Souvenez-vous, quand Intel avait annoncé son mégaprojet paneuropéen "Silicon Junction" en 2022, il s'agissait, en plus de construire un complexe de production majeur en Allemagne, d'agrandir également les installations existantes en Irlande, d'ouvrir à Saclay un centre majeur de R&D et de conception de 1000 employés en France, et d'investir pour la R&D, la production et les services de fonderie en Italie, Pologne et Espagne. L'usine allemande est maintenant enfin en bonne voie malgré des difficultés au départ et des incertitudes vis-à-vis du Chips Act européen, et il en est de même pour l'expansion irlandaise et le centre d'assemblage et de test de 4,2 milliards d'euros en Pologne, mais l'on ne peut apparemment pas en dire autant pour les projets français et italiens.
Eh oui, si l'on en croit le commentaire aux journalistes d'Adolfo Urso, ministre italien des Entreprises et du Made in Italy, Intel a "abandonné ou repoussé ses investissements en France et en Italie" ! Au passage, le ministre a expliqué que son pays reste naturellement absolument disposé à accueillir Intel et son centre de packaging avancé sur le territoire comme cela était prévu jusqu'à présent, dans le cas où le fondeur devait reconsidérer sa dernière décision.
[Intel a] renoncé ou reporté ses investissements en France et en Italie, par rapport à d'autres qu'elle envisage en Allemagne. [...] S'il [Intel] décide de mener à bien ces projets, nous sommes toujours là.
Rappelons que l'Italie avait fait miroiter une enveloppe de 4,5 milliards d'euros à Intel dans la foulée de sa grande annonce en février 2022. Cependant, Adolfo Urso a également insisté sur le fait qu'Intel n'est pas le seul acteur du semiconducteur à s'intéresser à l'Italie. Plusieurs investissements majeurs seraient en cours de négociation, notamment avec des entreprises taïwanaises, mais le ministre a pour l'instant uniquement cité celui de 3,5 milliards du Singapourien Silicon Box pour une usine de 1600 employés dans le nord du pays.
Pourquoi Intel aurait-il soudainement décidé de changer ses plans ? Ça, le ministre italien ne l'a pas dit et Intel n'a pas encore accepté de communiquer à ce sujet et répondre aux questions des journalistes. Il n'est pas à écarter que les conditions et les circonstances ont certainement beaucoup changé depuis 2022. De plus, ce n'est pas la première fois que le fondeur américain annule ou repousse un projet. En tout cas, vous remarquerez que ni la France ni l'Italie n'apparaissaient sur la dernière carte montrée par Intel de sa présence dans le monde. La question est : qu'est-ce qui a changé ? Espérons que Patou Gelsinger nous en touchera un mot à l'occasion. (Source : Reuters)