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Le sachiez-vous : un processeur haute performance est conçu en France en ce moment-même. Cependant, tous les indicateurs ne sont pas au vert...

Étiez-vous au courant que la France était dans un projet de conception de processeurs européen ? En effet, ST Microelectronic est un fondeur franco-italien et… ah, non, il n’a rien à voir avec l’affaire (pas plus que Karlay et son MPPA, issu d’anciens de la firme précédemment citée). De qui qu’on parle, alors ? SiPearl ? Il est clair que le nom n’a pas souvent fait la une des titres, si ce n’est lors de ses levés de fonds surfant sur l’European Processor Initiative — un volonté de l’EU d’obtenir un semblant de souveraineté sur le domaine des semi-conducteurs haute-performance, nous étions alors en 2020.

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Crédit image : SiPearl, qui avait beaucoup de budget dans son département com »

Or, ce n’est pas un secret, concevoir une puce prend du temps, qu’il s’agisse de la partie matérielle ou le coût (trop souvent négligé par les start-ups) du support logiciel qui l’accompagne. Et, bien que la première puce Rhea de la firme s’appuie sur des designs connus — du Neoverse V1 de chez Arm, boosté aux unités vectorielles SVE 256-bits (même taille que l’AVX sur x86) —, en tasser 80 sur un die n’est pas une mince affaire, surtout quand le SoC doit également se charger d’interface 4 canaux de DDR5 et 104 lignes PCIe 5.0 au moyen d’un interconnect ici aussi déniché chez Arm : le Neoverse CMN-700. Ainsi, la puce prévue initialement pour 2023 sera gravée pour la première fois (tape-out) en 2024, pour une première sortie en 2025.

Et c’est bien là que le bât risque de blesser. Certes, Rhea a gagné 8 cœurs durant ce laps de temps (72 étaient prévus initialement), mais cela aura du mal à concurrencer des modèles tout aussi récents comme les Graviton 4 de chez Amazon (96 coeurs Neoverse... V2 !), ou les bouzins encore mieux pourvus en cœurs de chez Ampere Computing. Cela se confirme au vu des technologies employées : non seulement le Neoverse V3 est désormais officiel depuis février dernier, mais la HBM3E l’est également (Rhea faisant usage de la HBM2E), et ce n’est pas la gravure en N6 de chez TSMC, un dérivé du 7 nm, là où le N3 (classe 3 nm) devrait également débarquer prochainement. Bref, sur le papier, le processeur européen semble en bien mauvaise posture… Reste que l’initiative ne comprenait pas que le processeur, mais tout un écosystème logiciel (support C/C++, Go, Rust [en espérant qu’il s’agisse bien d’optimisation à la compilation ou de bibliothèque dédiée pour assister la programmation dans ces langages, et non une simple compatibilité en utilisant les outils existants…] ainsi que les frameworks de machine learning TensorFlow and PyTorch). Reste également la question du tarif, le choix du N6 n’étant probablement pas étranger à l’affaire — la HBM obligeant un packaging en 2.5D plus coûteux que celui des habituels CPU x86 grand public. De plus, Rhea ne sera qu’une première génération permettant de jeter les bases pour toute une série de puces, qui devraient alors éviter les pots cassés d’un premier coup manquant d’expérience. Rendez-vous l’an prochain pour les premiers benchmarks ? (Source : Tom’s Hardware)

Double Doc


      • Bah oui, allons fondre en Afrique ou y'a pas un ingénieur dans le domaine, pas la trace d'une chaine de sous traitance, pas d'institutions financières décentes, peu d'endroits ou les infrastructures permettraient une telle chose et aucun marché. Super idée ! C'est incroyablement plus dure d'aller sous traiter en Afrique que de le faire en Europe, et les couts pour le faire ici alors qu'on a des entreprises de classe mondiale déjà présentes et des clients sont déjà considérés absolument hors de porté pour l'Europe. L'Asie et les USA sont les seuls capables de digérer la commande. Pour avoir ça sur place il faut renforcer les locaux et surtout avoir de la consommation, ça attirera les étrangers et ensuite on aura un écosystème permettant à des entreprises de commencer.

        Et c'est absolument pas un truc "élitiste" qui est visé, c'est l'inverse. Justement sur des processeurs serveurs on a déjà des clients (les états) et des performances un peu en de-ça du marché sont pardonnable, surtout si la conso électrique rattrape le tout. Faire du CPU grands publiques c'est absolument impossible en l'état, Huawei et Samsung se cassent les dents dessus depuis des années alors qu'ils ont déjà des clients énormes (eux même). Nous on a pas une seule entreprise capable de commander ça, même si l'état voulait financer les commandes.

        Bref y'a pas une information juste dans le commentaire. Y'a que 3 ou 4 pays dans le monde qui produisent sur leur sol des CPUS haute performance. On a la chance d'avoir quand même des entreprises capable de fournir des processeurs moins HDG, donc un écosystème. Thierry Breton avait estimé le cout de "créer un intel européens" et c'était tout simplement hallucinant, impossible. La seule chose à faire c'est augmenter la filière pour pouvoir espérer capter une partie du marché, être éventuellement prêt à prendre la marche en cas de rupture technologique, sur la techno du processeur (quantique, photonique, etc) ou, plus accessible, sur la conception. Le prochain "ARM" du RISCV (je sais, c'est libre, mais faudra du support, de l'évolution, ça embarquera aussi des composants proprio, etc) pourrait tout à fait être constitué par "des anciens de intel recherche et de si pearl, des Français". C'est ce qu'il se passe en IA ou Hugging Face et Mistral AI sont issues de la filière IA Française. Si elle existait pas ces boites qui vont faire de l'argent ne seraient pas ici. Attirer les étrangers, parce que un Intel en Allemagne ça peut signifier une usine de montage Samsung en France, une filière terre rare, etc. Et sécuriser les importations au maximum d'ici là. Aujourd'hui même avec des Mds de financement Intel et ARM veulent pas s'installer ici à cause du manque de demande locale.

        Bref SiPearl c'est LA perle, LA bonne idée. Probablement l'un des plus beau fruit issue des financements européens de ces dernières années. Et ça a même pas couter quelques centaines de millions d'argent publique. Critiquer ça c'est profondément ne rien comprendre à l'économie. et à la tech.

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