Bien que votre cher média se consacre principalement au hardware, le bon, le vrai, qui sent la sueur et les larmes de ne pas avoir mis la backplate, en envoyant un de nos émissaires à la Gamescom, il fallait bien s’attendre à un minimum de jeu vidéo, non ? C’est ainsi que, au détour d’un couloir et dans une pièce bien surveillée, nous avons pu faire la découverte d’Enshrouded, un titre mêlant survie, bac à sable et light RPG aussi intriguant que… difficile à prononcer.
Une histoire classique
Développé par les Allemands de Keen Games, connus pour le tout aussi sympathique Portal Knight (2017) ; Enshrouded — titre dont la traduction signifie littéralement « Enveloppé » — est un jeu d’aventure surfant sur l’héritage de Minecraft et Valheim (la culture nordique en moins) tout en tirant du côté du jeu de rôle, sans pour autant développer extensivement sa narration. Le scénario est relativement basique, mais efficace : vous êtes un des derniers survivants d’un monde médiéval fantastique dans lequel le Shroud, une substance mortelle mystique, a été libérée des entrailles de la Terre et a fait le ménage. Tout juste sortie de votre pod de survie, une flamme guide votre progression au moyen de diverses quêtes et courts dialogues, vous forçant à explorer des paysages tantôt intacts, tantôt remplis de cette substance toxique. Toute expédition en leur sein vous rendra « enshrouded » et assortira votre écran de jeu d’un minuteur menant à votre perte si jamais ce dernier arrivait à son terme : à vous de faire bon usage de ce temps pour suivre sentiers et autres quêtes données par les quelques personnages que vous sauverez au gré de l’aventure.
Pas facile de prendre des photos d'un écran... toute la rédaction s'excuse !
Si Enshrouded est prévu pour être plaisant en solo, un mode multijoueur coopératif jusque 16 joueurs est également présent, soit via un serveur dédié, soit en invitant des amis sur votre version du monde. Si la difficulté augmente alors légèrement en fonction du nombre de joueurs à proximité, sachez qu’il est toujours bénéfique d’avoir un ou plusieurs compagnons avec vous… Pas sûr que cela soit cependant suffisant pour convaincre votre entourage IRL de vous rejoindre en cas de boss coriace !
De voxels, de la survie et du RPG
À cette intrigue légère — il n’est pas question de traverser d’énormes villes ni de se perdre en background, les indices de l’ancien monde étant légers et disséminés aux quatre coins de la map — Enshrouded rajoute deux éléments de gameplay principaux. D’une part, la construction et l’aménagement : le monde est intégralement composé de voxels cubiques de 50 cm de côté : comprenez ainsi que tout est destructible et modulable à souhait, si tant est que vous ayez les ressources et le temps nécessaires pour transformer le paysage à votre guise. Ainsi, nous retrouvons tout l’aspect créatif des bacs à sable type Minecraft, épaulés par la présence de blueprints, structures prédéfinies par les développeurs pour vous aider à placer des maisons grossières sans que cela ne ressemble à un bunker. Bien que fixé à l’avance pour le moment, ce mécanisme sera amené à évoluer en fonction des retours des utilisateurs (voire des mods) pour fournir toujours plus de contenu.
Derrière le visuel léché, chaque bloc possède une « jauge de destruction » quantifiant l’état du bloc. À zéro, le bloc est détruit, classique. Mais cette jauge permet de gérer l’affichage du terrain tout en assurant une continuité avec les blocs adjacents. Ainsi, la pioche creusant en sphère offre un vrai rendu de sphère dans un monde pourtant peuplé de cubes… De quoi résoudre un des principaux points noirs de Minecraft du point de vue graphique, et offrir une alternative moins anguleuse que Valheim.
De plus, le côté survival light, également inspiré de Valheim, n'est pas en reste. Le jeu vous proposera ainsi des mécaniques allant de la prise en compte de la nourriture et de repos à la récompense des constructions via une jauge de confort présente pour votre avatar, mais aussi pour les PNJ secourus - que vous placerez où bon vous semble dans le camp que vous serez amené à construire. Pour parler en termes un peu moins abstraits, le gameplay encouragera la chasse, la culture et la cuisine (la faim ne pouvant toutefois pas vous tuer) afin d'alterner les phases de gestion et les phases d'action tout au long de votre aventure.
Bien que le territoire soit complètement personnalisable, les zones enshrouded le resteront à jamais… à vous de monter en niveau pour gagner en résistance et en force. Car, au-delà de l’aspect gestion et jeu de survie se cache la seconde composante du titre : le light RPG. Votre personnage possède donc un niveau, de l’équipement (également sujet au leveling) qu’il est possible d’améliorer, ainsi que des compétences à choisir dans un arbre bien trop fourni pour espérer le compléter sur un unique personnage. La "faute" incombant à une limite de niveau pas encore fixée à l'heure actuelle, phase de développement excusant, mais entre 20 et 25 selon les développeurs. De ce fait, il vous faudra choisir un build pour votre avatar l'orientant vers un rôle typé guerrier, mage, ranger ou encore tank, à moins que vous ne préfériez mixer à votre guise pour obtenir le personnage ultime — toutes les possibilités de l'arbre n’ayant pas été détaillées au moment où nous rédigeons ces lignes. Une sacrée inspiration du côté des jeux de rôle sur table, reste à voir une fois le titre ce qu'il en est au niveau de l'équilibrage de ces non-classes, et des possibilités de combos en multijoueur.
Un monde… de RPG ?
Tout comme le récent Starfield, Enshrouded se base sur un monde identique pour tous les joueurs et initialement généré procéduralement, puis enrichi par les développeurs de chemins, donjons, ennemis, boss et autres joyeusetés faisant le pain blanc habituel des RPG. Cependant, jeu indé obligeant, il n’est pas question ici de mille planètes, mais d’une unique carte aux frontières bien délimitées, suffisante pour contenir la soupe vidéoludique classique (crevasses, forêts, montagnes, etc). Pour s’y balader, une wingsuit vous permettra de planer et plonger afin d’évoluer rapidement dans les décors, sans pour autant offrir de possibilité d’accélération en vol (comme le ferait un triple A superhéroïque par exemple).
Comme tout RPG qui se respecte, certaines zones seront restreintes aux aventuriers de haut niveau, signalées par différents artifices : monstres plus puissants, couleur du Shroud différente indiquant une durée de survie réduite ; et des caches secrètes et autres cavernes jonchent le monde afin d’offrir un minimum de renouvellement dans la boucle de gameplay, et récompenser l’exploration. Étant donné la durée limitée de notre démo, il nous a été impossible de juger cet aspect-là du jeu.
Performances et date de sortie
Au niveau des performances, difficile (voire impossible) de juger correctement vu les conditions de notre essai : à peine une heure de jeu en 1080p sans que nous ayons la possibilité de détailler la configuration sur une version bêta... C'est bien peu. Bien qu’aucun souci de lag ou autre crash ne se soit pointé à l’horizon, le titre souffrait de quelques soucis de chargement de textures et de rendu des ombres : rien de bien surprenant pour un jeu encore en développement. En effet, l’optimisation ne s’effectue qu’une fois le jeu terminé dans un but d’optimisation des ressources — rien ne sert par exemple de s’assurer qu’un boss ne fait pas ramer le jeu s’il risque de ne pas se retrouver dans le produit fini. À voir donc à la sortie du bousin si le moteur maison, baptisé Holistic, fait souffrir ou non les configurations des joueurs. Au vu des graphismes et de la proposition générale d’Enshrouded, cela serait surprenant ! Et pour ce qui est des upscalings, la chose est simple : un FSR 2 d'ores et déjà présent, et un DLSS en développement mais encore non finalisé, tout comme le XeSS.
Du RT dans Enshrouded ?
Alors que la situation est claire côté mise à l'échelle de l'image, le lancer de rayon est plus houleux. Alors que notre démo s'est effectuée avec un rendu hybride utilisant le RT pour l'illumination globale, les techniques classiques de rastérisation ont été à l’œuvre pour les ombres portées issues de lumières ponctuelles. Selon le niveau graphique obtenu et ses performances, il est possible que les développeurs s'arrêtent là (le moteur étant maison et basé sur Vulkan, cela se justifierait pour un titre indé, rappelons-le) ; cependant le plan initial consiste à proposer un rendu complet en RTX (ombre, illumination globale et réflexion) dans la première version jouable par le grand public. Cette direction a en outre l'avantage de s'adapter naturellement à un monde en voxels dans lequel le précalcul de lumière est difficilement utilisable.
Quant à la date de sortie, justement, elle aussi s’est perdue dans le Shroud : aucune information n’est à se mettre sous la dent de ce côté. Sachez toutefois qu’une bêta fermée de quelques jours avait eu lieu en juillet, et que les développeurs nous ont donné rendez-vous au Steam Next Fest pour davantage de nouveautés. De plus, un early access pour PC est prévu pour les plus impatients (le jeu supportant pleinement les manettes, déduisez-en ce que vous voulez pour une version console...), le studio comptant sur sa réputation pour garantir la sortie d’un jeu aux finitions irréprochables. Vivement octobre !
Monde procédurale, survie, caverne, donjon, rpg, un lore médieval*, en coop, j'en attends beaucoup (on adore dans mon entourage), mais je me mets une réserve par peur d'être déçu, on verra au moment de la sortie, mais en tout cas il me botte bien.
Et merci encore pour ton feed 'Doc, j'aurais tellement aimé y être..
Alors attention, c'est pas procédurale. La map a été initialement faite en procédurale, mais a été énormément retravaillée par les designers pour avoir des éléments guidant le gameplay :-)
(Et de rien pour la présentation gamescom, ça aurait été un plaisir de t'y voir !)
Pas de panique, je ne suis pas si laid que ça en vrai :P