Nous continuons notre tour du propriétaire des cartes mères AM5 avec un modèle MSI à ne pas mettre entre toutes les mains ! Et pour cause, il s'agit du haut de gamme MEG X670E ACE, une carte à plus de 800 € qui n'est supplantée que par la démoniaque GODLIKE. La véritable question est de savoir si, pour ce prix, on a une carte mère top qualité, ce que l'on est en droit d'attendre en sortant autant de biftons, ou si au contraire il y a duperie technique, ce qu'un passionné peu averti pourrait ne pas détecter forcément s'il se laisse abuser par l'enrobage aguicheur de la carte. Et c'est vrai qu'elle a du chien, mais est-ce qu'elle n’a rien d'autre à offrir ? Pour le savoir, passons là sous notre microscope vicieux !
La carte et son PCB
La carte mère arrive dans un carton qui affiche la couleur : l'esthétique est soignée, et surtout, l'ensemble pèse très lourd, c'est très inhabituel à ce stade. Une fois ouvert, on accède à la carte à proprement parler, et c'est bien elle qui est responsable de ce poids, plus de 2 kg sur la balance ! Le bundle se planque en dessous, et il est riche, ce qui est là aussi un minima quand on réclame plus de 800 €, ce que d'aucuns pourraient appeler une folie / dinguerie s'il avait été en 2010 par exemple, inconcevable ! On y retrouve un guide rapide d'installation, une notice de conformité européenne, une clé USB avec les pilotes et utilitaires pour démarrer, 4 nappes SATA 6Gbps, 2 câbles d'extension d'éclairage RGB et ARGB, 2 sondes de températures, 1 kit de 2 antennes pour le WiFi et le BT, 3 paquets de clips pour les M.2, 1 vis pour le M.2, 3 stickers pour câbles, et une grosse carte fille nommée M.2 Xpander Gen 5 Dual. Cette dernière permet d'accueillir deux SSD PCIe 5.0, elle est refroidie par un ventirad plan, et s'enfiche dans un slot PCIe uniquement.
La carte, au format E-ATX, arbore au premier regard une architecture classique, CPU au centre en haut, entouré des radiateurs censés refroidir les VRM et le contrôleur, des 4 slots de DDR5 6000 accueillant 192 Go de mémoire, et du premier slot PCie 5.0 x16 renforcé et dédié à la carte graphique. Ce port n'a pas de dispositif de désenclenchement de carte graphique déporté, c'est dommage tellement ceci se révèle pratique lorsque votre ventirad CPU prend trop de place. Cependant, l'absence de SSD à cet endroit ouvre un certain espace pour les doigts ! On remarque donc qu'il n'y a pas de port M.2 entre le processeur et le premier slot PCIe 5.0 x16, en revanche on note un radiateur en bordure de PCB, à gauche des slots de DDR5. Il s'agit en fait du seul slot pour SSD acceptant la norme NVMe PCIe 5.0, avec 4 lignes câblées directement sur le CPU. Ce radiateur s'enlève juste en enfonçant un clip, tandis que le SSD suit la même logique, pas d'outil pour le fixer. Des pads assurent le contact entre le SSD et le radiateur, mais si votre SSD avait déjà son cooling, il suffit de ne pas remettre le radiateur MSI, c'est aussi simple que ça. Au-dessus de la prise 24 pins ATX se trouve l'écran DEBUG LED, pratique pour savoir où ça bloque ! En descendant notre regard vers le bas de la carte, on observe ce grand radiateur plan, et ces 2 autres slots PCIe.
Sous ce ce radiateur se cachent 3 slots M.2 qui se fixent avec des kits vis fournis. Des pads thermiques permettent le refroidissement recto verso, ils sont de qualité correcte, ne se délitent pas au premier démontage, et assurent 7 W/mK. Ces 3 emplacements SSD sont reliés au chipset via 4 lignes PCIe 4.0. Les deux ports PCIe qui encadrent ces SSD sont visuellement des x16, mais sont respectivement câblés au CPU via 8 et 4 lignes, ce qui autorise cette fois le multiGPU via 2 x 8 lignes. Ils sont eux aussi cerclés pour être renforcés. Sous le premier et seul SSD PCIe 5.0 se trouvent non pas un, ni trois, mais deux headers USB 3.2 Gen2x2 Type-C. Encore en dessous, on distingue les deux headers internes USB 3.2 qui apportent le signal en façade de votre tour Type-A. Puis, dans la continuité, on retrouve 6 ports SATA 6Gbps. Complètement en bas de PCB, on note les boutons Power ON et Reset, les switches de gestion des LED et du double BIOS, ce qui assure là aussi de ne pas griller votre carte en cas de flash foiré, ainsi qu'une ribambelle de connecteurs (USB 2.0, ARGB, fans, etc). Vous noterez à l'extrême droite 4 points de mesure des diverses tensions (Core Voltage, SoC Voltage, CPU VDDIO Voltage et la masse / Ground).
Le PCB de la carte, formé par ailleurs de 8 couches et 2 onces de cuivre, se retrouve bien planqué sous une vaste plaque métallique. Elle reste cependant ajourée au niveau du socket, et au niveau des trous pour les vis de fixation. Elle peut s'enlever, et mettre à nu le PCB, les vis de serrage des radiateurs, mais pas que, nous verrons plus base ce qu'elle cache en plus ! Madre dios, ce teasing de dingo !
Les VRM sont cachés sous deux radiateurs que l'on peut qualifier de complets. En effet, on retrouve, non pas un bloc d'aluminium taillé et découpé d'un seul bloc, mais deux radiateurs tels qu'on en voit sur les cartes graphiques, avec de nombreuses ailettes d'aluminium. Cela ne se voit pas sur l'image, puisqu'ils semblent soudés à 90 °, mais ils sont joints par un caloduc, que nous allons voir un peu plus bas une fois le tout démonté. L'interfaçage entre les VRM, le contrôleur et les radiateurs se fait via des pads de qualité correcte à 7W/mK.
Le contrôleur des VRM est en provenance d'Infineon, estampillé XDPE19203B. Les VRAM sont au nombre de 22 + 2 + 1, ce qui est plus que rassurant. Les 22 phases dédiées au CPU sont maquées TDA21490, elles poutrent 90A chacune, et viennent encore d'Infineon. Les 2 phases du SoC sont estampillées TDA21472 et envoient 70A pièce, et devinez d'où elles proviennent ? Infineon bien sûr. Enfin, la phase des petits éléments constitutifs du PCB est marquée MXL7630S, envoie 30A, et ... ne vient pas de chez Infineon, mais de MaxLinear ! C'est quand même très costaud, et encaissera même les overclockings des plus gros CPU. C'est d'ailleurs important que cette partie ait été soignée, parce que cette carte se destine surtout aux gros clockeurs, et à ceux qui veulent tirer le max du max de leur processeur sans risquer la surchauffe.
Nous revenons au radiateur en charge des VRM. Il est donc uni et un caloduc en angle droit vient récupérer via les pads la chaleur. Il est même aplani pour que les pads thermiques soient directement à son contact, astucieux ! Et pour améliorer encore plus la dissipation, MSI a collé une contreplaque au verso, au niveau des VRM. Voilà ce que cachait la grande plaque du verso ! Tout cela est bien usiné, et rassurant, car à 90A le VRM, ça risque de chauffer gaillard si vous vous lâchez sur les tensions pour votre overclocking.
Le panneau arrière est très riche. Il apparait un peu tassé au niveau des prises, et cela est dû au fait que MSI a disposé 3 boutons en colonne. Le premier est le bouton de remise à zéro du BIOS (celui qui est sélectionné via le switch), celui du milieu concerne le flash à l'aveugle, et le dernier est nommé SMART. Pour ce dernier, vous choisissez dans le BIOS la fonction que vous voulez lui allouer : soit une réinitialisation type reset de la carte mère et donc du PC, soit un allumage de la fonction Mystic Light qui gère les LED, et pour laquelle le switch LED en bas du PCB doit être sur ON, soit en mode sécurisé qui abaisse le niveau des PCIe, soit enfin en mode ventilation Turbo où tous les ventilateurs raccordés pédaleront à fond.
Ensuite, vous trouvez un connecteur USB 3.2 Gen2x2 20 Gbps Type-C géré par une puce ASMedia ASM3241. Ce port d'ailleurs partage la bande passante avec le port PCIe du bas, s'il est peuplé alors le port USB sera désactivé. On retrouve une colonne de 4 prises, 2 x USB 3.2 Gen 2 10 Gbps type-A, celui du bas est identique, mais correspond aussi au port à occuper pour faire le flashback BIOS, et enfin le port USB 3.2 Gen 2 10Gbps type-C. Viennent à la suite 5 ports USB 3.2 Gen 2 10Gbps Type-A, encore un port USB 3.2 Gen2x2 20 Gbps Type-C.
Le port Ethernet à 10 GbE provient du travail d'une puce Marvell AQC113CS-B1-C, pour du réseau local plein débit, c'est bien, ou d'un abo fibre type SFR. On termine par les 2 prises antennes WiFi, et les classiques prises son gérées par la puce Realtek ALC4082, avec un amplificateur ESS ES9280AQ. Voilà pour la partie connectique, il y a de tout, et avec des débits importants, même si certains partagent la bande passante.
Le BIOS / UEFI
L'interface graphique est strictement identique à celle de toutes les cartes mères MSI qui ne sont pas de l'entrée de gamme, donc toutes celles équipées en chipset B650 à X670E. Les couleurs dominantes sont le noir et le rouge. Comme bon nombre de concurrents pour ne pas dire tous, le BIOS est organisé en deux versions : il y a une nommée EZ Mode, et une autre Advanced. La version EZ correspond à une gestion très simplifiée, permettant de contrôler et gérer facilement tous les composants du PC, à savoir les paramètres vitaux de la carte, du processeur et de la RAM, sans oublier le boot / démarrage. C'est succinct, et c'est pensé pour ceux qui sont allergiques au BIOS, ou qui ont peur de faire des réglages foulaires qui entraineraient des instabilités.
Le mode Advanced est, comme son nom l'indique, réservé aux tripoteurs professionnels. Et c'est quand même là que les clients vont passer le plus clair de leur temps. En effet, c'est une carte testiboulée pour eux, pour supporter de gros overclockings, mais qui veulent aussi contrôler tout ce qui est possible. Les points de mesure des tensions sont un exemple des facilités que la carte leur apporte. Sa structure est connue, en format tuiles, et le logo MEG qui trône fièrement au milieu.
SETTING est l'endroit où vous pourrez toucher tout ce qui ne concerne pas la partie Core et Uncore, intégrée au processeur et qui ne concerne que le CPU en lui-même et pas ses interactions avec les bus PCIe, etc. Ainsi vous aurez accès au stockage, à la gestion des périphériques, de l'intégré comme l'iGPU et bien d'autres choses. Mais il y a aussi la partie AMD Overclocking que seuls les vrais bidouilleurs peuvent aller tripoter, ou vous aurez accès aux turbos, aux réglages si fins qu'il serait facile de faire n'importe quoi.
La tuile OC est certainement celle où vous passerez le plus de temps. Pour overclocker, ou sous-volter, c'est là qu'il faudra venir. De même pour appliquer les profils d'overclocking mémoire, les fameux EXPO qui ont amené à la création de l'AGESA 1.0.0.7c, c'est encore dans ce chapitre qu'il va falloir venir. On notera la présence de l'item "Memory Try It!" qui est une super idée que la firme traine depuis des années. En gros, si votre carte mère / processeur a du mal à appliquer les profils EXPO internes, il y a moyen de lui appliquer des abaques directement sans devoir tripoter toutes les latences à la main. C'est assez spécifique de MSI comme option. Avec le dernier BIOS Bêta appliqué, le 1.93 ici, MSI a peaufiné la gestion des profils EXPO, et même des overclockings RAM, ce qui permettrait de combiner cette fois hautes fréquences et latences serrées, c'est le High Efficiency Mode. C'est du MSI, c'est la 3e carte que nous testons, et la philosophie reste la même.
Tous ces réglages dans le BIOS peuvent être réalisés avec Ryzen Master, mais ça a un côté moins permanent, et surtout, ça ne vous absout pas de faire également des âneries : Ryzen Master peut planter lui aussi si vous êtes un peu trop gourmands.
Hardware Monitor vous permettra de régler à votre convenance les ventilateurs qui trouveront place sur l'une des 8 prises fans, ce qui commence à faire pas mal. Vous pourrez appliquer des courbes prédéfinies par MSI en fonction de ce que vous cherchez, silence ou performance. Mais vous pouvez aussi les customiser et les appliquer à une prise ou toutes les prises fans de la carte. Il y a une pour le CPU, deux pour pompes, 5 pour des moulins divers du boitier, c'est complet. Il y a aussi un port en bas de PCB qui est une prise pour contrôler le débit d'eau de votre système de watercooling DIY, nommé Water Flow. C'est classique dans le fonctionnement, mais c'est efficace.
MSI a implémenté un soft, en phase bêta, qui teste l'intégrité de votre SSD NVMe, et cherche d'éventuelles erreurs. L'intérêt est très limité, c'est sûrement pour cela que la chose se présente dans la tuile BETA. Au bout de trois tests, bien que nous l'ayons essayé à chaque fois, son intérêt reste un mystère !
Conclusion !
La carte mère MSI MEG X670E ACE est une carte mère qui ne se destine pas à tout le monde. Les Power Users pourront se jeter dessus pour essayer de tirer le moindre pourcentage de performance de son CPU, de sa RAM, sans risquer d'instabilité au long terme. Pour assurer le steak, MSI a collé un étage d'alimentation solide, et refroidi de manière optimale via l'emploi d'ailettes d'aluminium, d'un caloduc plat et de contreplaque sur le verso. Il y a peu de risque que les VRM à 90A pièce fument. La carte grouille de petits détails intéressants comme le slot pour SSD PCIe 5.0 se retrouve déporté à côté de la RAM, ASUS avait également fait un truc du genre sur certaines de ses cartes mères haut de gamme, dont les TRX40. Son radiateur est efficace, il maintient notre SSD PCIe 4.0 x2 à 37 degrés en charge lourde, il y gagnera quelques degrés dans une tour en profitant directement du souffle des ventilateurs avant. Ses ports PCIe permettront de faire du multiGPU en 2x 8 lignes, tandis que le slot en bas sera parfait pour une carte d'acquisition interne. Pour l'instant, plutôt un sans-faute même si tout le monde n'utilise pas sa carte de la même façon.
Son équipement est aussi dithyrambique, avec profusions de ports USB, de headers internes, le son est assuré par une puce moderne avec amplification, elle n'est pas sacrifiée. Le réseau non plus avec une puce 10 Gbps Marvell (attention lors de l'installation Windows 11, elle n'est pas reconnue, et ça bloquera l'installation). On regrettera pour le prix l'absence d'une seconde prise Ethernet pilotée par une autre puce, afin d'avoir une solution bis en cas de grillage de l'une ou l'autre. Le panneau arrière est complet, et les boutons qui permettent d'interagir avec le BIOS sont là, très pratiques. Même le bouton SMART peut trouver un intérêt pour certains, par exemple lui allouer la fonction Reset, souvent absente des boitiers modernes parce que les constructeurs lui donnent la fonction de gestion du RGB de la tour. Le WiFi est là, pas encore en version 7.
Alors, parfaite cette carte mère ? C'est difficile à dire, ou du moins de la nommer ainsi, parce qu'il y a toujours un truc qui gêne. Cependant, l'effet wow est bel et bien présent, la carte est massive, construite avec soin, tout tombe bien, rien ne bouge, rien ne craque, la plaque au verso rigidifie le PCB, ce qui le protège sur le moyen terme. Elle est destinée réellement aux clockeurs aguerris, et elle sera overkill pour une grosse quantité de personnes. Néanmoins, ceux qui sont plus sages et qui veulent un bel écrin peuvent aussi se tourner vers elle, pourvu que les finances suivent. Et c'est là son seul véritable point d'achoppement, c'est qu'elle coûte un bras et ne sera pas franchement accessible. Elle se destine à un marché de niche, mais elle vous en donnera pour votre argent, il n'y a pas tromperie sur la marchandise. La seule question, malgré tous les points qualitatifs, c'est de savoir si vous voulez/pouvez franchir le pas.
MSI possède à son catalogue deux cartes qui font rêver pour quiconque est un amoureux de la technologie. La MEG X670E ACE est l'une d'elles, il ne lui manque rien qui soit pénalisant après notre analyse. Étage d'alimentation solide et solidement refroidi, technologies modernes, elle est équipée pour l'avenir, et saura satisfaire les overclockeurs les plus aguerris tout en assurant une stabilité optimale. Mais destinée à un marché de niche, autour des 820 €, elle restera pour beaucoup dans le domaine du rêve. Avec elle, nous comprenons les différences qui existent entre des cartes entrée de gamme et haut de gamme. À quand un juste milieu ?
Points vraiment chouettes ! | Points moins chouettes |
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Finition excellentissime | E-ATX pas pour tous les boitiers |
22+2+1 VRAM, parfaite pour durer et être serein pour les prochains CPU | Puce Ethernet pas reconnue lors de l'installation de Windows 10/11, prévoir une connexion autre pour la valider |
Refroidissement des VRM très bien pensé | Prix de dingue ~820€ au moins cher ! |
Un port PCIe 5.0, 3 ports PCIe 4.0 permettant le MultiGPU | |
Ethernet 10 GbE, WiFi 6E + Bluetooth 5.3 | |
Montage SSD facile sans outil pour le slot PCIe 5.0 | |
Espace de 4 slots entre les 2 premiers ports PCIe, idéal pour du multiGPU | |
Partie sonore très soignée de dernière génération avec amplification | |
Bundle excellent |
Merci pour l'analyse, effectivement elle est vraiment testiboullée! Mais effectivement marché de niche.. C'est cher payé, mais quand on veut le must 😎.
Elle n'a rien a envier au RoG pour des records sous azote.
c'est une sacrée carte oui, un truc inatteignable pour beaucoup de gens, mais c'est comme conduire une porsche, on aimerait tous mais on n'a pas les sous pour en avoir une 😁