Analyse • GIGABYTE Z790 AORUS ELITE X WiFi 7

L'arrivée des CPU Intel Core Raptor Lake Refresh de 14e génération n'a pas donné, comme d'habitude lieu au lancement d'un nouveau chipset compagnon. Par contre, ces arrivées coïncident souvent avec un rebond des ventes, c'est pourquoi tous les partenaires d'Intel ont décidé de faire, eux aussi, un refresh de leurs gammes actuelles tout en conservant le Z790 comme porte étendard. GIGABYTE a donc prévu de distinguer sa nouvelle génération de l'ancienne par l'ajout d'un X dans la nomenclature. Cette lettre indique en premier lieu que vous avez affaire à un refresh, et à la présence de WiFi 7 quand il y en a. Mais il y a aussi d'autres améliorations propres aux marques, nous allons donc faire le tour de cette GIGABYTE Z790 Aorus Elite X WIFI 7, voir ce que nous a concocté le taiwanais en guise de nouveautés !

La carte et son PCB

La carte mère arrive dans un carton qui ne renie pas ses origines. Aigle noir AORUS, écritures en orange, le X impliquant la nouveauté est bien là, on sait où on va ! En dessous, le bundle caché par la carte mère est simple : une antenne aimantée unifiée pour le WiFi 7, deux nappes SATA, un pad thermique pour un emplacement SSD, et un adaptateur d'installation rapide des prises boitier (Power, HD LED, Power LED et Reset)un mini guide, et c'est tout.

La carte, au format ATX, arbore un style très plaisant, au premier coup d'œil tout semble en place et bien assemblé, c'est rassurant. L'architecture est classique, les VRM entourent le socket, les 4 slots de DDR5 restent à droite, puis vient le slot M.2 PCIe 4.0 recouvert d'un volumineux radiateur très épais, et le slot PCIe 5.0 x16 pour la carte graphique avec intérieur blanc parce que le blanc c'est la vie ! Ce slot graphique est totalement entouré d'un bouclier métallique, on ne voit pas le vrai port en plastique. Autre détail, le loquet du port PCIe 5.0 est long et il permet de désenclencher une carte graphique sans avoir recours à un tournevis  si d'aventure vos doigts étaient gênés par la proéminence du ventirad CPU. Notez que ces deux ports/slots sont directement câblés sur le CPU. ensuite, on retrouve un gros radiateur, qui surplombe deux ports PCIe x16 visuellement. Ces derniers en réalité consomment 4 lignes PCIe 4.0. Nous reviendrons sur ce que cache ce gros radiateur plus bas.

Enfin, on distingue des prises fan dont 4 en guinguette en bas, et deux en haut jouxtant le CPU, 6 ports SATA 6 Gbps, un header USB 3.2 Gen1 pour USB type-A et un autre USB 3.2 Gen2 type-C, les deux prises CPU 8 pins en haut, c'est assez complet au final pour un usage mainstream. Le PCB est solide, 8 couches qui incorporent 2 onces de cuivre.

Le PCB de la carte est à nu, il est classique et n'a pas de particularité. On reconnait les vis de maintien des radiateurs (VRM et 790), et c'est tout. C'est ce qu'on pourrait se dire, mais il y a cette plaque métallique au niveau du port PCIe qui nous ravit grandement ! Comme décrit plus haut, le port PCIe 5.0 x16 est entièrement protégé dans un cercueil métal, eh bien ce dernier est fixé et renforcé en étant vissé sur cette contreplaque. Enfin un vrai renforcement en cas d'usage de carte graphique lourde, qui ne met pas la carte mère en péril sur le moyen terme. C'est ce que nous appelions de nos vœux dans les tests précédents, où les quelques points de soudure du berceau métallique faisaient vraiment tâche, limite inutiles !

Le slot SSD PCIe 4.0 NVMe qui se situe au-dessus de la carte graphique possède son radiateur épais, mais ce n'est pas là la seule nouveauté. Le montage est entièrement pensé sans outil, on déclipse le radiateur en pressant une languette, et on clipse ensuite le SSD en faisant pivoter un loquet. C'est une bonne chose, car les petites vis qui servent à cet usage précis sont souvent trop petites pour des doigts de mâle alpha, et sont pénibles à enquiller dans leurs orifices, et non il n'y a rien de dégoûtant dans ce que nous venons de dire ! GIGABYTE fournit un pad thermique sur le radiateur, ainsi qu'un autre sur la base du slot M.2, ce dernier peut être remplacé puisqu'il est fourni en bundle comme expliqué plus haut. La conductivité des pads est correcte, à 7W/mK.

Sous le gros radiateur se trouvent en fait 3 slots M.2. Comme celui du dessus, ils offrent chacun 4 lignes PCIe 4.0, en revanche il y en a un seul qui accepte aussi bien les SSD M.2 à la norme NVMe que SATA. Ils sont raccordés au chipset et pas au CPU. La firme a aussi prévu un montage entièrement sans outil, ça facilite grandement le montage : un seul loquet à défaire, et vous pouvez enlever le radiateur juste encastré dans deux plots vissés fixes. Ensuite, chaque SSD bénéficie de son loquet, ainsi que d'un pad thermique identique à celui utilisé sur le premier SSD relié eu CPU (le plus haut), on enclenche, on pivote, et le tour est joué. C'est simple même s'il faut rester précautionneux et ne pas forcer comme un dingo, ce qui n'est jamais bon signe en informatique et est précurseur d'une catastrophe à venir !

Nous revenons au radiateur en charge des VRM. il est en deux pièces, unies par un gros caloduc de 8 mm de diamètre. Point d'ailettes d'aluminium, mais deux blocs d'aluminium taillés d'un bloc. Le plus gros possède même une excroissance qui vient chapeauter le panneau arrière des connectiques, venant augmenter encore plus la surface d'échange. Nous verrons plus bas quel est le résultat en matière de refroidissement sur les VRM et d'autres mesures faites après la description de ces VRM justement.

Les voilà, les fameux VRM. GIGABYTE utilise un contrôleur Renesas / Intersil RAA229130, il fait fonctionner ses phases en parallèle sans doubleur, leur configuration est en 8+8. Il y a donc 16 phases pour le CPU, chargées de transformer le courant +12V en courant utilisable pour le CPU. Elles sont aussi d'origine Renesas, marquées ISL99390 et affichant 90A pièce. Il y a ensuite 2 VRM venant de chez Onsemi marquées NCP303160, 60A pièce et qui servent à alimenter les ports PCIe, le contrôleur mémoire, etc. Enfin, il y a une phase dédiée au GPU intégré, offrant 60A également, venant de Renesas et marquée ISL99360. Le tour est fait, on continue !

Le panneau arrière est sympa et assez complet, on retrouve à peu près tout ce qu'on attend d'un milieu de gamme. Il y a 4 ports USB 2.0, puis les deux connectiques pour l'unique antenne WiFi7, puis deux ports USB 3.2 Gen2 en rouge Type-A. Viennent ensuite les sorties vidéo DP 1.2 et HDMI 2.0 qui sont compatibles avec la norme HDCP 2.3. On distingue par la suite 3 USB 3.2 Gen 1 Type-A en bleu, et l'unique port USB 3.02 Gen2 Type-C. Les 3 sorties audio sont gérées par une puce Realtek ALC1220, tandis que le réseau Ethernet 2.5 GbE vient d'une puce Intel

Il existe deux révisions de cette carte mère. La version 1.0, celle que nous testons ce jour, est équipée avec une puce WiFi 7 Mediatek MT7927, tandis que la révision 1.1 bascule sur une puce Intel BE200. Si vous vous souvenez de ce billet, David et Matthieu vous alertaient sur la puce Intel BE202, qui était en fait une puce dont les specs étaient proches du WiFi 6E. Pas de panique donc, GIGABYTE a donc bien choisi les bonnes puces WiFi 7 pour ses deux révisions, l'Intel BE200 étant une bonne puce au contraire de la BE202 à fuir !

Les mesures des températures des VRM !

Nous avons ajouté désormais ce chapitre, qui va nous permettre de voir rapidement, s'il y a des anomalies relevées dans les températures, qui seraient signe d'une mauvaise conception des radiateurs, ou un défaut de montage qui pourrait les expliquer. Nous avons pris notre 13900K, et nous l'avons fait bosser en charge sur tous les cœurs, ce qui forcément demande un max de puissance aux VRM. Le test portait sur 30 minutes de Cinebench 2024, le monitoring a été fait avec HWInfo 7.64. Le tout dans une pièce tenue à 22 °C. Voilà ce qu'il en ressort !

Eh bien les résultats sur les VRM sont assez bons. En effet, hormis le souffle du ventilateur CPU, il n'y a rien d'autre, puisque c'est une table de bench ouverte qui fait office de boitier. 55 degrés, ça reste tout à fait maitrisable et sans danger pour l'intégrité physique de la carte mère sur le long terme, ces puces étant prévues pour fonctionner jusqu'à 260 degrés MoistureSensitivityLevel (c'est à dire dans des conditions de température où l'humidité contenue dans les puces lors de la fabrication est vaporisée par la chaleur et les casse).

Le BIOS / UEFI

Depuis quelques semaines, GIGABYTE a opéré une refonte graphique de ses BIOS. C'était déjà le cas avec les cartes mères Z790 de première génération, aucune raison pour que celle-ci y échappe. Adios le noir et le jaune, bienvenue au noir et blanc, avec des items surlignés en orange et des frises bleues/violettes. La philosophie reste la même entre toutes les cartes : il y a un BIOS Easy, pour ceux qui ne veulent pas trop mettre les mains dans des items qui font plus peur qu'autre chose, et le BIOS Advanced pour ceux qui n'ont peur de rien ! Le BIOS Easy est une réussite. Il est simple et en même temps un peu plus complet que d'ordinaire. C'est à dire qu'on y trouve les fonctions de base (séquence boot, mode XMP/EXPO de la DDR5, etc), mais on y trouve aussi de quoi tweaker en douceur et sans effort son CPU. On peut décider quelle configuration lui donner dans le répertoire PerfDrive (6 GHz, Coeurs E désactivés, etc). De même, on peut agrémenter les performances de votre RAM en choisissant les technos d'augmentation de bande passante ou de réduction de la latence, tout ça en activant un simple bouton à l'aide de la souris. On peut également activer le Resize BAR, ou accéder au gestionnaire des prises fan, comme vous le voyez, c'est assez complet tout en étant simple, le pari est réussi puisque ce BIOS fait son travail.

Le mode Advanced est, comme son nom l'indique, réservé aux tripoteurs professionnels. C'est ici que les plus avertis d'entre vous viendront peaufiner les détails concernant votre overclocking par exemple. Ce mode Advanced se décompose en 6 onglets ayant chacun une fonction précise, ou plutôt des options regroupées par thèmes. Tweaker vous permet de toucher CPU et RAM, ainsi que les tensions, les fréquences, incluant même le réglage fin des coeurs P et E que vous voudriez désactiver. Ce n'est pas tout, vous pourrez régler l'enveloppe de consommation que vous allouez au CPU, ce que vous connaissiez sous les noms de PL1, PL2 et TAU. Depuis Alder Lake, Intel nomme son PL1 Processor Base Power et son PL2 Maximum Turbo Power.

SETTING est l'endroit où vous pourrez toucher tout ce qui ne concerne pas la partie Core et Uncore, intégrée au processeur et qui ne concerne que le CPU en lui-même et pas ses interactions avec les bus PCIe, etc. Ainsi vous aurez accès au stockage NVMe et SATA, à la gestion des périphériques, de l'intégré comme l'iGPU et bien d'autres choses comme le Resize BAR. Par contre GIGABYTE, à l'instar de ses concurrents, continue de forcer par défaut via le BIOS l'installation de son utilitaire GIGABYTE UTILITIES. C'est assez pénible puisque c'est dispensable. Une fois sur le bureau Windows, un pop-up vous rappellera votre choix, vous pourrez soit désactiver cette option dans le BIOS, soit cliquer sur le pop-up en demandant de ne plus être averti. Cela s'apparente à du SPAM tellement c'est forcé.

System Info vous permet de régler l'heure du BIOS, et vous donne quelques infos sur le BIOS installé, la référence du CPU, quelques températures, c'est un onglet purement consultatif au contraire des autres qui ont une fonction associée.

Smart Fan 6 ne se cache pas dans un onglet, mais derrière un raccourci clavier F6. Ce menu vous permet de régler la courbe de ventilation de chaque prise ventilateur, ou d'appliquer un preset déja défini par GIGABYTE qui s'imposera au moulin connecté sur la prise en question. Vous pourrez également sauvegarder votre profil créé dans le BIOS ou sur un dédé, et l'appliquer à plusieurs (ou tous) connecteurs fan. C'est assez complet et simple.

Voilà ce que nous pouvions vous dire pour vous présenter le BIOS. Il n'y a pas de révolution, ça reste dans le domaine du connu et de l'éprouvé, et c'est assez intuitif, surtout le BIOS Easy qui est la réussite de cette révision.

Conclusion !

La carte mère GIGABYTE Z790 Aorus Elite X WiFi7 est une carte 4x4. Elle est équipée en tout et sans être surchargée comme les cartes haut de gamme, elle fait le job. Son étage d'alimentation est correct et bien refroidi comme en attestent nos mesures, il aurait mérité peut-être de ne pas fonctionner parallèle sans doublage et d'utiliser un contrôleur gérant assez de phases à lui tout seul en ligne directe. La finition est propre, l'usage des LED est parcimonieux, sous le radiateur du Z790, elle possède assez de pots USB 3.x, son réseau Ethernet est à la norme actuelle, soit 2.5 GbE suffisant pour bien des usages dont la fibre, la présence du WiFi 7 est un plus pour l'évolutivité (si vous vous retrouvez dans un endroit où seul le WiFi passe), il n'y a pas de reproches apparents à faire pour cette gamme milieu de catalogue, ce qui ne signifie pas qu'il n'y en aura pas !

GIGABYTE a repris ses bonnes idées disséminées avec timidité sur ses anciennes séries Z790, dont la Z790 Aorus Elite AX qui est sa prédécesseure. On citera le loquet du port PCIe plus long pour faciliter la sortie de la carte graphique, ou le montage sans outil du SSD sur son slot. Mais il en a ajouté et amélioré d'autres. Si le montage des SSD est sans outil, le démontage des radiateurs qui se chargent de les refroidir devient lui aussi sans vis ni outil. C'est encore plus simple et élimine toutes les vis, d'où leur absence dans le bundle. Autre point, pour nous le plus intéressant et le plus sécurisant, c'est un vrai renforcement du slot PCIe 5.0 x16 qui peut accueillir désormais des cartes graphiques lourdes sans mettre en danger l'intégrité physique de la carte sur le moyen/long terme. C'est bien plus solide que les 4 ou 6 points de soudure d'un berceau métallique et nous nous demandons encore pourquoi personne n'y a pas pensé avant ?

Le lifting du BIOS est sympathique et moins austère que la lignée précédente, le BIOS Easy est presque parfait dans sa fonction de simplification des outils de gestion de la carte. Mais est ce que tout est bon ? Eh bien cette carte mère remplace la Z790 Aorus Elite AX. Elle le fait avantageusement sur l'aspect technique. En revanche, et c'est là où ça fait mal, c'est qu'elle se retrouve 100 € plus chère, 280 vs 380 €. Certes l'adjonction d'une puce WiFi 7 a un coût qu'il nous est difficile d'estimer malgré un volume produit probablement énorme, les quelques ajouts et améliorations décrits au-dessus n'expliquent pas les 100 € de différence. C'est qu'à ce prix, on glisse sur un autre segment où les cartes mères n'ont pas de phases fonctionnant en parallèle. La carte du jour serait quasiment parfaite en midrange à 300€ globalement, mais à 380€ au moins cher, c'est plus pareil. La seule question, malgré tous les points qualitatifs présentés, c'est de savoir si vous voulez/pouvez franchir le pas. Et cette question est d'autant plus légitime que plus rien n'arrivera en LGA1700, le LGA1851 va lui laisser encore 1 an de répit avant de l'enterrer. Ce socket à la mort programmée et datée mérite-t-il que vous investissiez autant d'argent si vous n'êtes pas dans un cadre d'urgence d'achat ?

La GIGABYTE Z790 Aorus Elite X WiFi 7 a indéniablement des atouts dans sa manche. Étage d'alimentation correctement calibré et bien refroidi, WiFi 7, slot PCIe 5.0 x16 franchement renforcé pour résister aux cartes lourdes du marché, montage sans outil de tous les SSD, look plutôt réussi mélangeant sobriété et design moderne des radiateurs, agrémenté de 4 LED uniquement. Elle aurait pu être un achat évident pour quiconque veut une carte solide et faite pour durer, puisqu'elle est complète en technologies modernes/récentes. Mais il y a deux mais que chacun jugera avec son libre arbitre, dont un qui est le choix de GIGABYTE. Le premier, c'est que le LGA1700 est en fin de vie malgré l'arrivée plus tôt dans la journée des CPU Raptor Lake Refresh, et donc à part un 14900K, vous ne pourrez plus évoluer même si ça vous laissera du temps avant d'être obsolète. Le second, c'est que le constructeur réclame 100 € de plus par rapport à la carte que cette Z790 Aorus Elite X WiFi 7 remplace. Cela n'en fait pas une mauvaise carte, loin de là, elle conserve ses atouts, mais c'est cher !