Le Raspberry Pi a été un tel succès qu’il est désormais quasi inutile de le présenter. Depuis la première version en 2012, anémique au niveau de la RAM comme du CPU (256 ou 512 Mio de RAM avec un CPU à 700 MHz, on a vu largement mieux), le bousin a progressé annuellement jusqu’à arrivé au modèle actuel : le Raspberry Pi 4. Avec son quadcore A72 et ses 1 à 8 Gio de RAM, le bousin offre désormais de quoi faire tourner un sacré paquet de services, voire une interface graphique digne de ce nom ; bien que l’accélération 3D laisse encore à désirer… tout comme le prix, car — pandémie obligeant — la framboise se négociant davantage dans les 60 € dans sa version de base à 2 Gio, en lieu et place des 35 $ annoncés par la fondation.
Cependant, après 3 ans de bons et loyaux services, le Pi 4 doit laisser sa place à la nouvelle version portant le numéro… cinq, quelle surprise ! Au menu des changements, le processeur passe à un Cortex-A76 toujours en quad-core moulinant à 2,4 GHz, annoncé comme deux fois plus performant. Plus précisément, c’est un SoC BCM2712 (14 nm) de chez Broadcom qui se retrouve au cœur de la carte, apportant au passage 512 Kio de L2 privé par cœur et 2 mégot de L3 partagés. Rajoutez un iGPU VideoCore III (développé dans le centre d’ingénierie de la fondation, à Cambridge) dont les pilotes open source sont directement intégrés dans le projet Mesa, compatible OpenGL ES 3.1, Vulkan 1.2 et capable de contrôler deux écrans 4K 60 Hz. Rajoutez 4 ou 8 Gio de RAM en LPDDR4X @ 4267 MTr/s, et voilà une sérieuse mise à jour pour qui cherche un serveur léger capable d’héberger un service de synchronisation de fichier ou.... la version de développement d’Hardware & Co (au hasard !).
Mais ce n’est pas tout : le Rasperry Pi 5 se vend également comme possédant des chiplets. Rien à voir ici avec les chiplets à la AMD, qui décomposent le CPU en plusieurs dies, mais davantage d’un contrôleur déporté centralisant diverses fonctions. De ce fait le SoC central n’offre qu’une connexion extérieure en HDMI et PCIe (et carte SD, mais pour des raisons de design du PCB), et c’est à la puce RP1 d’agir en bon southbridge et de relier au bousin central les 2 USB 2.0, les 2 USB 3.0, le contrôleur Ethernet Gigabit, les deux transciever MIPI (caméra/affichage), l’entrée vidéo analogique ainsi que le GPIO. Gravé en 40LP de chez TSMC (40 nm, quoi !) et interfacé en PCIe 2.0 x4, le contrôleur permet de réduire les coûts en utilisant une lithographie bon marché pour les fonctionnalités non critiques : voilà qui justifie l’appellation de chiplets.
L’étage d’alimentation n’est pas en reste et repose désormais sur un Renesas DA9091 nommé Gilmour, qui décompose les 5 V/5 A d’alimentation (compatible 3.5 A en réduisant la puissance maximale fournie en USB) en 8 tensions différentes afin d’alimenter correctement tous les microcomposants de la carte. Pour le WiFi et la dent bleue (ac et 5 respectivement), c’est vers l’Infineon CYW43455 que la fondation s’est tournée, et au BCM54213 pour l’Ethernet. Quant au facteur de forme, celui-ci évolue très légèrement : la jack audio et le header de vidéo composite disparaissent (ce dernier est remplacé par deux pads de 0,1 » coincés dans le bord inférieur de la carte) au profit de deux connecteurs FPC. Enfin, un dernier connecteur FPC, plus petit, offre un connexion PCIe 2.0 x1 si jamais vous voulez bricoler un montage à base de GPU ou tout autre périphérique gobeur de bande passante, et quelques autres connecteurs bienvenus font leur apparition : batterie RTC, Arm debug, UART, ventilateur PWM… et un bouton power !
Au niveau de prix, le nouveau venu se paye une envolée avec un ticket d’entrée à 60 $ HT pour la version à 4 Gio de RAM, et 80 $ HT pour celle à 8 Gio. Une envolée somme toute contenue puisque ce prix était finalement déjà celui pratiqué par les revendeurs sur le Pi 4 2 Gio, et s’aligne peu ou prou sur le tarif actuel des versions 4 et 8 Gio. Et, au besoin, les modèles précédents restent supportés par la firme et abondamment disponibles dans le commerce. Notez également l’apparition d’un « ventirad » actif à 5 $, utilisant des trous prévus à cet effet directement sur la carte, ainsi qu’un adaptateur pour SSD en M2 (encore en développement). Avis aux bricoleurs ? (Source : Raspberry Pi Foundation)