Aujourd'hui connue pour ses claviers Cherry et surtout pour ses interrupteurs Cherry MX, l'entreprise Cherry a une assez longue histoire derrière elle. Elle avait fait ses débuts aux USA dans les années 50, pour ensuite devenir européenne (allemande, pour être précis) en 2008 suivant une acquisition par une société allemande. Plus tard, Cherry fut fractionné et tout ce qui relevait du clavier et de l'interrupteur Cherry devint privé, néanmoins toujours sous le même nom, après avoir été vendu à une société de capital-investissement. Enfin, en 2021, il fut décidé de la rendre publique en l'introduisant en bourse, et au passage, Cherry AG se transforma en Cherry SE. Une IPO relativement réussie de prime abord. Surfant sur l'explosion du monde du gaming, l'entreprise avait même osé le rachat de XTRFY en 2023. En somme, jusque-là, tout allait plutôt bien, du moins en apparence.
L'ampleur des dégâts commença à se révéler véritablement 2024, une année désastreuse sur le plan financier. Malheureusement, la première moitié de 2025 s'est également très mal déroulée et, selon des chiffres préliminaires, les ventes auraient chuté de plus 25 % sur cette période ! La compagnie a officiellement définitivement admis ces difficultés en avril dernier, avec la mise en œuvre d'un plan de restructuration. En juillet, Cherry avait confirmé une nouvelle baisse significative de son chiffre d'affaires. Enfin, jeudi dernier, Cherry a prévenu ses investisseurs que la valeur nette de l'entreprise est désormais tombée à moins de la moitié de ce qu'elle valait lors de sa création (2021). Autrement dit, les pertes sont telles, que les fonds propres de Cherry ont fondu.
Il va de soi que du côté des investisseurs et autres préteurs, la confiance n'est plus du tout. Ceci est très bien illustré par une action dont le cours s'est effondré à 0,64 centime d'euros, alors que l'introduction en bourse s'était faite à 32 € par action, soit une belle chute de ~98 % ! La relation entre Cherry et sa banque UniCredit-Bank, la source de financement principale de l'entreprise, n'est pas au beau fixe non plus. La banque a déjà plusieurs fois partiellement coupé les vivres. Malgré tout, la direction de l'entreprise s'affiche confiante dans sa capacité à corriger le tir et redresser la société. Un directeur externe chargé de la restructuration a été sollicité en avril, mais le contenu du plan de restructuration n'est pas très clair. Cherry a soulevé plusieurs possibilités : délocaliser sa production à l'étranger, rationaliser la structure organisationnelle et concentrer son activité sur les secteurs à forte marge. Des idées assez génériques et qui ne disent pas grand-chose de la manière dont cela sera exécuté et ce que cela peut impliquer pour l'entreprise (et ses employés).
Il semble assez évident que Cherry n'en est pas arrivé là du jour au lendemain et que cette situation est le résultat de plusieurs années de mauvaises décisions. Par ailleurs, ces dernières années, Cherry aurait aussi connu des départs importants au sein de ses équipes. Du reste, l'entreprise peut aussi blâmer un environnement macroéconomique assez défavorable, notamment pour une société aux couts fixes élevés et à la structure lourde. Enfin, son marché de prédilection a bien évolué ces dernières années et pas toujours positivement. Surtout, la concurrence y est devenue plus forte. Pendant longtemps, le gros de l'activité de Cherry était la vente d'interrupteurs aux OEM. Cependant, de nombreux acteurs créent désormais parfois leurs propres solutions ou se tournent vers des alternatives plus abordables venues d'ailleurs, lesquelles se sont beaucoup développées, exerçant par conséquent une forte pression sur les prix.
Cherry arrivera-t-elle à s'en sortir ? L'avenir nous le dira. En attendant, son activité se poursuit plus ou moins comme si de rien n'était (de notre point de vue). Par exemple, Cherry a lancé ses nouveaux switchs Northern Lights en avril, dévoilé bon nombre de nouveautés au Computex 2025, ainsi qu'à la Gamescom 2025. (Source : WiWo)
