Nvidia H100 Pcie

L'autorité de la concurrence s'est offert une petite balade surprise et matinale dans les locaux d'un des acteurs du marché. Pourquoi ?

Mise à jour du 07 octobre 2023 - Vaut mieux tard que jamais, au cas où vous (aussi) aviez manqué ce complément d’information, le voici ! Outre la France, il se murmure que l’Union européenne aussi se penche actuellement sur l’hypothèse d’existence de pratiques anticoncurrentielles sur le marché des puces destinée à l’intelligence artificielle. Dans ce cadre, la Commission européenne aurait commencé à collecter avis et informations à ce sujet pour lui permettre de déterminer s’il faut ou non songer à intervenir sur ce segment, outrageusement dominé à ce jour par un seul acteur, à savoir NVIDIA. Il n’est pas impossible que l’initiative française de l’autre jour soit directement liée à cette volonté européenne apparente de s’intéresser à l’IA sous un autre angle et d’observer son commerce d’un peu plus près et de légiférer et/ou punir en cas d’abus avérés. Sans trop de surprise, l’information étant officieuse, personne n’a souhaité commenter ou confirmer quoi que ce soit pour l’instant, ni chez NVIDIA, ni chez la Commission, ni chez l’Autorité de la concurrence française, ni chez le gouvernement français. En attendant, gardons à l’esprit que ce début d’enquête supputé pourrait ne jamais donner lieu à une investigation officielle ou à des pénalités. Mais si tel devait être le cas, l’IA étant après tout toujours un sujet très chaud et bien parti pour le rester encore un moment, nous pouvons spéculer que l’affaire ne devrait pas trop trainer. (Source : Bloomberg)


Texte originel du 29 septembre 2023 - Mardi, le 26 septembre 2023, l’Autorité française de la concurrence s’était levée tôt pour effectuer une perquisition surprise dans les locaux d’une "entreprise spécialisée dans les cartes graphiques". Officiellement, nous ne savons pas de quelle entreprise il s’agissait, l’Autorité s’est bien gardée d’en révéler l’identité. La grande majorité s’est accordée à dire que la cible était NVIDIA, qui a des bureaux en Île-de-France et en Alpes-Maritimes. Compte tenu du statut de dominant quasi absolu de l’Américain sur le marché avec ses GPU gaming (RTX, GTX) et spécialisés (A100, H100, etc.) et du motif invoqué par l’Autorité pour son raid, à savoir la suspicion de mise en œuvre de pratiques anticoncurrentielles dans le secteur des cartes graphiques, ce serait effectivement très plausible que NVIDIA soit l’acteur visé. Mais c’est encore une information officieuse et qui se base pour l’instant a priori uniquement sur les sources de journaux américains.

Les services d’instruction de l’Autorité de la concurrence ont procédé hier, après autorisation d’un juge des libertés et de la détention, à une opération de visite et saisie inopinée auprès d’une entreprise suspectée d’avoir mis en œuvre des pratiques anticoncurrentielles dans le secteur des cartes graphiques.

 Cela s’inscrit dans le cadre de l’attention particulière que l’Autorité de la concurrence porte au secteur plus large de l’informatique en nuage (cloud), qui a notamment fait l’objet, le 29 juin 2023, d’un avis sur son fonctionnement concurrentiel. À ce stade, cette intervention ne préjuge bien évidemment pas de la culpabilité de l’entreprise concernée par les pratiques présumées, que seule une instruction au fond permettra le cas échéant d’établir. L’Autorité de la concurrence ne fera aucun autre commentaire ni sur l’identité de l’entreprise visitée ni sur les pratiques visées.

Attention, comme le rappelle l’Autorité, parce qu’il y a eu raid ne veut pas dire qu’il y a bien eu violation ou effraction de l’une ou l’autre loi. Le but de la perquisition est justement d’arriver à prouver ou d’infirmer les suspicions initiales, généralement en collectant des documents, du matériel numérique ou physique (comme des vestes en cuir autographiées par le PDG ?) et/ou en interrogeant des employés. Dans le cas présent, nous ne savons pas ce que l’agence a réellement fait pendant son opération ni si elle a trouvé ce qu’elle cherchait. Pour l’instant, c’est motus et bouche cousue !

Logo Autorite De La Concurrence

Pourquoi cette opération ? Hélas, il ne s'agissait a priori pas d'aller faire comprendre supposément à NVIDIA qu'il fallait se calmer sur les prix des GeForce. En fait, la raison est mentionnée dans le communiqué ci-dessus. Le raid a été effectué dans le cadre d’une enquête plus large sur le marché du cloud computing. Un vaste sujet qui avait déjà spécifiquement été soulevé en juin dernier par l’Autorité de la concurrence et elle avait fait part à ce moment-là de sa volonté de se pencher sur l’état de la concurrence sur ce marché, notamment pour déterminer si les nouvelles entreprises et les plus petites entreprises sont en mesure de rivaliser librement avec les plus gros poissons sur ce segment. Le fait qu’il y ait eu perquisition semble suggérer que ce ne serait pas vraiment le cas, ce qu’il faut maintenant arriver à démontrer, en supposant qu'il y ait effectivement raison et matière pour le faire.

Ces dernières années, le marché du cloud computing a explosé, sans oublier celui de l’IA- des avancées qui se sont matérialisées pour le grand public, par exemple sous la forme de ChatGPT. Une très forte croissance dont ont beaucoup profité avant tout une poignée d’entreprises, comme NVIDIA, actuellement de très loin le fournisseur préféré de GPU spécialisés et désormais le plus gros concepteur de puces fabless au monde, mais aussi Amazon, Google et Microsoft. Une concentration entre mains américaines qui n’a certainement pas grand-chose pour plaire à l’Autorité française de la concurrence, et à l’Europe d’ailleurs non plus. Ce n’est pas pour rien que le sujet d’une souveraineté numérique européenne revient régulièrement sur la table ces dernières années, et que des initiatives ont déjà été lancées par des acteurs européens du numérique (comme le Français OVHcloud ou l’Allemand Nextcloud) ou encore par la Commission européenne pour tenter de rééquilibrer un peu la balance, tant bien que mal... Nous pouvons donc supposer que cette perquisition française est potentiellement en partie à inscrire dans ce contexte plus large et que d’autres entreprises impliquées pourront être "visitées" en chemin.

Matt

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