La bombe a été initialement lâchée par le Wall Street Journal, rapidement appuyé par Reuters qui indique avoir eu les mêmes informations par ses propres sources : Electronic Arts serait sur le point d'être privatisé, comprenez par là que l'intégralité de ses actions serait rachetée par un consortium de groupes privés, amenant à la sortie définitive de l'entreprise de la Bourse. Une somme de 50 milliards de dollars est évoquée pour l'opération, qui se ferait par un montage appelé rachat par effet de levier (LBO en anglais).
Alors déjà, première question que l'on peut légitimement se poser : quels seraient ces acheteurs sur le point d'acquérir Electronic Arts ? On retrouverait tout d'abord Silver Lake, une compagnie privée états-unienne, spécialisée justement dans les investissements de ce type et qui détient d'ailleurs déjà une partie d'Unity Technologies, connu pour son moteur de jeu Unity. Ensuite, il y aurait le Fonds public d'investissement d'Arabie saoudite (PIF) qui détenait d'ailleurs déjà 10 % d'Electronic Arts jusqu'à présent. Le PIF possède également par exemple 5,01 % de Nintendo, et est de plus en plus présent dans le monde des jeux vidéos ses dernières années par ses divers investissements, créant parfois la controverse. Ubisoft a annoncé le mois dernier un DLC d'Assassin's Creed Mirage qui se déroulera en Arabie Saoudite, peu de temps après la révélation dans les médias d'un contrat qui aurait été passé entre Ubisoft et le PIF, montrant visiblement le souhait du fond d'investissement souverain de mettre son pays à l'honneur dans les jeux vidéos et donner des directions aux contenus, la question étant "jusqu'à quel point" ?
Pour la petite histoire, un autre investisseur serait de la partie, même si son implication pourrait être moindre dans le rachat que les deux que nous venons de citer : Affinity Partners, une autre société d'investissement états-unienne. Le nom de son gérant ? Jared Kushner. Si ce nom ne vous dit rien, peut-être connaissez-vous davantage son beau-père, un certain Donald Trump.
Que signifierait sinon le rachat par effet de levier d'Electronic Arts ? Difficile évidemment de prévoir l'avenir, mais il faut savoir que le principe d'une "LBO" c'est de réaliser un achat par endettement. Un très gros endettement en l'occurrence, en espérant que l'entreprise génère ensuite rapidement du bénéfice pour rembourser. Si on ne peut donc pas prévoir ce qui va précisément se passer du côté d'Electronic Arts si le rachat est acté, mais une chose serait certaine, il faudrait qu'elle dégage des bénéfices, et vite. Restructurations, licenciements, abandons de projets voire studios les moins rentables seraient inévitablement sur la liste des possibilités, sans avoir aucun compte à rendre à des actionnaires, puisqu'il n'y en aurait plus une fois l'entreprise privatisée.
Selon les médias qui se sont donc fait l'écho de cette actualité, la confirmation officielle pourrait ne pas tarder et même être annoncée dès le début de la semaine prochaine. La "bombe" ayant été lâchée hier, le vendredi 26 septembre 2025 alors que la Bourse était encore ouverte, l'action Electronic Arts a bondi de 15 %, faisant passer la capitalisation boursière de la société de 42,1 à 48,4 milliards de dollars en quelques heures.
Depuis son journal au PCF, quel chemin parcouru par PIF !
RIP