Il y a un an, les États-Unis avait mis en place de nouvelles restrictions commerciales beaucoup plus strictes et qui aillaient notamment empêcher - en les obligeants à devoir prendre une licence soumise à accord et à appréciation du gouvernement - les constructeurs américains de vendre leurs créations hardware les plus pointues à des acteurs chinois afin de bloquer le pays de Xi Jinping dans ses avancées avec les dernières technologies. Pour NVIDIA, cela s'est traduit par l'impossibilité prochaine (à partir de septembre) d'y vendre ses A100 et H100, ses accélérateurs les plus modernes, actuellement très fortement plébiscités (la liste d'attente est désormais longue), particulièrement pour l'intelligence artificielle.
Forcément, c'était une mauvaise nouvelle pour NVIDIA face à ce qui représente pour lui une grosse aubaine dans un contexte de marché du GPU autrement très au ralenti. De ce fait, il n'aura pas fallu attendre longtemps pour voir le constructeur proposer des versions de ses accélérateurs adaptées au marché chinois et tombant pile-poil sous les limites définies à ce moment-là par gouvernement US : d'abord une A800, variante de la A100, puis une H800, variante de la H100. Et, ça marche, puisque la Chine continue à engouffrer du GPU HPC comme jamais (certes, sans les sanctions, le marché serait certainement encore plus volumineux).
Mais, une nouvelle ombre se profile à l'horizon ! Il fallait s'y attendre. Vous pensez bien que la stratégie de contournement de NVIDIA n'a pas dû passer inaperçue et n'a pas spécialement dû plaire à la Maison Blanche, surtout depuis que le constructeur a annoncé vouloir proposer une déclinaison de Hopper, sa puce la plus avancée, en Chine. À ce jeu du chat et de la souris, c'est forcément le gouvernement qui a le plus de chance d'avoir le dernier mot et justement, l'information circule que ce dernier pourrait dès le mois prochain déjà publier de nouvelles directives. Celles-ci pourraient notamment étendre l'obligation d'obtenir d'une licence d'exportation aux nouvelles solutions des fabricants. Autrement dit, les A800 et H800 de NVIDIA pourraient en fin de compte déjà se retrouver bloquées, de même que les différentes variantes de l'Instinct MI300 chez AMD.
Bon, on imagine que les acteurs concernés vont encore chercher à négocier quelques concessions auprès du gouvernement, tel qu'une nouvelle période de grâce, histoire de poursuivre leurs affaires comme si de rien n'était pendant un temps. De ce fait, les perspectives de NVIDIA en particulier pour l'année 2023 n'en seront probablement pas affectées dans l'immédiat, ce qui est d'ailleurs l'avis aussi de Collette Kress (directrice financière/CFO de NVIDIA), partagé lors d'une conférence hier soir. Toutefois, elle a aussi fait part de sa déception vis-à-vis des nouvelles restrictions et de leur nature préjudiciable, selon elle, pour l'ensemble de l'industrie américaine... (Source : WSJ, Computerbase)
Nous sommes conscients des rapports selon lesquels le Département du Commerce des États-Unis envisage d'imposer de nouvelles restrictions qui pourraient restreindre les exportations de nos produits A800 et H800 vers la Chine. Étant donné la force de la demande pour nos produits dans le monde entier, nous ne prévoyons pas que de telles restrictions supplémentaires, si adoptées, aient un impact immédiat et matériel sur nos résultats financiers.
À long terme, les restrictions interdisant la vente de nos GPU de centres de données à la Chine, si elles sont mises en œuvre, entraîneraient une perte permanente d'opportunités pour l'industrie américaine de concourir et de diriger l'un des plus grands marchés mondiaux, ainsi qu'un impact sur notre activité future et nos résultats financiers.