Le disque dur NVMe, donc adossé à une interface PCIe plutôt que SATA ou SAS, est un concept en gestation depuis quelques années. Seagate avait commencé à en parler concrètement en 2021, simultanément à l'ajout du support du disque dur au protocole NVMe 2.0, ce qui a ensuite permis au fabricant d'avancer avec la phase de prototypage. Les visuels d'un exemplaire d'Exos NVMe avaient notamment été capturés sur la toile en 2022. De toute évidence, le travail a bien avancé, en particulier chez Seagate qui mène la charge, mais les autres aussi s'y sont attelés. Au GTC 2025, salon organisé par NVIDIA, Seagate a pu vanter les mérites de ce support pour l'IA, avec la démonstration d'un système "proof-of-concept" constitué de 8 disques durs NVMe, 4 SSD NVMe (pour le caching), un DPU BluField 3 de NVIDIA et du logiciel AIStore, le tout dans un boitier de la maison.
L'essai a permis de confirmer qu'un disque dur NVMe est parfaitement apte à équiper une machine à hautes performances pour l'IA, un type d'environnement nécessitant un accès haut débit et des latences préférablement le plus faible possible. Or, les complexités des interfaces dépassées et vieillissantes SAS et SATA, et les évolutions des besoins dans les centres de données font que ces interfaces ne sont plus du tout adaptées. En revanche, le passage au NVMe associé au PCIe permet de bénéficier d'une bande passante plus élevée, une latence plus faible et une bien meilleure évolutivité, tout en réduisant la complexité du système. Le NVMe autorise également l'accès direct GPU-to-storage et donc de contourner le goulot d'étranglement qu'est le CPU, sans oublier la prise en charge de 64 000 files d'attente pouvant traiter jusqu'à 64 000 commandes simultanément chacune. Bref, autant de choses très importantes pour les systèmes IA. Seagate affirme que son système peut techniquement atteindre des niveaux de stockage de l'ordre de l'exabyte grâce à la technologie NVMe-over-Fabric. Autrement dit, le système se prêterait très bien à un déploiement à très grande échelle.
Avec le disque dur NVMe, Seagate ambitionne de proposer une plateforme unifiée, bien plus efficace, beaucoup moins complexe et plus performante qu'un système avec des disques durs SAS/SATA, et financièrement plus viable que le SSD pour du stockage à long terme à grande échelle. Un ensemble qui serait indispensable pour les besoins de demain en matière de stockage pour l'IA. À noter que ce passage au NVMe n'implique pas de grande transformation pour le disque dur lui-même, puisqu'il conserve les connecteurs physiques SAS/SATA et son format 3,5". Les différences sont l'ajout du support du protocole NVMe, d'une interface PCIe au contrôleur et la mise en œuvre d'un logiciel adapté compatible avec toutes les fonctionnalités du NVMe, entre autres. Ainsi, c'est une transition qui ne devrait pas avoir d'impact notable sur le prix du disque dur.
Malgré ces avancées, il n'a toujours été pas dit quand le disque NVMe pourrait être adopté et mis en œuvre dans les centres de données. Le problème, c'est que Seagate est pour l'instant le seul à l'avoir introduit. Il est plus probable que le disque dur NVMe prendra son envol quand les autres auront également présenté leurs solutions. Quoi qu'il en soit, il est bien parti pour se matérialiser. Et qui sait, dès lors que l'interface SAS et SATA auront été boutées hors des data centers, peut-être que le mainstream aussi suivra le mouvement ? (Source : Tom's, Seagate)
