GlobalFoundries (GF ou GloFo) a déposé une nouvelle plainte contre IBM auprès d’un tribunal texan, accusant IBM d’avoir partagé illégalement, sans permission, brevets et secrets commerciaux liés à la production de semiconducteurs avec Intel et le consortium japonais Rapidus. À savoir que le trio en question est impliqué dans un partenariat pour l’élaboration de nouvelles technologies de pointe pour de la puce logique et du packaging de semiconducteur, notamment liées aux transistors gate-all-around (GAA), aux transistors complementary field-effect (CFET) et aux procédés de gravure inférieurs à 1 nm. GloFo justifie sa position en affirmant être pleinement propriétaire des IP concernées, puisqu’elles ont — selon l’entreprise été obtenues après l’acquisition de la division microélectronique d’IBM en 2015 pour la somme de 1,5 milliard de dollars. Le fondeur pense aussi que ce partage illicite pourrait potentiellement permettre à IBM d’empocher injustement des revenus de licence de plusieurs centaines de millions de dollars et d’en tirer au passage d’autres avantages.
Simultanément, GlobalFoundries en a également profité pour accuser IBM de pratiques de recrutement déloyales et de lui piquer agressivement des ingénieurs de son nouveau Fab 8 de New York (usine qui fut planifiée en 2021), des efforts de recrutement qui se seraient par ailleurs intensifiés depuis l’annonce du partenariat entre IBM et Rapidus en décembre dernier, et GloFo veut désormais que cela soit tout bonnement interdit par le tribunal…
Comme vous vous doutez, IBM a rejeté l’ensemble de ces accusations et affirme qu’elles sont parfaitement infondées. IBM estime qu’il s’agit ici de représailles de GlobalFoundries vis-à-vis d’une autre affaire juridique en cours entre les deux entreprises et d’une forme de tentative visant à faire pencher la balance en sa faveur. En effet, un autre différend juridique est en cours depuis 2021 pour une violation de contrat par GF, qui s’était engagé à fournir IBM en technologies de pointe pour la fabrication de ses processeurs jusqu’en 2025. IBM avait engagé cette poursuite à la suite du désengagement soudain de GlobalFoundries dans la course aux procédés avancés en 2018, ce qui avait eu pour conséquence de mettre à mal la roadmap de CPU pour serveurs d’IBM. Par conséquent, ce dernier exige une compensation de 2,5 milliards de dollars.
Bref, vous l’aurez compris, la relation entre les deux entreprises n’est pas prête de s’arranger. Il est encore difficile de savoir dans quel sens ira le tribunal, mais il est évident que l’affaire sera suivie de près par le reste de l’industrie du semiconducteur, puisque le verdict pourrait éventuellement avoir des conséquences notables vu les acteurs concernés. Ce genre de bataille n’a rien de surprenant pour une industrie très compétitive et lucrative, et où les investissements en R&D sont de plus en plus lourds. Le recours à la justice est donc un autre moyen pour les entreprises de protéger leurs technologies et leur statut sur le marché. Il faut d’ailleurs avouer que GlobalFoundries commence tout de même à avoir une certaine expérience en la matière… Mais l’entreprise est bien évidemment loin d’être la seule à jouer à ce jeu. (Source : GlobalFoundries, via Anandtech)