Intel veut encore plus d'euros « gratuits » pour son projet européen

Il était déjà question il y a quelque temps d'une première hausse des besoins en subvention d'Intel pour l'avancée de son projet européen baptisé Silicon Junction - constitué de plusieurs volets, le principal étant la construction d'une « gigafab » en Allemagne, tandis qu'il s'agit en parallèle aussi d'établir ou de renforcer la présence de l'américain en France, Italie, Espagne et Pologne. Le problème, c'est que la navigation est loin de se faire sur un long fleuve tranquille. En effet, face au contexte macroéconomique, à la forte hausse des prix de l'énergie et des matières, particulièrement en Europe, le coût estimé de l'usine allemande aurait pratiquement doublé en passant de 17 milliards d'euros à 30 milliards d'euros ! Ouch. Par conséquent, Intel qui s'est visiblement rendu compte être en position favorable pour traire l'Europe davantage aurait fait savoir qu'il attend désormais du gouvernement allemand une contribution supplémentaire de 4 à 5 milliards d'euros - en plus des 6,8 milliards initiaux - pour couvrir l'inflation et la hausse des taux d’intérêt... Le chiffre exact n'est a priori pas encore public, mais Intel a confirmé être en pourparler avec les autorités allemandes pour combler l'écart de coût entre ce projet et d'autres, et ainsi être en mesure de garantir sa compétitivité à l'échelle mondiale.

En parallèle à tout ça, il faut savoir que le fondeur avait d'ores et déjà repoussé le démarrage de la construction de l'usine à Magdebourg et il s'avère que le fondeur réserverait à présent le même sort pour sa future usine d'assemblage planifiée en Italie. En somme, on dirait bien que le projet Silicon Junction est actuellement à l’arrêt, en attendant qu'Intel - dont les priorités ont visiblement changé depuis - arrive à manipuler convaincre ses hôtes d'ouvrir davantage leur porte-monnaie et limiter autant que possible ses propres dépenses pour ces nouvelles installations (onéreuses, certes), du moins jusqu'à ce qu'elles soient en servir et commencent à générer du revenu... La grande question maintenant est : est-ce que les pays européens accepteront cette remise en question de dernière minute de l'accord initial et flancheront-ils face à l'appétit du fondeur américain, au risque de se retrouver avec un investissement coûteux et à la rentabilité douteuse sur les bras, même à long terme ? En sachant aussi que TSMC aussi pourrait à terme prétendre aux aides européennes pour une usine. Aux dernières nouvelles de 2023, le Taïwanais était en discussion avec clients et partenaires pour évaluer la possibilité d'une usine spécialisée pour l'automobile en Europe, mais rien n'est encore écrit dans le marbre et en pratique, rien ne l'est jamais. (Source : Bloomberg)