Jensen Huang Nvidia Ces 2025 Shield

Inquisiteurs, les USA considèrent leur riposte au coup d'éclat de l'IA chinoise.

Encensée comme alternative à bas coût aux modèles de raisonnement d’OpenAI, de Google ou encore de Meta, DeepSeek a indéniablement fait des vagues. Sur l’App Store d’Apple où l’IA chinoise est devenue l’application la plus téléchargée, mais aussi en bourse où elle a contribué à un effacement de 1 000 milliards de dollars des actions technologiques américaines, dont celle de NVIDIA, qui avait ponctuellement chuté de 17 %. La nature open source et l'accessibilité des solutions de DeepSeek en a également chiffonné plus d’un.
En somme, elle a causé un p’tit trou dans la bulle américaine du marché (surcoté ?) de l’IA et beaucoup paraissaient avoir été pris par surprise. Et vous vous en doutez bien, tous ces développements ont soulevé beaucoup de questions dans les hautes sphères américaines, craignant une concurrence déloyale de la Chine, ou que les USA se fassent rattraper dans le domaine de l’IA, ou face à l’hypothèse que la Chine ait pu mettre la main sur du matériel restreint. Au passage, l'attention s'est portée aussi sur la consommation de ChatGPT en particulier, alors que DeepSeek serait bien moins énergivore. 

DeepSeek a précisé que 2048 H800 ont été utilisés pour entrainer le modèle V3 en seulement 2,8 millions d’heures de GPU avec 671 milliards de paramètres. Des GPU Ascend-910C de chez Huawei auraient aussi été exploités. Mais il n’a pas clairement été indiqué le matériel utilisé pour son modèle R1, une dérivée plus avancée de V3 et qui arriverait à rivaliser avec GPT-4o d’OpenAI, tout en nécessitant moins de ressources. Par conséquent, l’hypothèse est que du matériel plus puissant aurait été utilisé pour R1, ce qui a amené à spéculer que DeepSeek aurait à sa disposition des GPU restreints, tels qu’Hopper H100 et H800.
Ainsi, une enquête a été ouverte aux USA par le gouvernement et le FBI pour déterminer si Singapour aurait été utilisée comme intermédiaire dans le contournement des sanctions. Il faut dire que la part du petit état dans le chiffre d’affaires de NVIDIA est passée de 9 % fin 2022 à 22 % fin 2024. Une croissance curieuse qui coïncide aussi avec l’entrée en vigueur des premières restrictions significatives sur l’IA. Toutefois, selon NVIDIA, ce n’est pas la bonne piste : 

Les recettes associées à Singapour n’indiquent pas un détournement vers la Chine. Nos documents publics font état des lieux de facturation et non des lieux d’expédition de nos clients. Beaucoup de nos clients ont des entités commerciales à Singapour et utilisent ces entités pour les produits destinés aux États-Unis et à l’Occident. Nous insistons pour que nos partenaires respectent toutes les lois applicables et, si nous recevons des informations contraires, nous agissons en conséquence".

En tout cas, c’est un sujet qui a assurément été abordé l’autre jour lors de la réunion entre Trump et le PDG de NVIDIA Jensen Huang à la Maison-Blanche. Officiellement, le détail de ces palabres n’a pas été rendu public. Un autre point qui aurait été discuté est le durcissement des sanctions en réaction à DeepSeek. Comme vous le savez déjà, les entreprises chinoises sont aujourd’hui - en principe - très limitées dans le matériel infusé de technologies américaines qu’elles peuvent se procurer. Mais depuis l’entrée en vigueur des premières sanctions en 2022, NVIDIA, l’une des premières concernées dans cette affaire, a jusqu’à présent toujours réussi à trouver la parade pour continuer à vendre des puces en Chine. Par exemple, lorsque les ventes de H100 ont été restreintes en 2022, NVIDIA a élaboré la variante moins puissante H800. Ensuite, quand le H800 fut à son tour interdit d’exportation vers la Chine, NVIDIA avait introduit le H20.
Bref, un vrai jeu du chat et de la souris consistant à positionner systématiquement et très rapidement de nouvelles solutions tout juste sous la barre des limites de densités de performance et de puissance de calcul définies par la règle 3A090.a, mais qui ne sont pas pour autant réellement moins puissantes dans tous les cas de figure. En effet, dans certaines situations, un H20 arrive à se montrer plus rapide qu’un H100... 

Tableau Gpu Soumis Exportation 3a090 A Semianalysis

Tableau concocté en 2023 par Semianalysis. On pourrait aujourd'hui y ajouter la RTX 5090 avec son TPP de 6704 et la version RTX 5090D compatible 3A090 avec un TPP de 4750. La RTX 4090D avait un TPP de 4707. 

Ainsi, l’idée officieuse qui circule maintenant est de modifier les règles d’exportations pour que le H20 de NVIDIA et toute solution de densité de performance et de puissance équivalentes soient également interdite d’accès aux entreprises chinoises. En pratique, cette idée n’est pas nouvelle, c’est une carte que le gouvernement précédent avait déjà en main, mais n’a pas eu le temps de jouer. L’arrivée de DeepSeek sous le feu des projecteurs pourrait désormais accélérer et définitivement motiver un nouveau durcissement des sanctions, en plus des nouvelles mesures strictes et inédites introduites mi-janvier.
NVIDIA s’est dite prête à collaborer avec le gouvernement dans son "approche propre à l’IA", de toute façon, ce n’est pas comme si l’entreprise avait le choix. En revanche, elle aura toujours l’option d’élaborer une énième évasion rapide et furtive des restrictions avec une solution bridée pour le marché chinois. Il y a d’ailleurs de très forte chance que celle-ci fut anticipée et soit déjà prête depuis un moment. Mais jusqu’à quand ce p’tit jeu pourra-t-il continuer ? Avec la nomination de Howard Lutnick par Trump pour le poste à la tête du ministère du Commerce, qui estime que la Chine doit concurrencer les USA loyalement sans matériel américain et a promis d’adopter une position ferme sur l’application des limites de ventes de puces, personne n’est encore sorti de l’auberge ! (Source : Reuters, Tom's, Bloomberg)

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Matt


  • Mais pour ne pas non plus tuer les entreprises innovantes, il faudra probablement que le gouvernement américain donne des débouchées à ses entreprise de l’IA. C’est bien beau de mettre des restrictions par pays, mais ça entrave aussi les entreprises américaines concernées, leur CA, leur bénéfice, leur budget R&D, etc...

    Trump va devoir trouver un moyen de ne pas taper sur les entreprises de son pays en même temps que de taper la Chine elle-même..

    Bon courage Trumpette.

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