cyberopérations offensives et en favorisant les violations des droits de l’homme, telles que la surveillance de masse.
Aujourd’hui, des pays préoccupants utilisent activement l’IA - y compris l’IA fabriquée aux États-Unis - de cette manière et cherchent à saper le leadership des États-Unis en matière d’IA. Pour renforcer la sécurité nationale et la puissance économique des États-Unis, il est essentiel que nous ne délocalisions pas cette technologie essentielle et que l’IA mondiale fonctionne sur des rails américains. Il est important de travailler avec les entreprises d’IA et les gouvernements étrangers pour mettre en place des normes de sécurité et de confiance essentielles au fur et à mesure qu’ils développent leurs écosystèmes d’IA.

Extrait de la déclaration de la Maison-Blanche.

En matière de restrictions, on distinguera par exemple que les pays de catégorie 1 (et leurs entreprises) peuvent installer jusqu’à 7 % de leur puissance en matière d’IA dans un autre pays, ce qui correspondrait à des milliers de GPU. Ceci implique aussi que 93 % de la capacité doit se trouver aux USA ou dans un pays "ami". Un pays n’était pas dans la catégorie 1, mais qui est considéré comme étant "fiable" pourrait cependant prétendre à l’équivalent en puissance de calcul de 320 000 GPU avancés en deux ans après obtention de la licence, au lieu de la limite standard de 50 000 de la catégorie 2. Mais là encore, cette dernière peut être revue à la hausse jusqu’à 100 000 GPU par le gouvernement. Les petites commandes - qui représenteraient a priori la vaste majorité du flux commercial - ayant une puissance de calcul cumulative "inférieure à 1700 GPU" ne sont pas soumises à ces réglementations pour ne pas trop pénaliser les instituts de recherche, les universités ou les hôpitaux. Mais il n’est pas très clair quelle est la puissance du GPU avancé de référence utilisée ici. Il n'est pas à exclure que le calcul soit basé sur l'interprétation de puissance de la règle 3A090

Dans tout ça, il faut aussi distinguer les trois classes d’entreprises : "Universal Verified End Users (EVEUs)", "National Verified End Users (NVEUs)" et "non-VEUs", ou "Utilisateurs finaux universels vérifiés", "Utilisateurs finaux nationaux vérifiés" et "Utilisateurs finaux non vérifiés". Les "EVEUs" répondent à toutes les exigences en matière de sécurité définies par les USA et se trouvent dans les pays les plus alignés avec les intérêts des USA. Aucune limite particulière ne leur s’applique, autre que celle des "7 %" mentionnés ci-dessus. Les "NVEUs" répondent aux mêmes normes de sécurité, mais ne peuvent être basées dans un pays "problématique". Celles-ci sont les entreprises pouvant prétendre à la limite d’exportation de l’équivalent en puissance de 320 000 GPU en deux ans par pays selon où elles se trouvent. Les "non-VEUs" doivent se satisfaire de 50 000 unités par pays. 

Si cela peut sembler compliquer, c’est parce que ça l’est ! Il s’avère que la réglementation, apparemment élaborée en secret et sans grand examen législatif particulier, ferait plus de 200 pages... NVIDIA a été l’une des entreprises les plus vocales contre cette mesure, qui ne fait absolument pas l’unanimité dans le milieu. Oracle et la Semiconductor Industry Association ont également fait part de leur désaccord. NVIDIA (et son PDG) en particulier ne parait même avoir qu’une hâte, c’est que Trump soit à nouveau aux commandes et renverse certaines des nouvelles règles restreignant sévèrement la diffusion d’équipement pour l’IA (forcément).

Dans les derniers jours de son mandat, l’administration Biden cherche à saper le leadership de l’Amérique avec un ensemble de réglementations de plus de 200 pages, rédigées en secret et sans examen législatif approprié. Ce vaste projet imposerait un contrôle bureaucratique sur la manière dont les semi-conducteurs, les ordinateurs, les systèmes et même les logiciels américains de pointe sont conçus et commercialisés dans le monde entier. En tentant de truquer les résultats du marché et d’étouffer la concurrence - l’élément vital de l’innovation - la nouvelle règle de l’administration Biden menace de dilapider l’avantage technologique durement acquis par l’Amérique. Bien que dissimulées sous l’apparence d’une mesure "anti-Chine", ces règles ne contribueraient en rien à renforcer la sécurité des États-Unis. Les nouvelles règles contrôleraient la technologie dans le monde entier, y compris celle qui est déjà largement disponible dans les PC de jeu et le matériel de consommation courante. Plutôt que d’atténuer toute menace, les nouvelles règles de M. Biden ne feraient qu’affaiblir la compétitivité mondiale de l’Amérique, en sapant l’innovation qui a permis aux États-Unis de conserver leur avance.
Bien que la règle ne soit pas applicable avant 120 jours, elle porte déjà atteinte aux intérêts des États-Unis. Comme l’a démontré la première administration Trump, l’Amérique gagne grâce à l’innovation, à la concurrence et au partage de ses technologies avec le monde entier, et non en se retranchant derrière un mur d’ingérence gouvernementale. Nous attendons avec impatience un retour à des politiques qui renforcent le leadership américain, soutiennent notre économie et préservent notre avantage concurrentiel dans le domaine de l’IA et au-delà.

Extrait de la déclaration de NVIDIA.

La SIA et ses entreprises membres partagent l’engagement du gouvernement américain à préserver la sécurité nationale. Nous sommes toutefois profondément préoccupés par la portée et la complexité sans précédent de cette réglementation potentielle, qui a été élaborée sans l’apport de l’industrie et qui pourrait nuire considérablement au leadership et à la compétitivité des États-Unis dans le domaine de la technologie des semi-conducteurs et des systèmes d’intelligence artificielle avancés. Nous mettons respectueusement en garde contre un changement de politique aussi rapide et important au cours de cette période de transition, et sans consultation significative avec l’industrie.
En l’absence d’une telle consultation, nous demandons instamment à l’administration de publier une proposition de règle ou de confier le processus d’élaboration de la politique à l’administration Trump entrante afin de garantir que les dirigeants du gouvernement et de l’industrie, ainsi que nos partenaires mondiaux, aient la possibilité d’aborder cette question cruciale de manière réfléchie.

Extrait de la déclaration de la SIA

La Commission européenne a fait part de son inquiétude aussi, tout en soulignant qu’elle est prête à coopérer de manière constructive avec la future administration américaine sur ce dossier. Toutefois, il est permis d’avoir des doutes quant à un démantèlement potentiel de la législation par l’équipe Trump. Partielle, peut-être, avec un allègement de certains points, éventuellement pour la classification des entreprises et de pays. Mais lors de sa première présidence, Trump aussi avait usé du levier de restriction des exportations des technologies américaines, en particulier vers la Chine. Cette politique a été largement maintenue par son successeur, Biden. Bref, il ne faut probablement pas s’attendre à ce que le texte soit intégralement rejeté par le nouveau gouvernement. (Source : Computerbase, Tom's)

Nvidia Ia Usa Behind Bars

Matt


  • Cercle tout de même bien vicieux. Car si nVidia et d'autres entreprises font du chiffres sur l'IA, il y a des retombées économiques pour tout le monde, l'état inclus puisque les impôts que ces sociétés versent gonflent d'autant plus.

    Et bien évidemment, la restriction ne fera juste que ralentir l'inévitable, à savoir un compétiteur étranger qui pourra prendre la place des entreprises américaines pour récolter l'argent dans ces pays, qui lui permettra ainsi d'innover et de petit à petit se faire une place dans le marché de l'IA.

    Il y a une différence entre ciblés certains pays hostiles, et restreindre les volumes, voir empêcher bon nombre de pays de constitué leur datacenter IA souverain avec du matériel américain. SI j'ai bien compris, si t'es Tier 2 tes entreprises peuvent acheter, mais la nation ne peut pas avoir son datacenter souverain "public".

    Je prends l'exemple tout con de la Suisse, qui fait partie de la liste des "Tier  2" qui n'a donc pas le droit d'acquérir des  puces américaines pour faire un datacenter IA souverain (national).  La suisse  ? Vraiment ?  Pareil pour le Portugal.  Rigolons également un coup avec  Israel dans les  Tier  2 (ah bon, c'est plus un pays amis des américains  ?  xD)

    Je comprends parfaitement les blocages  Russes,  Chines, etc... mais quand je vois le Yémen (le pays des Outils, pardon Houthis) en Tier 2, je m'étouffe aussi (appeler les secours, vite !)

    Pour info la carte lié au Tier : https://www.bnnbloomberg.ca/resizer/v2/J4WLUJLXXYQGVA7XVTA3SBIQDY.jpg?smart=true&auth=1e538660b46ae15c2d6357f6a46a4e1205e32bcd8d27e3ca3217b0f4b2538117&width=1600&height=899

    Il n'y a donc personne qui a vérifié la carte que papi Biden avait colorié pour la fin de son année scolaire  ?!

    • Merci pour la carte, nous l'avions déjà montrée l'autre jour. N'oublions pas qu'elle n'a rien d'officiel, c'est une réalisation de Bloomberg. Quant aux pays "surprise" présent dans la liste 2, comme la Suisse, Israël, etc., j'imagine que c'est aussi un moyen de leur mettre la pression sur d'autres sujets pouvant affecter les intérêts américains. 

      • israel et la suisse pour moi ce n'est pas surprenant l'un est en guerre et l'autre est opaque avec le secret bancaire le Portugal il a fait quoi ?

  • Cela me rappelle furieusement le traité naval d'avant la seconde guerre mondial obligeant les pays à ne pas dépasser un certain tonnage de navire en % de celui de la Royal Navy. 

    Big Brother a peur et il montre les crocs

  • Et moi ça me rappel beaucoup l'Export Control que les Ricains imposent dans l'industrie nucléaire !

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