En 2019, année où le Chinois Huawei au cœur de la lutte entre les USA et la Chine fut frappé de plein fouet par les sanctions américaines, Intel avait réussi à obtenir une licence d’exportation pour continuer à vendre et livrer du CPU à l’ex-géant mondial. À cette époque, c’était le gouvernement Trump qui était encore aux commandes. AMD avait ensuite fait la demande d’une autorisation équivalente en 2021, suivant l’ascension de Joe Biden à la présidence. Cependant, à sa surprise et plus grande déception, AMD affirme n’avoir jamais eu de réponse des autorités américaines, pas même pour notifier l’entreprise d’un refus.
Autrement dit, à ce jour, AMD ne peut toujours pas vendre légalement du CPU à Huawei et Intel joui donc de fait depuis 2019 d’une exclusivité de vente absolue d’une valeur de plusieurs centaines de millions de dollars ! Par conséquent, alors qu’AMD n’était pas loin de la parité avec Intel au sein du catalogue d'Huawei, sa part n’était plus que de 9,3 % au début de 2023, tandis que celle d’Intel s’était envolée à 90,7 %. L’entreprise estime que le manque à gagner généré par cette situation fut de 512 millions de dollars de chiffre d’affaires, ce qui n’est pas rien.
AMD n’était évidemment pas restée sans rien faire face à cette situation jugée "extrêmement injuste" par la compagnie. Elle s’était ainsi associée avec des critiques de la Chine pour tenter de faire révoquer la licence d’exportation d’Intel. Il y avait eu une petite lueur d’espoir le 28 février 2023 lorsque le gouvernement US annonçait qu’il allait passer en revue toutes les licences octroyées en faveur des fournisseurs d’Huawei, tout en mettant en place des règles plus équitables. Hélas, aucun changement ne fut en fin de compte décidé par le département du commerce américain, au grand dam d’AMD.
Forcément, il y a de quoi s’interroger. Pourquoi deux poids, deux mesures dans ce scénario, alors que les deux acteurs sont américains et donc censés tomber sous le coup des mêmes règles ? Une hypothèse est que le gouvernement américain ne voulait pas pénaliser une entreprise qui, d’une part, fabrique une portion de ses exportations sur le territoire et, d’autre part, investit lourdement pour reconstruire l’industrie américaine du semiconducteur. Mais tout cela est certainement aussi beaucoup lié aux individus chargés d’apposer leur signature sur les demandes de licences et qui n’étaient plus tout à fait les mêmes en 2019 qu’en 2021. Qui sait, la demande d’AMD aurait peut-être aussi été approuvée si l’entreprise s’était exécutée simultanément à Intel.
Bref, tant pis. De toute façon, la licence d’Intel va bientôt périmer, un peu plus tard cette année. Le fondeur va fort probablement chercher à la renouveler, mais une reconduction est a priori très loin d’être garantie dans le contexte actuel. Une bien maigre consolation pour AMD, tandis que son concurrent en aura plus que bien profité, seul. (Source : Reuters, via Tom's)
Faudra rééssayer sous la prochaine mandature alors. Sous des cieux plus favorable 😁
Il y a quelqu'un, au gouvernement ou dans une obscure commission du département commerce, qui doit bien profiter de son yatch tatoué Intel.