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L'ARCOM incite à la sobriété énergétique les différents services de streaming, de télévision et de VOD. Attention : foire aux acronymes !

L'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM ; fusion du Conseil supérieur de l'audiovisuel ou CSA et de la Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet ou HADOPI), qui devrait voir ses pouvoirs démultipliés très bientôt par la loi SREN (retrouvez notre analyse), vient de publier sa recommandation 2023-02 relative à l'information du consommateur de contenus audiovisuels — qui incluent les chaînes de télévisions, services de vidéo à la demande (VOD) et services de streaming — sur leur consommation d'énergie et leur équivalent d'émissions de gaz à effet de serre.

En collaboration avec l'Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (ARCEP) et l'Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), cette recommandation se conforme à l'article L. 38-6 du Code des postes et communications électroniques, créé par l'article 26 de la loi du 15 novembre 2021 visant à réduire l'empreinte environnementale du numérique en France. Cet article indique :

Le Conseil supérieur de l'audiovisuel, en lien avec l'Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse et l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, publie une recommandation quant à l'information des consommateurs par les services de télévision, les services de médias audiovisuels à la demande et les services de plateforme de partage de vidéos [...] en matière de consommation d'énergie et d'équivalents d'émissions de gaz à effet de serre de la consommation de données liée à l'utilisation de ces services, en tenant compte notamment des modalités d'accès à ces contenus et de la qualité de leur affichage.

La recommandation s'articule autour de 4 axes principaux :

  • La mise à disposition du public d'informations sur l'impact environnemental de leur consommation de contenus audiovisuels et la création d'une campagne de communication commune ;
  • L'accès aux réglages de qualité de l'image et aux paramètres d'une utilisation sobre en énergie ;
  • La mise en place d'une méthodologie commune de calcul de l'impact environnemental des usages audiovisuels ;
  • La transmission annuelle à l'ARCOM d'un bilan d'application chiffré des efforts mis en œuvre par les plateformes.

Si elle porte nom "recommandation", c'est parce que la plupart des mesures ne sont qu'incitatives. À l'exception de la dernière (le bilan annuel), il ne sera pas possible de contraindre les diffuseurs à les respecter, quoiqu'ils puissent tirer quelque prestige à se montrer bons élèves, un peu comme le principe du NutriScore.

En vrac, il est possible de retenir une incitation des usagers à éteindre leurs terminaux lorsqu'ils ne sont pas utilisés, à utiliser le réseau fixe (ADSL / Fibre) plutôt que mobile (4G / 5G) et la mise à disposition en un ou deux clics d'un ensemble de réglages moins énergivores (qualité de l'image réduite, lecture automatique de vidéos désactivée, etc.).

Reste désormais à l'usage de nous montrer si cette recommandation — qui aura tout de même pris presque deux ans depuis la promulgation de la loi — produit des effets concrets ou s'il ne s'agit finalement que d'un coup de com' :

Tout ce qui peut faciliter l'information d'un consommateur ou d'un citoyen est toujours bon à prendre mais, sans contrainte juridique, il n'est pas dit que les plateformes soient nombreuses à jouer le jeu.

Source : JORF du 13 septembre 2023

Vaark


      • C'est très discutable, comme assertion.

        Depuis des décennies, la plupart des gens ferment le robinet d'eau pendant qu'ils se brossent les dents, ou éteignent la lumière lorsqu'ils ne sont plus dans une pièce, et ce n'est pas pour des raisons économiques par rapport au prix de la ressource ou parce qu'ils avaient une conscience écolo, mais simplement pour éviter le gaspillage. Dans l'absolu, si les gens sont informés de l'impact de leur consommation et si la manip' est accessible, il est possible qu'ils choisissent de réduire d'eux-même l'impact (en fonction des usages, de la taille de l'écran, de s'ils sont devant ou font un truc à côté...). À encore plus forte raison si les gamins apprennent à l'école les bonnes pratiques pour éviter les consommations disproportionnées et qu'ils font la morale à leurs géniteurs, par exemple.

        Dans la recommandation il est question de pouvoir, en un ou deux clics, basculer sur un profil de sobriété énergétique, qui concernerait la qualité de la vidéo mais aussi la lecture automatique, etc.

        L'ARCOM aurait tout aussi bien pu interdire les flux de plus de X pixels en X bits, ils ne font rien de tel.

        • ils ne font des recommandation que du coté du consommateurs et non du producteur de contenue je trouve ça dommage

          apres oui celui qui veut réduire autant qu'il le fasse 

        • "Depuis des décennies, la plupart des gens ferment le robinet d'eau pendant qu'ils se brossent les dents"

          Faut arrêter avec cette légende urbaine : Il n'y a jamais eu besoin d'eau pour se brosser les dents, donc pas besoin d'ouvrir le robinet, donc pas besoin de le fermer non plus

        • Un truc intéressant à noter, c'est la dimension culturel dans ce que tu soulignes avec justesse. Au Québec- ou bibi réside en ce moment - l'économie d'électricité et le fait de la ménager au quotidien commence à émerger dans le débat public, alors que ça n'était absolument pas le cas jusqu'à ces dernières années, pour simplifier tout le monde partait de chez soi en laissant la lumière allumée et ça ne posait problème à personne. Comme l'infrastructure arrive à saturation en terme de production, il y a en ce moment d'importantes campagnes publiques pour sensibiliser la population à une meilleure gestion de l'énergie, mais je pense que c'est clairement dû au coût associé à la ressource, qui était vécu comme négligeable jusqu'à ces dernières années.

  • @lulu_nico : pour trop de monde, la vidéo n'est même pas regardée... Ceux qui mettent de la musique avec des clips YouTube, ceux qui mettent des reportages ou du gameplay twitch en fond pendant qu'ils travaillent. Cette surconsommation mériterai grandement du 720p.

  • Alors tout d'abord, merci pour cet article @Adrien (ou Vaark, à l'époque où je te voyais sur le comptoir), car il vulgarise de manière simple et efficace une chose qui ne l'est pas.

    On a eu cette semaine au laboratoire les mêmes réflexions à apporter - et des recommandations, pas d'obligations aussi - à propos de l'évolution de l'emprunte carbone du domaine de la recherche, notamment en informatique. Dans ce communiqué, même si des bonnes choses sont évoquées, j'aimerai pouvoir soulever quelques points sur ce qui est actuellement en réflexion dans le merveilleux monde de l'informatique : 

    • En vrai, bonne idée de faire réfléchir sur l'utilisation des réseaux mobiles - et autres technologies de transmissions sans-fil - car ils sont ce qui est de plus énergivore actuellement. Il serait bien de mieux informer les gens à ce sujet, sensibiliser à utiliser un mix plus intelligent (l'internet fixe le plus souvent que possible à la maison, et limiter les gros flux de données)
    • Faire gaffe à la fausse bonne idée de faire investir les utilisateurs dans du matériel toujours plus performants, parce que on vous dit par discours marketing que c'est bien pour la planètes d'acheter la dernières CG/CPU/mobale... sous prétexte que ça consomme moins. Le plus gros de la consommation et de la pollution dans l'informatique, c'est la production et le recyclage du matos, ce qui ne dénigre pas le point d'avant pour autant.
    • Enfin il y a un manque conséquent d'information orientée pour le grand public à ce sujet, et on va préférer dire qu'il faut tacler les grandes sociétés avant de se poser des questions en tant que consommateur. Mettre en place une bonne campagne d'informations, mettre en comparaison l'impact de notre utilisation des technologies et pas juste le souci de consommation électrique (production, consumérisme, difficultés au recyclage). Cette année, les formations du supérieurs ont un module de 3e année pour commencer à sensibiliser les futurs techniciens/ingénieurs pour le numérique, mais est-ce que ce sera suffisant ?

    Voilà mes ajouts, si cela t'intéresse, je peux voir si je peux mettre ici certains documents/sources, il faut quand même que je demande la permission avant, mais il y a de quoi se poser quelques bonnes questions sur l'environnement et le numérique

    • Hey ! Merci pour le compliment. Je suis toujours preneur de documents si tu as des ressources intéressantes à proposer.

      Pour la question de l'information des usagers, j'imagine que sur les formations du supérieur pour sensibiliser les futurs ingés et techos, tu fais référence à Pix, qui se généralise de plus en plus, dès la classe de 5ème ?

      C'est intéressant comme outil (tout le monde peut s'y essayer et je vous invite à y jeter un œil) car il permet de délivrer une évaluation des connaissances et compétences numériques sur une foule de sujets en donnant, pour chaque item, un niveau (de 1 à 7 actuellement, le 8è est en cours de finalisation). Il est, en tout cas, loin d'être réservé aux étudiants de 3ème année car, dans la fac de droit et sciences politiques (qui a donc fort peu à voir avec la tech') que je fréquente, un niveau de 5 (40 à 50 "pix") pour l'ensemble des items est attendu dès la deuxième année donc il y a fort à parier que les gens vont finir par acquérir des connaissances sur le domaine, notamment en hygiène informatique.

      Plusieurs modules traitent de consommation énergétique et d'écologie et le fait que 70% de l'empreinte carbone (source : Sénat, via l'ARCEP) provienne de la fabrication/livraison des terminaux y est bien mis en avant.

      • Pix est en effet un excellent outil, mais non, il s'agit carrément d'un module complet, soit un cours sur plusieurs heures durant un semestre, qui a pour but de sensibiliser et de donner le bagage nécessaire pour comprendre les enjeux. C'est une première expérimentation, donc pour l'instant il n'y a pas de programme fixe (donc il y aura une variabilité), toutefois cela tournera probablement autour de thématique comme :

        • qu'est ce que la consommation énergétique et quels sont ses impacts
        • l'importance des optimisations de codes (compatibilité avec les machines, coût en énergie, étude des besoins...)
        • sensibilisation aux process de fabrication, de distribution et de recyclage des terminaux
        • sensibilisation aux impacts des réseaux (mobiles, fixes, WAN, LAN...)

        Et probablement d'autres thématiques, à voir sur le long terme. A savoir, certaines universités imposent aussi des cours d'éthique de la science à partir du niveau master, où certains points lié à cette thématique sont parfois abordés. Certains vont trouver ça idéaliste, mais former une génération de scientifiques et d'ingénieurs qui comprennent meiux les enjeux de leur travaux, c'est peut être une des pistes pour améliorer les choses.

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